Enfin, le mois de mai est arrivé ! Le soleil est presque là, les ponts pleuvent. Je me suis dit qu’une petite sélection de livres pour l’occasion s’imposait juste avant l’Ascension:

En voici pour l’instant trois délicieux :

Le premier, rafraîchissant et vivifiant, raconte les aventures des Jean-Quelque-Chose, une famille de 6 frères tous prénommés Jean… quelque-chose.

Jean-A : dix ans, surnommé Jean-Ai-Marre à cause de son fichu caractère. Veut toujours être le chef.

Jean-B : huit ans. C’est l’auteur. Nom de code : Jean-Bon, parce qu’il adore manger et qu’il est un peu enrobé au niveau des cuisses.

Jean-C : alias jean-C-Rien, six ans, le distrait de la famille.

Jean-D : quatre ans, aussi appelé Jean-Dégâts. Allez savoir pourquoi.

Jean-E : deux ans, le petit dernier. Pas de surnom encore, il est trop petit, sauf Jean-E-plein les couches, proposé par Jean-A.

Ensuite viendra s’ajouter le petit Jean-F, quelques poissons rouges, papy Jean… et bien d’autres personnages aussi hilarants qu’attachants.

L’auteur, Jean-Philippe Arrou-Vignod, nous livre ici sa propre vie dans quatre délicieuses histoires aussi légères que des gougères et amusantes comme des crottes de nez au chocolat (ne me dîtes pas que vous n’avez jamais tenté… ?) : « l’omelette au sucre », « le camembert volant », « la soupe de poissons rouges » et « des vacances en chocolat ». Un tel régal que le Dr Pepper a failli me l’arracher des mains tant je me bidonnais le soir dans notre lit. Et puis, il l’a lu à son tour et on s’est dit, en se regardant comme deux adolescents attardés « Tu crois que 6 Pepper…. ? Non, laisse tomber ! »

Néanmoins, ça donnerait presque envie.

Voici un petit extrait :

« Ce qui est bien à Toulon, c’est la plage.

A Cherbourg, il y a aussi des plages, mais pas les mêmes. L’eau y est tellement froide qu’on a sans arrêt peur d’être frôlés par du cabillaud surgelé. En plus, dans la Manche, il y a la marée : quand on sort de l’eau, tout bleus et grelottants, il faut remonter des kilomètres de plage avant de retrouver la serviette qu’on a laissée au sec.

Papa est médecin de marine. Il a un uniforme et une casquette d’officier qu’il met quelquefois pour les cérémonies. Dans sa chambre, sur une photo en noir et blanc, on le voit en habit de scaphandrier, comme dans Le Trésor de Rackham le Rouge. C’était avant qu’il ait six garçons, et quelquefois je crois qu’il préférerait être sur un navire de guerre, à soigner des marins qui perdent leurs dents à cause du scorbut, qu’accompagner toute la famille à la plage.

La première fois, c’était un dimanche. Il faisait un temps magnifique. On prenait le petit déjeuner dans le jardin quand papa a dit :

- J’ai une idée épatante. Et si on allait pique-niquer à la plage ?

- Super ! On a tous crié en chœur.

- Rien ne vaut une belle journée de détente au soleil, a ajouté papa. Je sens qu’on va bien s’amuser.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais quand on a tous été prêts, papa n’a plus eu l’air de trouver son idée si épatante.

- Qu’est-ce que c’est que tout ça ? il s’est étranglé en découvrant ce qu’on chargeait dans le coffre de la voiture.

- Le strict minimum, chéri, a répondu maman.

En plus de la glacière du pique-nique, des couches de Jean-F., de la crème solaire, des serviettes, des slips et maillots de rechange, des rabanes et du parasol, il y avait : trois paires de palmes, des masques et des tubas dépareillés, une demi-douzaine de seaux et de pelles, l’épuisette de Jean-E., le cerf-volant de Jean-C., mon Frisbee de compétition, le ballon publicitaire de Jean-A., sa canne à pêche télescopique, les brassards de jean-D., la piscine gonflable de Jean-F., plus quelques chaises pliantes et une trousse de premier secours contre les piqûres d’oursin, les maux de ventre et les insolations…

- Bon, si tu y tiens, on se passera de cornichons dans les sandwiches, a transigé maman devant la tête que faisait papa. »

« Une famille aux petits oignons », de Jean-Philippe Arrou-Vignod

Aux éditions Gallimard Jeunesse.

Du CM1 à la 6^e mais, honnêtement, les adultes se régaleront aussi !

Note : 5/5+++

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Le second s’adresse aux plus jeunes. Dans « Le secret du potager » d’Annick Masson et Luc Foccroulle, la petite Lili passe ses vacances chez son grand-père à la campagne. Elle trouve que c’est barbant et préférerait nettement aller à la plage comme sa meilleure copine mais c’est parce qu’elle n’a pas encore rencontré les légumes du potager. Voyez-vous, ils ont tous des petits secrets à confier à ceux qui veulent bien les écouter…

Les enfants ont adoré. Moi, un tout petit peu moins dès que Quatpommes s’est mis à me dire, en plein repas : « Attends, maman, je ne comprends pas (2 ou 3 jours après la lecture du livre). Comment elle fait pour parler la citrouille si elle a déjà été mangée ? Tu es sûre que les légumes sont heureux d’être cuits dans de l’eau bouillante ? »

Comment dire… J’ai réfléchi et fais remarquer que la citrouille pouvait parler parce qu’elle avait été évidée mais qu’elle n’était pas morte. C’était très tiré par les cheveux mais, un potager qui parle, ça suscite généralement beaucoup de questions, non ?

J’aurais mis 4 /5 à cette histoire dont les mots sont un peu compliqués pour les tout-petits (comment ça, je suis tatillonne ?) si Quatpommes n’avait pas insisté pour lui mettre 5/5. Des légumes qui parlent, ça le botte ! Et il n’est pas le seul. Cela me rassure beaucoup car le Dr Pepper et moi avons vécu à la campagne quand nous étions marmots. Pour nous, les légumes, les fruits, les jardins…cela nous semble presque banal. Pourtant, nous nous sommes rendus compte que Quatpommes, en vrai petit citadin, nous demandait souvent si tel ou tel fruit « existait pour de vrai ». D’un certain côté, c’est vraiment dommage de ne pas pouvoir offrir à nos enfants l’enfance que nous mêmes avons vécu mais les temps changent et le travail dicte bien souvent nos modes de vie. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que le voyage scolaire des maternelles cette année s’effectue dans … une ferme.

A faire découvrir à tous vos petits citadins, surtout ceux qui ont du mal à avaler leur soupe ;-)

« Le secret du potager », d’Annick Masson et Luc Foccroulle

Aux très excellentes éditions Mijade.

Note : 5/5

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Le dernier de ce jour est une agréable découverte dénichée aux éditions Hélium, une toute nouvelle maison légère, légère… sauf dans le choix de ses livres jeunesse qui sont excellents. « Ma grande sœur m’a dit » de Gilberte Niamh Bourget (illustrations de Julia Wauters et musiques de Laurent Sauvagnac) est un livre adorable, un brin espiègle, dans lequel un petit frère et sa grande sœur voient la nature évoluer au fil des saisons. On y apprend que les hirondelles trissent, les mésanges zinzinulent et les pics-verts pleupeutent sur un fond musical emprunt de fantaisie et de douceur. Il paraît même que la baleine se cire le dos au début de l’été pour mieux servir de toboggan à ses petits amis de la mer mais chut… c’est un secret !

Ce livre, dont la création a été soutenue par la mairie de Nanterre, a fait l’objet d’une exposition sonore pour les petits à la médiathèque Pierre et Marie Curie et au service des enfants malades de l’hôpital de Garches.

Le livre et le CD peuvent se lire et s’écouter indépendamment l’un de l’autre. Le CD seul est parfait pour endormir des zouzous un peu trop excités, d’ailleurs ;-)

« Ma grande sœur m’a dit », de Gilberte Niamh Bourget, Julia Wauters et Laurent Sauvagnac.

Aux éditions Hélium

Note : 5/5+++