Mes cheveux sont plus beaux que moi, part 2
Vous pouvez retrouver l’épisode 1 ici
Episode 2:
Finalement, mes cheveux et moi avons passé le cap de l’enfance sans trop de heurts. Ils faisaisent leur vie. Je faisais la mienne. C’était l’époque relativement paisible de la cohabitation.
A l’adolescence, les choses changèrent légèrement, comme vous pouvez vous en douter. Il y eut un important remaniement hormonal qui débuta par une tentative de coup d’état. Des frisettes très serrées essayèrent de prendre la place des capricieuses et indolantes anglaises. Les anglaises luttèrent bien un peu mais les frisettes étaient mieux armées. Plus les anglaises se débattaient, plus les frisettes se resseraient. C’était plutôt difficile à supporter pour ma part car, pendant que mes cheveux se livraient une bataille infernale, je ne ressemblais pas à grand’chose. Finalement, les frisettes prirent le dessus. Mes parents me regardèrent d’un drôle d’oeil comme s’ils m’estimaient responsable. “A-t-on jamais vu cheveu si frisé dans notre famille ?” semblaient-ils dire. (D’un autre côté, toute ma famille avait les yeux bleus alors que les miens étaient verts. Je n’étais donc plus à une contradiction près…)
Mes parents, mes frères, mes cheveux et moi déménagions quelques mois plus tard à l’autre bout de la France. Une nouvelle ville, un nouveau quartier, une nouvelle école… Durant le trajet, qui prit une éternité, je me plaisais à rêver à l’accueil que mes cheveux et moi aurions au collège. Je n’avais pas envie de me laisser aller à pleurer en pensant à mes amies, à toutes celles qui avaient souhaité un bon voyage à leur “petit mouton adoré”. Je préférais imaginer que de grandes choses attendaient mes cheveux et moi.
Et ce fut le cas !
D’abord, je fus traitée de caniche par une jeune fille blonde qui devint vite mon amie. “Caniche” était en fait l’insulte la plus agréable que je recevais chaque jour (on se moquait beaucoup de mon accent de Ch’ti et me traitait de bosch du Nord à longueur de temps). Les premiers mois furent des plus difficiles. je n’avais aucune envie de me lever le matin pour aller dans cette école horrible. Tout le monde parlait dans un argot que je ne comprenais pas. Dans ma rue, la majorité des gens étaient d’origine italienne. Je ne connaissais pas non plus un traître mot d’italien et ça les faisait rire. Tout ce que je voulais, c’était retourner dans mon plat pays.
Et puis, un jour, il se passa ce qui arrive bien souvent dans la vie d’une jeune fille de 13 ans. Mon regard croisa celui d’un garçon plutôt mignon. Mes joues devinrent rose, rouges, pivoine, cramoisies. Mes genous se mirent à trembler et mon coeur à s’accélérer. Le garçon me sourit et vint me parler. Il me trouvait jolie et - devinez quoi ? Il trouvait mes cheveux très jolis aussi. Waouh ! Je n’en revenais pas !
Chaque matin, quand j’allais à l’école, je laissais mes cheveux au vent, espérant croiser ce garçon si mignon. Bien souvent, cela marchait. Je ne sais pas si c’est moi qui partait plus tard ou lui plus tôt pour me rencontrer mais nous tombions bien par hasard sur l’autre chaque matin que Dieu faisait. J’aimais bien qu’il joue avec mes cheveux, qu’il tire dessus pour les faire remonter comme des ressorts. J’aimais même qu’il s’en moque gentiment. Cette petite cour dura environ un an. Ensuite, il se lassa (ce que je comprends facilement aujourd’hui ! D’un autre côté, j’avais 13 ans et lui 17…) Il se mit à sortir avec une fille “plus mûre” et moi je rattachai mes cheveux.
Aux vacances suivantes, un jeune allemand me poursuivit de ses assuidités dans tout un camping en criant après moi “schön…” je ne sais plus quoi (je suis nulle en allemand). M’enfin, ça voulait dire cheveux. A mon retour de vacances, ce fut la même chose dans le quartier puis à l’école. Je n’étais plus vraiment triste que Mr Coup de Foudre s’affiche avec Miss Mûre car je prenais peu à peu conscience que je possédais une arme… fatale : mes che-veux !
Ces fichus satanés enquiquineurs de cheveux avaient réussi l’exploit de plaire à un public beaucoup plus large et attrayant que les mémères à caniches et coiffeurs trop bavards: les garçons. Je n’en revenais pas ! Et ma mère qui me disait “Tu vois, quand je te disais que tu avais de beaux cheveux !”
Dès lors, je me mis à en prendre un soin démentiel. Jamais plus je ne sortais de la maison sans les avoir peignés, façonnés, huilés, spray-és… Bref, j’essayais tout pour les mettre le plus possible en valeur. Je demandais à ma maman de m’acheter barrettes, laques et baumes chaque fois que nous faisions les courses (bien sûr, elle refusait.) Mon papa, quant à lui, était ravi que je prenne enfin soin de ma tignasse. Lui qui avait eu les plus beaux cheveux longs de tout 68 désespérait de me voir autant négliger les miens. “Qu’est-ce que tes cheveux sont beaux quand tu en prends soin ! ” s’extasiait-il à longueur de temps. Je savais que c’était un peu forcé de sa part mais j’appréciais le compliment car c’était sa façon à lui de m’encourager. Toutefois, ses encouragements cessèrent le jour où ma mère prononça le mot “garçon”. Soudain, il trouva que je passais beaucoup plus de temps devant mon miroir qu’à faire mes devoirs et regarda d’un peu plus près mes tenues et coiffures avant de sortir de la maison. Heureusement pour moi, il ne se doutait jamais que je retirais mes gros pulls et mes queues de cheval dès que je franchissais le coin de la rue.
Mes cheveux et moi étions devenus les meilleurs amis du monde et je ne voulais plus les cacher à qui que ce soit. J’en étais bien trop fière !
Cette nouvelle assurance atteint l’apogée du ridicule quand, un jour, alors que je m’entrainais (je faisais de la course à pieds à l’époque.), une voiture rentra dans une autre car son conducteur s’était retourné sur moi. Je ris. Bien mal m’en a pris, je crois car à la fin de l’année, je fus punie.
A la fin de l’année, la Miss Cheveux Populaires que j’étais devenue fut invitée chez celle qu’on surnommait la “Baronne” de l’école, une fille ultra-féminine et hyper-sophistiqué. J’allais enfin entrer dans les hautes sphères des filles coiffées comme des déesses et j’hallucinais complètement de cet “honneur”.
Malheureusement, un évènement des plus inattendus vint contrecarrer toutes les chances que mes cheveux avaient de se faire accepter par les autres…
suite au prochain épisode !
L’éternelle fiancée - Entretien avec Catherine Noury
Du 6 au 27 septembre, la galerie SIT DOWN à Paris présente, en partenariat avec le laboratoire Janvier, le travail de Catherine NOURY.
L’exposition intitulée “L’éternelle fiancée” est une façon de parler du corps, d’interroger la féminité, ses désirs d’élégance, la vanité de la perfection.
L’EXPO:
“Mes robes sont des “anti-héroïnes” qui ne renoncent pas.”
Catherine NOURY
L’ARTISTE:
Née à Lorient, Catherine Noury vit et travaille à Paris.
Après des études de littérature et de linguistique, elle devient photographe en 1989.
Elle démarre en 2004 un projet sur le portrait qui l’amène à réaliser une série de silhouettes cousues.
Ce sera le point de départ de son travail sur le vêtement et, à travers lui, sur la question de la féminité, de
l’image de soi, du temps qui passe.
“L’éternelle fiancée”, titre de l’exposition, évoque cette perpétuelle recherche.
Les robes de Catherine Noury parlent de tous ces vêtements mythiques voire magiques qui parcourent nos récits (mythes, fables, contes, légendes) : de la toison d’or à la robe de fée, des bottes (du chat) au masque de Zorro, aux vêtements de ciel de Peau d’âne, etc… Elles parlent également du carnaval, des déguisements, des travestissements qui sont des manières de changer de rôle, d’identité, d’échapper aux normes sociales le temps d’une fête ou d’une nuit. Changer de vêtement peut permettre de changer de peau, de se dérober à «son destin », de devenir autre (voir Cendrillon). Leurs pouvoirs, leurs attributions, les métamorphoses qu’elles provoquent nous font rêver.
De petites tailles, elles évoquent les objets de rituels religieux ou païens (la panoplie du chaman, du sorcier ou de la fée), mais aussi la collection de vêtements de poupée que beaucoup d’entre nous avons possédée (voir fabriquée) ; comme des papillons épinglés sur une planche, elles font penser au fameux texte de Walter Benjamin « La chasse aux papillons ». Elles sont un peu comme le constat d’une recherche, d’un être aux aguets qui a capturé de petites merveilles, des élégances fragiles et volatiles encadrées et exposées. Calme, beauté, rêves, rêveries, fantasmes, mais aussi blessures, cicatrices, fissures, traces des états de soi, d’une identité faite d’un passé et d’expériences complexes, contradictoires voire paradoxales. Ces vêtements ont différentes destinations. Ils construisent un territoire, un monde imaginaire et sont des invitations à produire de micro-récits. Chaque série montre le divers, le devenir, l’impermanence, de nos états, la transformation constante de l’identité. Elles traduisent et infusent la complexité de nos singularités, de nos impressions, sentiments, affects , situations, postures et tropismes. Elles esquissent une identité toujours modulable, temporaire voire éphémère.
Emmanuelle Chérel, historienne d’art
Extraits d’entretiens - Janvier 2008
L’INTERVIEW:
Hier, Catherine Noury a eu la gentillesse de répondre à mes propres questions. Voici un extrait de notre entretien:
Vous êtes photographe et artiste textile. A votre avis, laquelle de ces deux disciplines parle le mieux du corps féminin ?
Je ne suis pas sûre de pouvoir poser les choses en ces termes. Il se trouve qu’en photo, je n’ai jamais travaillé sur le corps, à peine sur les visages, et que c’est avec la couture que je commence à aborder ces préoccupations.
Il me semble qu’en photographie, on s’intéresse au corps présent, à une personne réelle dont la présence est retenue par le photographe. Et alors, il y a peut-être autant de propos possibles que de photographes et de modèles (il suffit de voir l’histoire de la photographie.).
Avec le textile, au contraire, j’ai l’impression d’être dans l’idée. L’idée du corps, l’idée de la féminité. C’est un peu comme d’explorer une généralité et de « creuser dans le roc », pour employer un terme à l’opposé de la douceur du textile. D’ailleurs, le travail avec le vêtement se rapproche plus de la sculpture. Et même si la réalisation demande beaucoup de délicatesse de gestes, c’est quand même toujours une bagarre avec le volume.
Alors, pour revenir à la question du corps féminin, dans mon travail, il y a juste un corps suggéré, une silhouette en creux, un corps imaginé. Lequel parle le mieux du corps féminin, ça, je ne sais pas…
Que pensez-vous de la mode aujourd’hui ? De son évolution ?
A vrai dire, je n’ai pas une grande culture de la mode, ce n’est pas mon domaine qui est plutôt la littérature et l’image. Mais c’est vrai que j’ai une attirance pour la liberté des recherches formelles qu’offre la mode. C’est foisonnant !
Je suis particulièrement touchée par les expériences par rapport à des corps particuliers, les gens qui jouent avec les limites.
J’ai le souvenir d’images d’un ancien défilé, d’Alexander mac Queen, je crois, où le mannequin était une femme unijambiste à qui il avait dessiné aussi une prothèse. La femme était magnifique, sa silhouette d’une dignité absolue. J’ai le souvenir aussi de l’image (vue dans un magazine) d’un danseur cul-de-jatte, mannequin d’un jour, qui était habillé d’une simple jupe « soleil » en carton perforé. Il évoluait sur les mains et la jupe prolongeait son corps. Il était d’une beauté incroyable !
On est un peu loin de la mode à proprement parler. On est plus près de l’histoire du corps encore, du volume. J’aime beaucoup Ballenciaga pour ça, qui « sculptait » ses robes.
Je me suis beaucoup amusée à imaginer vos petites prothèses dans des tenues de tous les jours. Pourquoi avoir créé des « handicaps » dans les tenues ? Est-ce que la recherche d’élégance est un handicap en soi ?
L’idée de départ était de faire une étude en dessin sur le mouvement (à l’opposé des robes en miniature que je confectionne et qui sont comme des portraits de silhouettes, statiques). Le petit handicap est en fait une particularité imposée à une silhouette et dont celle-ci doit se dépêtrer pour bouger, se mouvoir, être libre malgré tout. C’est le cas de chacun avec son corps, gros, petit, maigre, aux pieds plats… On doit s’adapter. On ne vit pas sans corps.
Le rapport au vêtement est juste dans l’idée que, lui aussi, conditionne l’attitude et le mouvement
En dessinant, je pensais aussi à des expériences possibles avec des danseurs ou des artistes de cirque.
Quant à la recherche d’élégance, je verrais ça plutôt du côté de la gourmandise que du handicap…
Vous dites que vos robes sont des anti-héroïnes qui ne renoncent pas. Pourriez-vous nous expliquer et nous parler de vos différentes collections ?
Des anti-héroïnes dans la mesure où mon travail est plutôt du côté de l’imperfection. Mes robes sont de « belles » robes en apparence, mais je travaille beaucoup sur l’usure, la réparation, le pas fini, l’envers apparent, etc… La beauté, s’il y en a, ne vient pas du camouflage des défauts.
Les collections sont faites de sept robes à chaque fois (quand j’arrive au bout !), comme si une femme se glissait une semaine dans la peau d’une femme imaginée. Il y a « La semaine d’hiver », « Voulez-vous danser avec moi ? », « La semaine d’anonymat », etc…
Quelle est votre conception de la féminité ?
Le premier mot qui me vienne à l’esprit c’est la liberté. La liberté d’une personnalité assumée, qui a l’audace de s’afficher comme elle est ou veut être, sans complexe,
En réfléchissant bien sûr, c’est très incomplet. Mais après, en quelques mots, je ne saurais pas quoi vous dire…
Du 6 au 27 septembre 2008
Du mardi au samedi de 14h à19h et sur rendez-vous
Galerie Sit Down
4 rue Sainte Anastase, 75003 Paris
Tel : 01 42 78 08 07 / 06 64 12 06 96
Email : [email protected] / www.sitdown.fr
Mes cheveux sont plus beaux que moi, part 1
Vous croyiez que vous alliez échapper à la fin de mes tribulations capillaires ? He, he ! C’est que mes cheveux n’ont pas encore dit leur dernier mot. Pour vous rafraichir un peu la mémoire, je vous propose de reprendre les aventures de ma tête de caniche depuis le début.
EPISODE 1:
J’ai de beaux cheveux, de très beaux cheveux. Je dirais même que j’ai des cheveux magnifques. Tellement magnifiques qu’on se demanderait presque pourquoi j’oserais m’en plaindre, hein ?
Et bien, je m’en plains car j’ai un mal fou à vivre avec eux. Ils me font de l’ombre… ou me mettent trop en lumière, c’est selon. Et je vais vous expliquer pourquoi si vous le voulez bien.
J’ai de longs cheveux très frisés et chatain, un peu roux par endroits. En été, ils virent au blond. En automne, ça ressemble plutôt à la noisette. Il parait que c’est joli.
Depuis ma plus tendre enfance, ils suscitent toutes sortes de commentaires admiratifs, de regards, de petits surnoms plus ou moins mignons (du style “Flannie, tête de fion”), de caresses de la part de personnes que je ne connais même pas. Mes cheveux attirent plus que je ne le voudrais. Aussi, la plupart du temps, je les attache pour avoir la paix.
En 6e, je me souviens m’être battue avec une fille dans la queue pour la cantine car elle n’arrêtait pas de dire que je mettais des bigoudis le matin. Je lui répondais que c’était mes vrais cheveux mais elle me traitait ensuite de menteuse. “Menteuse, menteuse, menteuse, ment… ” Paf ! Elle s’en est pris une et puis c’est tout.
Chaque fois que ma mère m’emmenait dans un salon de coiffure, les employés étaient gaga. A peine s’ils ne bavaient pas en tournant mes boucles entre leurs doigts ! Au début, je trouvais que c’était gentil puis, à force, je ne savais plus quoi faire. Je souriais alors bêtement dans le miroir en espérant qu’ils changent de sujet. C’est un peu comme si les coiffeurs s’étaient cru obligés de combler en mots ce qu’ils me coupaient en boucles. Ca devait coûter cher à ma maman et, quand j’y repense, je me dis que c’était bien inutile car jamais personne ne voulait faire quoi que ce soit avec mes cheveux. “Couper ! Mais pourquoi ?” hurlaient-ils d’une voix stridente. “Ils sont trop beaux on n’y touche pas !” qu’ils disaient ensuite. Heureusement, ma maman a fini par me couper les cheveux elle-même mais quand ses copines venaient à la maison, c’était le même refrain. Elles ne pouvaient s’empêcher de me tripoter la tête en gagatant gravement (Surtout, n’oubliez pas de prendre un ton bien niais et bien crispant en lisant ces phrases…) “Ah le joli bout de chou-chou avec ses belles frisettes ! Comme elles sont jolies tes frisettes ! Oh oui, goudi goudi goudi ! Tu veux bien me donner tes frisettes, ma petite chérie ? Oh oui, qu’elle est jolie !” Même chose avec les vieilles dames dans la rue. Elles me parlaient comme les mémères à leurs caniches “Oh qu’il est joli ce trésooooooor ! Et il est gentil avec sa mamaaaaaaan ? Comment ? C’est une fille ! Oh qu’elle est beeeeeeeeeelle ! Et elle me dooooonne ses jolis cheveux la petite puuuuuuuce ?”
Ben oui, va ! Prenez les ! Pensez bien qu’ à cet âge-là, ça m’aurait fait plaisir. Ma meilleure amie avait des cheveux raides et “brillants”. Les plus belles filles de l’école avaient des cheveux raides et longs et soyeux. Idem pour les filles de la danse. A chacun de leurs entrechats, je regardais leurs cheveux s’envoler avec aisance pour atterir ensuite sur leurs épaules avec une légèreté et une féminité que ma tignasse jamais n’aurait pu égaler. Toutes avaient l’air de faire “un” avec leurs cheveux. Toutes sauf moi. Mes cheveux ne s’envolaient pas gracieusement, ils se soulevaient péniblement en un bloc. Ils ne retombaient sur mes épaules avec légèreté, ils s’écrasaient comme une chape de plomb dans mon dos. Le pire, c’est quand une chipie avait la bonne idée de m’oter ma barrette ou ma pince. Mes cheveux ne retombaient pas. Ils gardaient la forme. Les garçons (sûrement de futurs ingénieurs) trouvaient la chose fascinante mais les filles, elles, en riaient beaucoup. Je peux les comprendre: quand je défaisais mes couettes, je ressemblais à un cocker aux abois. mes cheveux n’en faisaient qu’à leur tête, pas à la mienne.
Caniche, mouton, tête de fion, poil de c…, champignon atomique, Jackson Five, Grouchotte… j’en passe et des meilleurs ! Vos cheveux vous ont-ils déjà valu autant de jolis surnoms ?
Heureusement, peu de gens savaient pour le morpho-pouvoir de mes cheveux ! J’ai fni par me dire qu’ils possédaient une intelligence propre. une mémoire capillaire unique et j’ai commencé à me méfier. Je crois que c’est après avoir vu 2001 L’odyssée de l’espace en vidéo. Si mes cheveux étaient doués d’une intelligence propre, qu’étaient-ils réellement capables de faire ?
Tatatam…
( Suite au prochain épisode )
La cosmeto aux deux visages
J’hésite entre les deux titres.
Lequel préférez-vous ?
Après cette note, je crois qu’on ne va plus me proposer de produits à tester. Autant bien soigner celle-ci…
Jusqu’à présent, je savais avec certitude que tout ce qui était naturel n’était pas forcément bio mais peut-on dire aujourd’hui que ce qui porte la mention BIO est 100% naturel ?
C’est la question que je me suis posée ces derniers mois en testant de nouveaux gels douche (merci Alice !) aux noms plus exotiques les uns que les autres :
- Vanille bio de Madagascar
- Beurre de Karité bio du Burkina Faso
- Orange bio du Brésil
- Huile d’argan bio du Maroc
- Thé vert bio de Chine
5 des 6 nouveaux gels douche Ushuaïa BIO que Lascad, filiale de L’Oréal, a lancé cet été sur le marché de la grande distribution pour la modique somme de 3.95 euro le flacon de 250ml(4.44 euro dans mon Monop)
Avouez que pour du bio ce prix fait rêver !
Mon gel douche préféré coûte environ 14 euro les 400ml.
Essentiellement composé d’une base lavante végétale, d’argile jaune et d’huile de jojoba bio, il laisse la peau douce et parfaitement hydratée. Mais le prix… Autant dire que je l’utilise pour nous 4 avec parcimonie.
Le gel douche que j’ai terminé avant l’été ne coûtait que 3.90 euro les 250ml mais ne contenait que 11.15% d’ingrédients issus de l’agriculture biologique. C’est peu, trop peu à mon goût mais suffisant pour être validé par la charte COSMEBIO. Sa base lavante était déjà moins naturelle car composée d’Ammonium Lauryl Sulfate (tensio-actif au pouvoir dégraissant - chimique mais autorisé par la charte COSMEBIO) mais le produit était assez doux pour la peau des bouts de choux et j’en étais contente. Suffisamment contente pour en racheter sauf que, entre temps, on m’a proposé de découvrir la nouvelle gamme USHUAÏA BIO.
Avais-je bien lu ? Ushuaïa Bio ? Pensez si j’ai sauté sur l’occasion ! Pour moi, Bio aurait dû sonner avec Ushuaïa comme Monroe avec Marilyn ou eau avec source depuis la nuit des temps. A se demander comment Lascad et L’Oréal n’y ont pas pensé plus tôt… Peut-être n’ont-ils jamais regardé l’émission ou entendu parler de la fondation de Nicolas Hulot qui lui-même ne s’est jamais arrêté sur la liste des ingrédients de la marque Ushuaïa.
Trêve de sarcasme. Ne pensez-vous pas qu’il vaut mieux aujourd’hui saluer l’effort de la marque qui nous offre enfin une vraie alternative aux gels douche ultra-chimiques de la grande distribution ?
Pour pouvoir enfin distribuer un bon point à L’Oréal, j’ai testé les gels douche avec toute ma petite famille avant de lire la composition :
La vanille est un délice pour mon fils, l’orange le préféré de mon mari et de ma fille qui a voulu avaler le flacon le premier jour. Quant à moi, j’aime particulièrement l’odeur du thé vert que je trouve rassénérante et un brin masculine. Par contre, les gels douche à l’huile d’argan et au beurre de karité ont des parfums vraiment décevants pour la fana d’argan et de karité que je suis. Dommage car le principal atout de la marque Ushuaïa a toujours été, me semble-t-il, son rapport à la nature l’exotisme de ses parfums. Mon mari me dit que le gel douche à l’huile d’argan sent très bon. Je vous laisse juger par vous-même.
Côté lavage, rien à redire. Le produit est certes plus liquide que les gels douche traditionnels mais c’est normal puisqu’il n’y a pas ajout d’épaisissant. Il mousse presque autant qu’un gel douche « classique ». Par contre, il est beaucoup moins hydratant. Impossible de faire l’impasse sur l’huile pour le corps après la douche. Ceci étant, j’ai toujours appliqué de l’huile pour le corps après ma douche donc ça ne me change pas beaucoup et je pense que la plupart des ingrédients chimiques et pourris qu’on retrouve dans les gels douche viennent du fait qu’on veut leur faire faire des miracles pour la peau plutôt que d’en faire de simples produits lavants.
Maintenant, passons à la composition :
Comme c’est agréable de voir une liste d’ingrédients qui ne ressemble pas au premier tome de la trilogie martienne ! En plus, ça laisse plus de place à la marque pour nous servir son bio baratin :
- Parfum 100% naturel à base d’huiles essentielles
- 99.5% du total des ingrédients sont d’origine naturelle
- 10.5% du total des ingrédients sont issus de l’agriculture biologique.
10.5%, c’est bien peu mais je ne m’en étonne plus étant donné que mon précédent gel douche n’était guère plus bio. Toutefois, pourrait-on arrêter de prendre les consommateurs pour des c…s en leur présentant des produits bio à seulement 10% ? Pourquoi ne pas exiger qu’un produit soit bio à au moins 50% pour lui attribuer le label BIO ? Ce n’est certes pas la faute d’Ushuaïa mais peut-être pourrions-nous revoir les chartes de Cosmebio ? ce n’est qu’une suggestion, après tout. Continuons la lecture des ingrédients : sucrose, sodium chloride, decyl glucoside, linalool… revenons un peu en arrière… que lis-je ? SODIUM LAURYL SULFATE ! Argh ! Et ce sont les 10 malheureux % d’ingrédients bio qui sont sensés nous faire avaler ça ? Le SLS est un tensio-actif chimique irritant et desséchant qui ne devrait pas avoir sa place dans une telle gamme de produits. Certes, l’Occidental moyen a besoin de voir son gel douche mousser pour croire qu’il lave mieux qu’un autre mais on pourrait envisager de le remplacer par du Sodium Lauryl Sulfoacetate, non ?
N’étant pas chimiste, je laisserai cette question en suspens mais garde une impression mitigée sur cette nouvelle gamme.
J’en serais restée là si je n’étais pas allée ce midi déjeuner chez des amis qui nous avaient cuisiné un petit curry d’enfer avaient en évidence sur leur baignoire un flacon de gel douche Ushuaïa « nouveau : mousse onctueuse » au jasmin. Nous n’en étions pas au dessert que le gel douche trônait déjà au milieu de la table et alimentait la conversation. Sachant que les textures crémeuses et les mousses onctueuses des gels douche sont obtenues à grand renfort de sal… chimiques, je me suis demandée comment on pouvait, d’un côté, lancer un nouveau gel à la mousse onctueuse et de l’autre une gamme bio. Mes amis m’ont quelque peu rassurée en me précisant que ce flacon faisait partie d’un lot acheté il y a 6 mois. Ouf ! ce n’était donc plus si « nouveau ». Toutefois, je me souviens avoir lu sur un autre blog qu’il fallait environ 14 mois pour développer un parfum bio contre 2 mois pour un parfum de synthèse. Autant dire que la gamme bio était déjà en création chez Ushuaïa quand Lascad a décidé de sortir sa gamme à la mousse onctueuse (dont la liste des ingrédients est à pleurer), non ?
Comment peut-on tenir deux langages en si peu de temps ?
Je laisse le mot de la fin au mari de mon amie qui m’a demandé :
- Tu crois qu’il est au courant, Nicolas Hulot ?
Bonne question…

