La peste attitude : perspectives littéraires
Par Ninon • 10 fév, 2009 • Catégorie: A la une, Littérature, Mode •Crédit : the CW Televison Network peste
Si comme moi vous avez lu ELLE, vous savez à quoi vous en tenir : la Peste est à la mode.
Eh oui, mesdames, il faut vous lancer dans la peste attitude. Comment ça , vous ne voulez pas? Comment ça, ça n’est pas votre truc? Mais qu’ouïs-je? Il ferait beau voir que nous nous rebellions contre la bible des femmes. Non, croyez moi, la peste attitude, c’est l’avenir.
Nécessité impérative de la peste attitude
Oui, il peut, comme à moi, sembler difficile de se tenir dans cette peste attitude. Pas facile. Mais c’est compter sans l’extraordinaire persévérance de Ninon (moi) : j’ai trouvé comment faire de notre peste attitude un modèle transcendental, qui puise ses forces vives dans le patrimoine culturel français.
Au cas où, douée d’une âme sensible, vous répugneriez à la peste attitude, ce que je comprends, vous pouvez aussi utiliser ce post pour repérer la peste, ce qui peut s’avérer très utile.
A la recherche de la peste paradigmatique
Pour être des pestes paradigmatiques, ce qui est préférable à la petite peste de bas-étage, vagissante et furieuse, tapons direct très haut, chez la reine des pestes, la championne toute catégories des vilaines, l’une de mes héroïnes préférés, car vous l’aurez compris : sous le vernis policé de Ninon couve une affreuse méchante ; bref, je vous propose de nous intéresser à Madame de Merteuil, inoubliable et incontournable héroïne des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos.
Madame de Merteuil : une peste en littérature
Ah, Madame de Merteuil. Quelle méchante. Quelle peste. Vous la détestiez, vous? Moi, pas tout à fait. J’avoue? Elle est affreuse, elle est vilaine, mais, comme le souligne avec une remarquable pertinence le journal ELLE, elle est intelligente. Oh, qu’elle est intelligente. Qu’elle est manipulatrice, et comment elle entortille son monde !
Madame de Merteuil dans ses actes
Revenons sur les faits. Madame de Merteuil et son ami, le Viconte de Valmont, sont des libertins ; mais en plus, Merteuil est une grande dissimulatrice ; elle semble une femme très bien, fréquente toutes les bonnes dames de son petit monde et reçoit des mères de familles l’après midi, alors qu’elle batifole le matin avec leurs maris ou leurs amants ou leurs fils ou les trois.
Madame de Merteuil, bien que dame très bien, n’a pas sa langue dans sa poche et ne s’en laisse pas conter (par personne ; et pas par Valmont).
Pour se venger d’un amant, elle décide de faire séduire sa jeune fiancée, Cécile de Volanges, par le terrible Valmont ; ça fonctionne très bien. Simultanément, elle pousse Cécile dans les bras du Chevalier Danceny, qu’elle séduit par ailleurs ; le tout en paraissant être la meilleure amie de Cécile, qui lui fait ses confidences, et de sa mère, qui les lui fait aussi. En fait, elle manipule toute la famille pour se venger, ainsi que pour le plaisir de manipuler les gens.
Le vicomte de Valmont est un libertin, et fomente de séduite la présidente de Tourvel, parce que c’et une femme vertueuses ; ce faisant (je ne rentre pas des les détails, qui sont innombrables, l’intrigue du roman est formidable), il tombe amoureux d’elle, ce dont madame de Merteuil se sert pour le détruire. La morale est sauve, elle sera détruite aussi.
Impossibilité de résumer le roman
Je ne me lance pas dans le résumé du roman, trop complexe, et je suggère à toute personne qui ne l’aurait pas déjà fait de le lire en urgence ; avec les Hauts de Hurlevents, c’est l’un des seuls romans dont les héros sont antipathiques, et ne sont sympathiques, finalement, que dans leur amour. Valmont a plus de charme que Heathcliff, il fait aussi moins peur. Je me demande lequel est le plus dangereux…
Où l’on tente de revenir au sujet
Bon, ces digressions nous entrainent loin de notre sujet.
Que pouvons apprendre de madame de Merteuil pour devenir une vraie peste?
D’abord, la dissimulation des sentiments ; le sentiment, c’est la faiblesse ; masquons nos sentiments réels.
La manipulation de l’autre : la peste cherche à agir sur les autres, à les rabaisser ; le champ d’action de Madame de Merteuil est plus vaste que celui de la peste du bureau, mais méfiance : avec la crise, ne faisons confiance à personne. Si vous voulez devenir une peste, vous n’hésietrez pas : tous vos actes auront pour objectif d’amener insensiblement vos sujets à faire ce que vous voulez : il est pour cela nécessaire de sourire et de paraître irréprochable.
La poursuite d’objectifs cachés : la peste a des désirs secrets ; elle est prête à tout pour parvenir à ses fins. Et vous, quel est votre objectif? Fixez vous un objectif bien précis, sans quoi vous ne aprviendrez jamais à vos fins. Là est le secret.
Le petit plus méthodologique
Les méthodes : au XVIIIème siècle, Merteuil et Valmont correspondent par lettres ; nous avons plus de chance – on n’en dira pas autant de la littérature ; pour envelopper l’adversaire, la peste moderne utilisera le SMS, les mails, le téléphone : la victime sera ainsi assiégée de message en provenance de la peste : impossible d’échapper à la manipulation.
Gniark, gniark, gniark.
Prochainement : la peste littéraire, suite : le cas d’Anastasie et de Delphine Goriot
Ninon : Etudes de lettres classiques et d'histoire achevées en 1993 ; voyages depuis 1996 ; posée à Madrid depuis juin 2008. Marketeuse, prof, vendeuse, organisatrice, traductrice.... et maintenant, blogueuse.
Email à cet auteur | Tous les Articles par Ninon


La Merteuil, elle me faisait vraiment froid dans le dos… Moi, je ne suis pas assez subtile pour être une peste.
je n’ai aucune chance dans cette catégorie !!!
Comment ça “il est nécessaire de paraître irréprochable” ?? Mais je SUIS irréprochâââble, enfin !!
Plus sérieusement, je n’ai vraiment aucune répartie, et ça, il en faut aussi pour faire la peste, ne serait-ce que dans la réception des confidences de tout le monde ! Et puis faut avoir de la mémoire aussi, oulala, sinon bonjour les gaffes !!
Ah oui, les gaffes ! Encore une raison pour laquelle je ne pourrais pas…
Ouais, la peste attitude !
En même temps, je t’avoue que je n’aurais pas pris Mme de Merteuil : il ne me semble pas qu’elle soit une peste, manipulatrice et castratrice et tout et tout, mais pas peste (que je vois plus comme une petite chose qui n’a pas grande envergure (alors que la marquise, waouw ! D’ailleurs, as-tu lu la pièce de Heinrich Heine, “Quartett”, un dialogue avec le vicomte ?) et qui fait ch…. son monde. Quelqu’un a qui tu as envie de mettre des baffes à tour de bras (non, je n’ai pas dit un élève, hihihi…).
Mais difficile de trouver un archétype littéraire d’une telle peste, je suis d’accord…