Mes cheveux sont plus beaux que moi, part 4

Par Flannie • 28 sept, 2010 • Catégorie: L'insoutenable légèreté du cheveu, Ma minute Bridget

Relire l’épisode 1

Relire l’épisode 2

Relire l’épisode 3

Bon, je suis sympa. Aujourd’hui, je vais mettre fin au suspens insoutenable qui régnait sur ce blog depuis maintenant deux semaines.

Vous voulez savoir ce qu’il s’est passé entre le beau prince charmant et moi ?

Et bien, rien.

Il est parti aussi sec, a dévalé les marches et retrouvé ses copains. S’il ne m’a rien dit, à ses copains, par contre, il a parlé et les quelques marches qui nous séparaient ne les ont pas empêché de rire pour autant.

- Alors ? a dû lui demander le plus grand des trois.

….

(Je n’ai malheureusement pas entendu ce qu’il a répondu à cet instant. Toujours est-il que les autres ont ri et que le petit trapu s’est même retourné pour me dévisager d’un air narquois.)

- Ouais, t’as raison. Les cheveux ok mais la gueule non.

Comment dire ?

Dans ma tête, j’ai vu se déchirer en mille morceaux les bans de notre futur mariage, ma robe de princesse, mon bouquet… et surtout mon ego.

J’avais beau savoir que je n’étais pas d’une beauté époustouflante, je n’en étais pas moins un être sensible bourré de complexes qu’il valait mieux ne pas réveiller.

Trop tard. Ce crétin sans cœur avait remis la machine à complexes en route.

Les quelques semaines qui ont suivi ont été atroces. Je rasais les murs du lycée et ne parlais plus à personne à la maison. Quant à mes « amies » (exceptée la jeune fille qui me pinçait chaque fois que son cœur se retournait), elles me regardaient avec un air qui disait « ma pauvre, mais à quoi t’attendais-tu, enfin ? » Je détestais le lycée et ces amies qui n’en étaient pas, qui m’avaient monté le bourrichon sur la féminité, la beauté, les garçons et m’ont fait passer à côté de beaucoup de joies simples, finalement. Et puis, je détestais mes cheveux. Comment pouvaient-ils être plus beaux que moi, d’abord ? Je voulais juste passer inaperçue. Je détestais mes cheveux.

Je n’avais pas assez d’argent de poche pour faire de la chirurgie et tenter d’avoir un visage à la hauteur de la chevelure. Par contre, je pouvais sans frais mettre mes cheveux à la hauteur de ma face. Je n’avais qu’à les…. Ra-ser !

C’était sans compter l’intervention de mes parents qui m’interdirent formellement, sous la menace de punitions sévères, de me raser la tête. A la place, je les ai donc simplement coupés, toute seule, comme une grande. J’avais la boule en pétard mais ce n’était pas trop mal. Ca me donnait « un genre », un air rebelle… le style parfait pour une adolescente « énervée de la life et tout et tout »

(Il faut dire que les cheveux frisés offrent un certain avantage à la coupe. Même quand on se rate un peu, ça se ne voit pas au milieu des bouclettes).

Avec ma coupe, je me suis mise à m’habiller comme un petit mec et porter des couleurs sombres. Je ne me trouvais pas belle mais je ne rasais plus les murs. C’était au moins cela.

Quand le pétard s’est transformé en afro, j’ai couru chez une amie, coiffeuse de formation, en la suppliant de raplatir le monstre qui poussait sur mon crâne. Elle y passa une après-midi entière et fuma la moitié d’un paquet de cigarettes. Aucun résultat. Elle ne comprenait pas pourquoi. Les paumes de ses mains étaient rouges et ses nerfs à fleur de peau.

« - P’tain, j’arrive pas avec tes cheveux ! C’est quoi que t’as sur la tête ? Non, mais merde ! J’arrive à défriser des femmes noires toute la journée au salon et toi, pas moyen ! On dirait des *** bip de *** bip ! »

Le genre de réflexion charmante qui aide à se sentir bien dans sa peau, n’est-ce pas ? ;-) (Pour sa défense, je précise qu’elle venait de rompre et de s’épuiser à me défriser pendant plusieurs heures.) Quand je suis rentrée chez moi, mes parents n’ont même pas cru que j’étais allée me faire coiffer vu qu’il n’y avait aucun changement. Ils m’ont donc passé un savon.

Plus tard, j’ai renouvelé l’expérience chez JLD. J’ai donné tout mon Noël (soit 300 Frs je crois) pour une crème révolutionnaire qui ne m’a défrisée que… 3h. Là aussi, mes parents ont cru que je m’étais fichue d’eux.

Rien n’y faisait. Mes cheveux voulaient rester frisés.

J’ai alors misé sur divers accessoires et couvre-chefs qui m’ont permis de passer la période afro avec un minimum de dégâts visibles : foulards, bérets, casquettes gavroche… Tout était bon pour cacher ces cheveux que je ne pouvais voir.

Quand l’été est arrivé et que les couvre-chefs me tenaient trop chaud à la tête, j’ai misé sur une nouvelle arme sensée réorienter les regards qui s’attardaient trop sur ma chevelure disgracieuse. Il s’agissait de mon décolleté.

C’était une toute nouvelle arme qui n’était pas encore source de complexes pour moi car je ne l’avais pas encore beaucoup montrée ;-) . J’y suis allée avec le culot de l’innocence et, quand j’y repense, je me dis que jamais je n’oserais à nouveau porter de tels décolletés. Grâce aux nouveaux soutiens-gorges sur le marché, je me mis à donner à mes seins le volume que j,e refusais à mes cheveux. Je connaissais encore assez peu les hommes et leurs réactions et() j’ai vite regretté l’époque où les hommes voyaient autre chose que mes seins. Quelle bande d’obsédés, ces bons hommes !

J’ai remis les seins au placard dans l’espoir que la gente masculine s’intéresserait à nouveau à ma tête, du moins, à ce qu’il y avait dedans. Comme beaucoup d’ados, je ne savais pas ce que je voulais. Je voulais qu’on me regarde. Je voulais qu’on ne me regarde pas. Je voulais qu’on me regarde comme ci et pas comme ça, pour ceci et pas pour cela.

Quelques années plus tard, j’ai retrouvé l’équilibre avec un charmant gentleman, Lord Brett Paclair. Le premier qui a su regarder le corps, les cheveux, la tête et ce qu’il y avait dedans en aimant tout à la fois. Le bonheur, quoi !

Mes cheveux, attendris, se sont laissés repousser.

J’avais 20 ans. Nous étions à l’aube d’une ère nouvelle. La femme chevelue et bourrée de complexes que j’étais aller enfin s’épanouir.

C’était bien sûr sans compter un nouvel épisode dans lequel mes cheveux allaient à nouveau jouer les trouble-fête…

(Si quelqu’un trouve, là, franchement, je lui paie le coiffeur !)

Crédits Photo:
« A facelift for your hair »
Product : Hairdresser salon
Agency : Saatchi&Saatchi Romania
Country : Romania
Photographer: Johan Tholson
Typographer: Roger Kennedy
Executive Creative Director: Nick Hine
Art Director: Lena Ohlsson/Sarah Sturgess/Roger Kennedy
Copywriter: Lena Ohlsson/Sarah Sturgess/Theadora Szabo
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
Marqué comme: , , , , , , , ,

Flannie :
Email à cet auteur | Tous les Articles par Flannie

5 Réponses »

  1. ”

    Quel suspens insoutenable ! je n’arriverais jamais à tenir jusqu’à lundi prochain, tu es dure Flannie ;-)

  2. je n’ai presque plus d’ongles à me manger pour le suspens de connaitre la suite.
    c’est pas gentil! ;-)

  3. la suite! la suite!
    (et je me permet aussi d’ajouter que j’aurais adoré avoir une touffasse frisée)

  4. Pas si tu avais passé 30mns à te démêler comme moi hier soir. ;-) J’avais les bras en compote après la bataille. J’en ai marre de mes cheveux !!!!!!!!!

    (la suite, comme d’hab, dans 2 semaines avec les 2 derniers épisodes de « la vie de mes cheveux »)

    Après, j’espère que vous nous raconterez aussi les exploits des vôtres, mesdames.

  5. [...] Relire l’épisode 4 [...]

Laisser un Commentaire