Un petit tour chez Folio Benjamin

Posted in Du côté des petites pointures by Flannie on avril 29th, 2009

Aujourd’hui, mercredi, il est temps que l’on parle des petits et de deux livres CD que j’ai découverts récemment : « Le garçon qui criait au loup » et « La promesse » de la collection Folio Benjamin…

Pour Quatpommes et ses copains farceurs, « Le garçon qui criait au loup » ne pouvait pas mieux tomber. Cette histoire, qui n’est autre que celle de Pierre et le loup revisitée par le génialissime Tony Ross (le papa de la petite princesse !) est accompagnée d’un CD d’écoute et de jeux relatifs à l’histoire destinés aux enfants de 4 à 7 ans (niveau 1 : j’ai envie de lire).

Louis ne cesse de crier : «Au loup! Au loup!» pour faire peur aux gens et s’amuser à leurs dépens. Jusqu’au jour où plus personne ne le croit…
Les enfants n’ont qu’une envie : tourner la page pour connaître la suite. À la fin, ils ont matière à réfléchir sur les farces et les mensonges, sur la responsabilité de chacun dans la société. Une «leçon de morale» tonique.

Un livre qui plait aussi beaucoup aux plus jeunes si j’en juge par les cris de Miette et de son copain Lulu en voyant le loup apparaître au fil des pages. ;-)

Un livre + un Cd + des jeux d’écoute.
Le garçon qui criait : «Au loup!» est lu par Arié Elmaleh (traduction de Claude Loriot-Prévost).
Niveau 1 : «j’ai envie de lire».

Titre recommandé par le Ministère de l’Éducation Nationale, pour le cycle 2 de l’école primaire. Niveau de difficulté : 1.

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Le second parle de promesses qu’on ne peut tenir car la vie change inévitablement… Une sublime fable de Jeanne Willis (illustration de Tony Ross et traduction d’Anne Krief) mettant en scène un têtard et une chenille tombant amoureux. Chacun promet à l’autre de ne pas changer mais, bien sûr, vous vous doutez de la suite… du moins, c’est que vous croyez !

Sur le thème des métamorphoses animales, un conte tragi-comique qui ne mâche pas ses mots. Un régal d’humour noir dévastateur, pour s’apercevoir que la vie est parfois cruelle, et un antidote au traditionnel «Ils vécurent heureux…» qu’apprécieront tout autant les enfants et les parents.

Se lit aussi aux plus jeunes. Souvent le soir, Miette me l’apporte avant que je lui enfile sa couche et me dit « on lit cromesse ? ». Je crois qu’elle aime particulièrement la chenille…

Un livre + un Cd + des jeux d’écoute.
Le garçon qui criait : «Au loup!» est lu par Arié Elmaleh.

Niveau 2 : «je lis tout seul» (Age de lecture : 5 à 9 ans)

Prix des jeunes lecteurs de la ville du Havre 2004, catégorie grande section/CP.

Titre recommandé par le Ministère de l’Éducation Nationale, pour le cycle 2 de l’école primaire. Niveau de difficulté : 1.

En plus, ils ne coûtent que 10 euros chaque, ce que je trouve plutôt bien pour un livre et un CD !

Note de la troupe de testeurs déchaînés: 5/5 !

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Critique amoureuse des Français

Posted in Book Club, Débats, Les Hommes by Flannie on avril 27th, 2009

« Peut-être que la morale de ce livre est tout simplement la suivante : les Français souffrent beaucoup de leur besoin ancestral (désormais totalement inutile) de se prouver à eux-mêmes, et aux autres, qu’ils sont tout simplement « exceptionnels ».

A mon avis, ils vivront beaucoup mieux le jour où ils accepteront d’être « normaux » ; exactement comme tous les autres peuples d’Europe et du monde. Accepter la normalité est beaucoup plus relaxant que de devoir toujours s’imposer. La normalité n’a pas vocation à épuiser le système nerveux. Voilà un beau sujet de réflexion pour le pays numéro un mondial de la consommation d’anxiolytiques. »

Dans « Critique amoureuse des Français », Alberto Toscano[1] revient sur un grand nombre d’idées reçues (Paris, capitale mondiale, la cuisine française, le vin, le fromage, la baguette, le référendum, la France terre d’accueil…) et les passe à la moulinette comme sa grand-mère aurait pu passer notre président au presse-purée. Il dit « En France, il y a comme une liturgie sacrée et compliquée autour de tout ce qui touche à la gastronomie nationale.(…) Comme dans le cas du prêt-à-porter, une certaine philosophie du prêt-à-manger à la française cultive l’image et recherche des lettres de noblesse au nom du business bien plus qu’au nom du goût. ».

En ce qui concerne « la proverbiale efficacité du système de protection sociale et des services publics à la française », il estime que la France est en avance sur les autres pays mais dans certains cas cette avance est en train de se réduire sensiblement. »

Et puis les chaussettes, messieurs… enfin ! Personne ne vous a appris qu’il fallait les porter hautes ? Quand j’ai lu le passage sur l’élégance à la française, j’étais dans le tram. J’ai regardé les hommes autour de moi au niveau des chevilles et… j’ai souri car ce n’était pas joli, joli. Alberto avait raison. Heureusement qu’il nous rappelle au final qu’il est faux de penser que les Français ne savent pas rire d’eux-mêmes… ;-)

Un essai à déguster avec une bonne tasse de café et un croissant au beurre !

NOTE DE L’ESCARPIN: 5/5

“Critique amoureuse des Français”

Alberto Toscano
Éditeur : Hachette Littératures
Collection : Essais et Documents


[1] Alberto Toscano est italien. Diplômé en sciences politiques, journaliste et écrivain, il habite en France depuis 1986 et collabore à plusieurs médias italiens et français. Ex-président de l’Association de la presse étrangère et actuel président du club de la presse européenne, ancien chroniqueur sur France Inter, il participe aujourd’hui entre autres à « On refait le monde » sur RTL, « Kiosque » sur TV5 et « C’est dans l’air » sur France 5.

Les fesses de ces messieurs

Posted in La mode by Flannie on avril 26th, 2009

Il m’est arrivé un truc relativement sympa vendredi. Je me suis faîte draguer. Oh, juste un peu. Rien qu’un peu. Mais cela est devenu tellement rare en ce qui me concerne qu’il est bon que je le note quelque part dans ma cervelle. En plus, le type était hyper mignon ! Un peu plus jeune que moi, très grand, élancé, l’allure féline, le sourire ravageur…. A se demander s’il n’était pas juste en train de se limer les griffes sur ma personne avant de s’attaquer à la prochaine svelte jeunette du quartier…

De toute façon, je vous rappelle que je suis mariée. Enfin, c’est surtout à moi-même que j’ai rappelé que j’étais mariée tandis qu’il m’enveloppait de son regard de braise. Difficile de l’oublier avec le soleil qui faisait scintiller mon alliance…ou la petite personne qui criait « craya ! craya[1] ! » dans la poussette que je tenais à bout de bras…

Toujours est-il que se faire draguer 5 mns fait grand bien à l’âme et au teint et que j’aurais tort de m’en priver. J’en étais là de mes profondes pensées cartésiennes quand soudain il s’est tourné et là, flop. Berk. Mon émoi s’est transformé en effroi.

Il portait un de ses jeans que je ne supporte pas. Un de ceux qui tombent bien en dessous des fesses et donne l’impression que sa couche s’est détachée et qu’il en a plein le pantalon. Je ne vous raconte pas ma déconfiture en regardant le félin soudain sans grâce s’éloigner.

Non mais qui vous a appris à vous habiller comme cela, jeunes hommes ? Qui a pu vous faire croire que montrer votre cul en pleine rue était un tant soit peu sexy ?

Arrêtez, s’il vous plait ! C’est moche. Horrible, hideux, je vous dis. Et pourtant, Dieu sait si j’aime regarder les fesses des hommes, si rebondies et invitantes que je ne suis pas sûre que ce soit Eve qui ait tendu la pomme à Adam, voyez-vous. Pour moi, un beau fessier masculin, c’est comme un bon camembert : moulé à la louche, au bord ferme mais au cœur tendre… et surtout bien emballé pour qu’il ne déborde pas quand il est bien fait ! Mais là, le pantalon qui descend si bas, je ne peux pas. Même avec le plus beau caleçon du monde par-dessous. J’ai juste l’impression, messieurs, que vous vous êtes fait dessus et que vous marchez comme des petits gosses qui perdent leurs pantalons sur la route des WC.

Ca me rappelle ce que disait un copain de fac lors de nos longs apéros aux terrasses des cafés. Il répétait sans cesse que les femmes courtes vêtues dans la rue n’attiraient pas son regard. A l’époque, je le trouvais hypocrite, persuadée que si un décolleté vertigineux passait à côté de nous il serait le premier à y plonger. Mais non, il affirmait qu’il préférait imaginer la poitrine d’une femme se balançant sous les mailles d’un pull à petit décolleté - ou même à col roulé- que de tout avoir au balcon.

Depuis que les jeunes hommes se sont mis au « pantalon qui tombe », je le comprends. Déjà à l’époque du jean moulant, j’avais quelques problèmes à accepter le fait qu’on savait avant même d’avoir testé la marchandise si le type était circoncis ou non. Il n’y avait plus de surprise, mes pauvres dames… Maintenant, avec le pantalon qui tombe sur les genoux, c’est le sacro-saint fessier de ces messieurs qui s’en retrouve désacralisé.

Pitié, messieurs, rhabillez-vous pour mieux nous laisser vous admirer…



[1] Comprendre : « manger, manger ! »

Le théorème de la cosmétique: Yes TO Carrots !

Posted in Les cosmétiques by Flannie on avril 25th, 2009

Une mission : les Carrot Lovers débarquent !

Pour la marque Yes To Carrots, le plus important en cosmétique est de rendre chacun aussi radieux qu’il est humainement possible de l’être ! Etre dans l’état d’esprit « Yes To Carrots » c’est défendre la joie de vivre et s’affirmer en faveur du bonheur de rendre son corps et ses cheveux éblouissants. La carotte est un légume sympathique: Qui mieux qu’une carotte, avec sa jolie couleur orange, peut symboliser la joie de vivre ?

Yes To Carrots offre une ligne de produits riches en extraits biologiques de fruits et légumes, en minéraux et en oligo-éléments de la mer morte dont les bienfaits sont prouvés depuis longtemps.

Pourquoi la mer morte, mis à part que c’est un chouette endroit pour faire la planche ? Cléopâtre, qui se prélassait dans ses eaux pour offrir à sa peau la douceur juvénile qu’elle mérite, expliquerait sans peine à quel point les oligo-éléments et sels minéraux extraits de la mer morte sont bons pour le teint.

Pourquoi la carotte ? Toute les mamans du monde ont raison, la carotte c’est très bon, non pas parce que ça rend aimable, bien que les créateurs de la marque fortement consommateurs le soient quand même, mais tout simplement car elle est riche en béta-carotène qui agit un peu comme un super-héro anti-rides.

Grâce à la gamme Yes To Carrots, « les carottes ne seront plus jamais cuites » pour la beauté.

Ah ! On en parle, on en parle de la dernière marque qui fait fureur chez Séphora. A force de la voir pousser sur les bannières des blogueuses et dans les encarts pub, j’ai moi aussi voulu goûter de la carotte en crème de jour pour me faire une idée du produit.

Réponse 1 à la petite question qui trotte à cet instant dans votre tête: non, elle n’est pas orange et, réponse 2 : non, elle ne sent pas la carotte.

Cette petite crème composée de jus de carotte bio, d’orange, de concombre, de minéraux de la Mer Morte, d’huile d’avocat, d’amande douce, d’eau d’hamamelis… et j’en passe… ne contient pas de paraben mais de la bonne humeur en pot.

Peu grasse, elle est facilement absorbée par les peaux sèches et ne laisse pas de film indésirable sur le visage. Son parfum est agréable mais un peu trop cosmétique à mon goût (oui, c’est bête, mais moi j’avais envie que la crème sente un peu la carotte, le concombre et l’avocat, histoire de me faire croquer les joues par le Dr Bunny )

Deux bons points visibles dès la première application:

- Le teint est légèrement plus clair, les rougeurs diffuses s’estompent un peu après application,

- La peau est toute douce !

15.90€ le flacon de 50ml chez Séphora exclusivement

pour peaux normales à sèches

L’hygiène de l’escarpin: Pincez moi le savon !

Posted in Les cosmétiques by Flannie on avril 24th, 2009

En 1951, une enquête du magazine ELLE divulgua que 37% des femmes françaises ne faisaient leur toilette « complète » qu’une fois par semaine, en ajoutant que 39% ne se lavaient les cheveux qu’une fois par mois et qu’un quart d’entre elles ne se brossaient jamais les dents.

(source : le très excellent essai d’Alberto Toscano que je suis en train de lire, Critique amoureuse des Français, édition Hachette littératures)


Rassurez-moi, les temps ont changé… ?

Bouquets de souliers

Posted in Book Club, La mode by Flannie on avril 23rd, 2009

Préfacé par Salvatore Ferragamo et introduit par Diane Von Furstenberg (la maman de la chicissime robe protefeuille), Bouquets de souliers réunit tant de somptueuses créations qu’il est difficile de le décrire sans user de superlatifs à outrance.

Quelle féerie, ne trouvez-vous pas ?

Comme un livre de mode suivant les saisons, Bouquets de souliers est découpé en quatre parties, fall, resort, spring, bridal, assortissant à ses chaussures des sacs en fleurs et autres végétaux.

Sur chacune de ses créations, Michel Tcherevkoff a travaillé plusieurs jours, se rendant tous les matins au marché aux fleurs de son quartier pour y rencontrer « la » fleur qu’il transformerait en chaussure imaginaire (une seule espèce de fleurs par chaussure) pour les princesses qui peuplent nos rêves. A l’instar de la bonne marraine fée de Cendrillon, il a beaucoup d’imagination et, de sa baguette magique (et de longs jours de travail) il parvient à transformer une simple tige en talon vertigineux ou une feuille en botte pour le plaisir de nos yeux.

Aujourd’hui, l’artiste travaille sur plusieurs autres projets similaires, notamment une collection de papillons faits à partir de fleurs (j’en ai vu quelques-uns : ils sont époustouflants !) et une collection d’images de lingerie dans la lignée des Bouquets de souliers splendides, délicates, féeriques, érotiques…

Vous pourrez également retrouver certaines de ses créations du 30 mai au 08 novembre 2009 lors de l’exposition « In Her Shoes » au musée de la mode de Hasselt en Belgique. Je vous en reparlerai très bientôt.

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Toutes les images sont extraites du site Welcome Books (copyright Michel Tcherevkoff)

Retrouvez les épisodes 1 et 2 ici et ici

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“Bouquets de souliers”

De Michel Tcherevkoff

Aux Editions du Chêne

La trilogie de Bartimeus

Posted in Book Club by Flannie on avril 21st, 2009

Un démon invoqué par un gamin prétentieux dont il apprend par hasard le prénom de naissance, un sale gosse qui se croit plus fort que tout et va s’attirer bien des ennuis, une jeune fille rebelle animée par un lourd secret, un ministère de magiciens imbus de leurs petites personnes, voici les ingrédients de la meilleure trilogie de Fantasy de ce début de XXIe siècle, à mon humble avis.

L’auteur, Jonathan Stroud, nous livre une vision revisitée d’une Angleterre dirigée par une poignée de magiciens avides de pouvoirs qui n’hésitent pas à faire faire leurs sales besognes à des démons plus ou moins coopératifs.

Les amateurs d’histoire apprécieront de retrouver Gladstone en magicien-conquérant et redécouvriront l’histoire d’Egypte et de Prague. Les amateurs d’écriture apprécieront les multiples péripéties des romans selon qu’ils sont racontés par le démon ou qu’on suit le jeune homme. De rires en larmes, j’ai dévoré ces trois tomes en ne regrettant qu’une chose : me séparer des trois héros à la fin.

Je le recommande grandement à tous les fans d’Harry Potter ainsi que ceux qui aimeraient découvrir la Fantasy. Vous ne serez pas déçus ! (à découvrir en Livre de Poche ou aux Editions Albin Michel)

Note : 5/5

Les boules de l’escarpin: The Time Of My Life ou mes 12 ans avec Patrick Swayze

Posted in Les histoires du non-lundi by Flannie on avril 20th, 2009

Hier, j’ai dansé - comme je le fais bien souvent - avec mes loulous dans notre chambre sens dessus sens dessous. Quatpommes sautait partout comme un petit singe, Miette et moi tournoyions comme des folles sur nous-mêmes sur les belles paroles de « The Time Of My Life ».Bill Medley, Dirty Dancing, Patrick Swayze, Jennifer Grey… J’avais 12 ans, je voulais être danseuse, je voulais être sexy, je voulais porter mes jambières fluo sans que mes jambes ressemblent à des poteaux, je voulais porter les talons de ma mère avec et marcher sans me casser la gueule, je voulais qu’il y ait des seins dans ma brassière assortie aux jambières, je regardais mon nombril, je faisais glisser un glaçon dessus pour qu’il ait l’air aussi sexy que le nombril de Jennifer Grey et je me contorsionnais en gémissant comme une idiote parce que c’était trop froid. En plus, je voulais m’appeler Bébé comme elle. Trop cooooooool de se faire appeler Bébé par un grand dur ultra sexy qui danse comme un dieu, non ? Je voulais en rencontrer un tout pareil aux vacances suivantes, dans le camping de la Morue Salée. Je ne voulais surtout pas que mon père me surveille. De toute façon, j’allais connaître le grand amour au bal du camping et il ne pourrait rien y faire. Je voulais aussi pouvoir renverser la tête en arrière en souriant niaisement (ceux qui connaissent la vie de mes cheveux savent que c’est impossible)

Hier, j’ai ri en repensant à toutes ces conneries d’ado puis une grosse boule m’est montée à la gorge et je me suis mise à pleurer comme une baleine. On dit que Patrick Swayze ne pèse plus que 48 kilos et que les mois qui lui restent à vivre ne se compteraient que sur les doigts d’une main. Je ne pense plus à Bébé tout à coup mais à Lisa, la femme de Patrick Swayze depuis 33 ans, celle qui donnerait bien ses deux seins, son nombril et ses jambes pour passer encore quelques années de plus avec lui…

(Bien sûr, vous pouvez me remercier d’avoir plombé votre journée…)

Dirty dancing danse film
envoyé par clipclap52

Flannie et le génie de la chaussure, épisode 2

Posted in Book Club, La mode by Flannie on avril 19th, 2009

Episode 1

« Allo ? Monsieur…

Mon interlocuteur est direct :

Flannie ?

Oui, c’est cela.

Bonjour Flannie, vous allez bien ? »

La voix est franche, avenante. Cerise sur le gâteau : le monsieur a retenu mon nom. Tout de suite, j’ai envie de poser mille et une questions mais j’essaie de me tenir correctement, horrible pipelette que je suis. J’ai un problème absolument pas résolu depuis l’enfance : je ne sais pas contenir mon enthousiasme. Mon enthousiasme est « over-débordant », ce qui gêne parfois les gens qui ne me connaissent pas et épuise ceux qui voudraient bien me faire taire depuis ma naissance. Ma grand-mère a essayé de pallier ce problème en me gavant de tarte au sucre pour m’étouffer mais… passons, c’est une autre histoire. Je parle trop.

A l’autre bout du fil, l’homme est direct et j’aime beaucoup cela. Pas de foin, pas de chichi. A l’inverse de mon prof d’art préféré, je comprends tout ce qu’il me dit. Je commence même à me dire qu’on peut être un génie et un être humain. Oui mais…attendez, cela signifie donc que le génie est aussi mortel. Quelle horrible idée ! Je la zappe immédiatement et me concentre sur mon sujet, à savoir les magnifiques créations qui peuplent les pages de son livre. J’ai une chance dingue : aucun employé de ma librairie ne m’a dénoncée auprès de lui mais il me demande quand même si j’ai son livre. Euh… non. Pourquoi mentir ? Cela le fait rire : il me dit qu’il faut quand même que je l’achète un jour. Et il a raison. On ne peut pas décemment laisser ses traces de doigts rêveurs sur des livres qu’on n’achète pas. Ce serait comme caresser un chien tous les matins à la SPA mais ne jamais l’adopter. D’une tristesse !

Tandis qu’il me parle, je note aussi vite que je peux toutes les informations sur mon cahier (mon Moleskine ligné à couverture souple, of course !) en regrettant de n’avoir jamais écouté ma maman qui me disait de prendre des cours de sténo. Je m’arrête soudain pour regarder le nom que j’ai noté en haut de la page : Michel Baryshnikov. Du grand n’importe quoi. J’ai dû, l’espace d’une seconde, livrer à mon cahier un de mes grands fantasmes d’ado tout en me trompant de nom. Est-ce parce que les deux hommes sont d’origine russe ? Est-ce parce que la mère de l’artiste était aussi une danseuse classique ?

Toujours est-il que l’homme à l’autre bout du fil s’appelle Michel Tcherevkoff. Il parle excellemment bien français - normal pour un homme qui est né en France et a fait ses études de droit à Paris - mais il pimente de ci de là son discours de mots anglais, ce qui est aussi normal pour un homme qui vit à New-York depuis près de quarante ans car en 1970, Michel Tcherevkoff a pris un aller simple pour New-York où il a rejoint sa sœur mannequin et son petit ami, photographe français. Le jeune Michel, très impressionné par les mannequins paradant du matin au soir dans le studio, décida de rester et de devenir à son tour photographe. Cela me semblait très simple, dit-il aujourd’hui avec amusement mais il rajoute aussitôt : « quelques mois plus tard, j’ai trouvé un travail d’assistant auprès d’un grand photographe et il m’a ouvert les yeux sur la réalité du métier : le succès ne vient qu’en travaillant dur. » Michel a alors laissé de côté les mannequins pour un temps et s’est mis à travailler d’arrache pieds comme assistant pendant 4 ans pour différents photographes célèbres avant de finalement rencontrer un important agent qui remarqua son talent et vit en lui « the right attitude to succeed ». L’année suivante, il récolta ses premiers prix - il était lancé - et depuis, c’est un merveilleux voyage qui continue, ajoute-t-il.

Je lui demande s’il s’intéressait à la photographie et à l’art avant New-York.

« Même si je n’ai jamais pris une seule photo avant d’atterrir à New-York ni même fait des études d’art, mes parents étaient tous deux des gens de goût, très cultivés, qui m’ont fait faire le tour de tous les musées de Paris, que j’aime ou pas. J’ai toujours été entouré par l’art.» Il continue : « Je me souviens avoir eu une merveilleuse enfance, pleine de rires, d’amour et de beauté. Comme disent si bien les Anglais, je suis né avec une petite cuillère en argent dans la bouche sauf que mon père, lui, avait un martinet à la main-une main d’acier dans un gant de velours. Voici pour mon éducation artistique. »

Mondialement connu pour ses publicités décalées (ses « métaphores visuelles » comme l’écrit si bien Bija Guttof dans un très intéressant article pour Apple) pour des grands noms comme L’Oréal, Maybelline, Valentino, Estée Lauder (et j’en passe), il aime avant tout recréer sa propre réalité emprunte d’une irrésistible fantaisie. C’est ainsi qu’un jour il remarque que la feuille de bananier qu’il vient d’utiliser pour une publicité ressemble à une chaussure. Dès lors, lui vient l’idée de créer des chaussures à partir de fleurs (une seule espèce de fleurs par chaussure), de les photographier avant de les retravailler sous Photoshop pour ensuite en faire l’un des plus beaux livres dont j’ai eu la chance de tourner les pages: SHOE-FLEUR ou BOUQUETS DE SOULIERS en français. Personnellement, je préfère le premier titre pour le jeu de mots mais aussi parce qu’il représente bien l’homme, français-américain, aux créations parfois un peu « tongue-in-cheek » tout en étant féeriques mais sophistiquées, très vivantes voire vibrantes quand on tourne les pages. On aurait presque peur, d’ailleurs, de faire tomber quelques pétales en refermant trop brusquement le livre.

(à jeudi pour parler de la conception du livre plus en détail, les amis !)

Flannie et le génie de la chaussure

Posted in Book Club, La mode by Flannie on avril 17th, 2009

C’est en courant, affolée, à la librairie du coin que tout a commencé.

C’était il y a un peu moins d’un an par un matin pluvieux. J’étais affolée parce qu’il ne restait plus que deux pages vierges à mon cahier et qu’il me fallait absolument un Moleskine ligné neuf - et à couverture souple - au cas où l’inspiration me frapperait comme une mauvaise diarrhée avant la fin de la journée. Chez moi, il est aussi important d’avoir un cahier d’avance dans le tiroir de mon bureau que deux rouleaux de papier toilette dans le dévidoir. C’est une question d’hygiène mentale.

Toujours est-il que, en me dirigeant fébrilement vers le seul rayon papeterie de ma connaissance vendant ce type de cahier toute l’année, quelque chose a attiré mon œil vers le sol. Une tache rose, du rouge, du jaune. Je me penche. C’est un livre qui dépasse du présentoir. Encore quelques effleurements de gens aussi pressés que moi et il tombe. Je le remets en place avant que cela se produise, en me demandant qui a inventé des présentoirs sur lesquels on range des livres aussi bas puis je le reprends en main.

Il est beau, ce livre. Il est…

Emouvant. Féerique. Sublime. Poétique. Féminin.

Si féminin que je suis étonnée de découvrir le nom d’un homme inscrit sur la couverture. Comme quoi mes préjugés me perdront !

J’ai feuilleté le livre, bouche bée puis, sans honte ni pudeur, je suis revenue matin après matin rêvasser sur chacune de ses images jusqu’à tartiner toutes les pages de mes empreintes digitales.

Près d’un an plus tard, j’ai enfin osé.

J’ai pris une profonde inspiration et pianoté quelques mots sur mon clavier. J’hésitais entre l’anglais et le français mais ai finalement opté pour ce dernier avant de cliquer sur « envoyer ». la réponse m’arriva avant la fin de la journée.

Je me retrouve maintenant, 24h plus tard, à fixer l’horloge de mon ordinateur en gribouillant un nouveau morceau de texte pour mes petites histoires. Il m’a dit que je pouvais l’appeler à partir de 16h. Il est 15h50. Je vais tranquillement me verser une énième tasse d’infusion à la menthe et me rends compte en regardant Oscar que je suis presque aussi nerveuse que lui dans son bocal quand je mets la bouilloire en route. Pourquoi diable ai-je le trac ? Oscar ne me répond pas. Maintenant qu’il sait que je ne suis pas venue le pêcher, il repart faire la sieste sous la pompe.

J’ai l’impression d’être une lycéenne qui veut présenter son dernier projet à son prof d’art, celui-là même qui parle avec des mots compliqués en faisant de grands gestes avec les bras. J’ai depuis toujours l’idée que les artistes de génie parlent un langage de génie auquel un mortel lambda comme moi ne peut rien comprendre.

A 16h, je mets les enfants devant une montagne de cookies, de bananes et un bon dessin animé. Je me souviens du foin qu’ils ont fait LE jour de ma vie où j’ai eu un agent littéraire au bout du fil. Là, je mise sur du lourd - et du très drôle : Kung Fu Panda.

A 16h10, je décroche mon téléphone, tape l’indicatif de New-York et…

(la suite lundi, mes petits amis !)