Les coups de coeur de l’escarpin: de l’amour et du désir…
Par Flannie • 12 mai, 2009 • Catégorie: A la une, Book Club •Je viens de lire l’un après l’autre « la mécanique du cœur » de Mathias Malzieu et « Un vendredi soir chez les Becker » d’Alain Teulié. A première vue, ces histoires n’avaient rien en commun et pourtant…
Dans le premier, on échange des cœurs avec des horloges tout en interdisant d’aimer. Dans le second, on échange les partenaires sexuels pour mieux s’aimer. Chez Malzieu, l’oiseau de l’amour cause bien des misères au héros de l’histoire tandis que chez Teulié, l’oiseau du désir en dit long sur les véritables rapports amoureux qui unissent les personnages.
Je ne saurais vous dire lequel de ces deux livres j’ai préféré. Impossible. Je les ai dévorés tous les deux avec la même avidité, la même peur au ventre pour les personnages. Vont-ils se perdre dans les abîmes de la passion ? Lesquels s’en sortiront indemnes ?
Bien sûr, je ne vais rien vous révéler. Il faudra que vous aussi vous les lisiez pour en découvrir les dénouements.
Ce qu’en disent les 4e de couverture :
La mécanique du cœur : « Edimbourg, 1874 : le jour le plus froid du monde. Lorsque Jack naît, son cœur gelé se brise immédiatement. La sage-femme le remplace par une horloge et le sauve. Depuis lors, il doit prendre soin d’en remonter chaque matin le mécanisme. Mais gare aux passions ! Le regarde de braise d’une chanteuse andalouse va mettre le cœur de Jack à rude épreuve…
Un conte initiatique cruel et merveilleux. »
Mon avis : La mécanique de Malzieu, c’est un petit mélange de Tim Burton et de Jean-Pierre Jeunet avec un soupçon de Boris Vian et une bonne dose de génie caractéristique du chanteur de Dionysos. Dans ce livre, on boit de l’alcool de larmes, on rit avec des rires d’enfants à moustaches et, comme les enfants peuvent être très cruels, on se crispe parfois d’horreur.
A ne manquer sous aucun prétexte !
En voici un extrait :
Ci-vit l’étrange Docteur Madeleine, sage-femme dit folle par les habitants de la ville, plutôt jolie pour une vieille dame. L’étincelle dans son regard est intacte, mais elle a comme un faux contact dans le sourire… »
« Cela se passe dans une vieille maison posée en équilibre au sommet de la plus haute colline d’Edimbourg - Arthur’s Seat -, un volcan serti de quartz bleu au sommet duquel reposerait la dépouille de ce bon vieux roi Arthur. Le toit de la maison, très pointu, est incroyablement élevé. La cheminée, en forme de couteau de boucher, pointe vers les étoiles. La lune y aiguise ses croissants. Il n’y a personne ici, que des arbres.
A l’intérieur, tout est fait de bois, comme si la maison avait été sculptée dans un énorme sapin. On croirait presque entrer dans une cabane : poutres apparentes rugueuses à souhait, petites fenêtres récupérées au cimetière des trains, table basse bricolée à même une souche. D’innombrables coussins de laine remplis de feuilles mortes tricotent une atmosphère de nid. Nombre d’accouchements clandestins s’opèrent dans cette maison.
Chez Teulié, au contraire, on ne boit pas d’alcool de larmes mais du whisky écossais et quelque autre jus que certains nommeront le jus du plaisir, le coucou de l’horloge est remplacé par l’oiseau du désir et celui de la désillusion. Ce n’est qu’un vendredi soir sur la terre mais quel vendredi soir !
Vendredi soir chez les Becker : « Pierre et Julia ont la quarantaine et sont enseignants. Tom et Sarah ont la trentaine et monnayent leurs charmes. Les premiers vivent à Paris, les seconds en banlieue, et seul le sexe pouvait les réunir. C’est le récit d’une soirée particulière, mais surtout un portrait grinçant des couples d’aujourd’hui, qu’ils soient des intellectuels urbains ou des exclus des cités. Mariage, désirs, argent, fidélité, réussite : ils essaient de voir clair dans tout cela sans y parvenir.
Avec humour et ironie, l’auteur évoque les fantasmes et les ambitions d’une génération déçue qui ne sait plus quels sont ses rêves, et comment les réaliser. Pour Pierre, Julia, Tom et Sarah, rien ne sera jamais plus comme avant. Quelques heures auront suffi à bouleverser leurs vies. »
Mon avis : j’ai joué à la « voyeuse » de cœurs lors d’une soirée échangiste dans un livre puissant, passionnant duquel je n’ai pu m’arracher tant j’étais hypnotisée par les personnages. Teulié a l’art de nous décrire l’âme avec beaucoup de pudeur, ce qu’on ne pourrait supposer en s’attendant à un livre parlant de sexe et d’interdits. Les personnages sont remarquablement taillés dans le roc de la vie, les décors d’un réalisme tel qu’on a l’impression d’avoir passés quelques heures chez les uns et les autres, les regardant discrètement se perdre pour peut-être mieux se retrouver…
Un petit extrait pour la fin :
« Le couloir était tapissé de photos encadrées. C’est toujours ce qu’on fait quand on veut montrer aux invités qu’on a une vie de rêve, et de très beaux amis. Comme sur MySpace, Facebook, ou Hi5.
On y voyait Julia en maillot de bain, sur une plage grecque, et sur un voilier loué - ils rêvaient de s’en offrir un. Et tous les deux à Prague, lors d’un « Week-end Mozart », et à Rome, Piazza Navone, et sur l’île de Ré, sur l’île de Houat, sur l’île d’Aix, sur l’île de Groix. Faire les îles était très chic.
Bref, on les voyait un peu partout, souriant à l’appareil que tenait un quidam local, auquel ils avaient demandé d’immortaliser leu séjour. Les voyages sont les dernières illusions. Mêmes devenus faciles, ils gardent le parfum des anciens déplacements. Peu importe que les circuits soient gérés par une agence de tourisme et par un banquier.
Les aventuriers du XXIe siècle pourfendent les marchands de pacotilles, explorent les minibars, visitent des pyramides creuses, font de la plongée dans des mers sans risques. Ils grossissent devant les buffets copieux des clubs privés, puis vont maigrir dans des clubs de gym onéreux gainés de collants fluorescents. »
Flannie : Fan de Shirley Bassey et de James Bond , grande amatrice de Carling Premier passée à la verveine bio, Flannie devient journaliste et super-héroïne vers l’âge de 8 ans. Refusant de s’enfermer dans un carcan professionnel, elle apprend à parler aux animaux et entame une brève carrière de rock-star en même temps. Rien ne fait peur à cette amazone touche-à-tout qui vit à cent à l’heure… jusqu’au jour où la vie la rattrape quelque part entre Londres et Birmingham et qu’elle se rend compte qu’à défaut d’être une grande aventurière, elle n’est pas mauvaise conteuse. Dès lors, elle n’a plus qu’un rêve : écrire et vivre d’écrire.
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La mécanique des coeur, j’avais failli l’acheter , ça avait l’air très sympa comme lecture
Vraiment excellente, en effet ! Elle se laisse dévorer en deux jours (ou alors on s’arrête à chaque joli jeu de mots pour mieux le savourer
)
J´adore Flannie,
J´aimerai bien le lire. Mais c´est difficile de trouver des oeuvres en francais ici en Argentine, surtout des nouveaux romans. Je fais la commande à la Fnac, mais je dois choisir un groupe des livres car les frais de livraison sont très chers (la dernière fois les frais étaient le même que le prix de l´ensemble de 3 livres). Comme elle est lointaine l´Argentine. Alors, je prends note de vos recommandations pour faire la prochain commande.
A plus!
Elisa.-.
Je te réponds par mail si tu veux.
Je découvre ton blog et j’adore !
Hop, dans mon reader ! :))
Quant à la mécanique du cœur, le livre est dans ma PAL … il n’attend plus que je l’ouvre.
Merci de passer par ici, Leiloona !
Juste un conseil avant d’ouvrir la mécanique du coeur: savoure le lentement car j’ai loupé quelques belles expressions au début dans le tram et j’ai dû retourner en arrière pour en goûter toute la musique
Tu me diras ce que tu penses ?
Je n’ai lu que le premier et ai adoré. L’imagination s’envole !
Le second est très différent dans le style mais il vaut le détour. merci de ta visite, Lili !