La der des der de mes héros (et de mes cheveux)

Posted in Les cheveux by Flannie on juin 26th, 2009

Farah Fawcett et Patrick Swayze sont au seuil de la mort, Peter Falk ne suis plus l’intrigue, David Carradine se kung-fuise bizarremment, Michael Jackson est parti danser sur la lune…

Sais pas pour vous, mes petits chaussons, mais ma jeunesse en prend un coup ces temps-ci.

Aujourd’hui, je vais vous raconter le dernier épisode de ma saga capillaire. yeap ! C’est la fin. Sortez les mouchoirs, défrisez-vous et allez danser tout votre saoul en attendant une nouvelle saga, celle que j’hésite à vous raconter depuis au moins… un an, deux ans… parce que… Je ne sais pas trop pourquoi je n’ose pas mais là, en voyant tous mes héros d’enfance livrer leurs derniers combats les uns après les autres, je me suis dit qu’il était temps de sortir un vieux costume du placard et de l’enfiler “for your eyes only”…

à lépoque où nous étions frères de chevelure...

à l'époque où nous étions frères de chevelure...

Une semaine avant la date de mon mariage, pressée par une grand-mère qui voulait que je m’achète un sac comme il faut et une maman qui désespérait de mon manque d’intérêt pour les détails qui entouraient la cérémonie, je suis allée chez le coiffeur, traînant mes rastas comme de vilaines caries dans le cabinet d’un dentiste.

La jeune femme derrière le comptoir avait le profil bikeuse, un air à la Sarah Connor, un pantalon en cuir noir, un débardeur très prêt du corps, des épaules très larges et des muscles si saillants que le Sergent qui m’accompagnait n’avait plus l’air si viril dans le lot. Somme toute, elle était belle, très belle même, une beauté sauvage, un tantinet masculine avec toutefois un visage d’une pureté désarmante. Ne vous faîtes pas de film, mes chéries belles, je ne suis pas tombée amoureuse mais j’étais si impressionnée que j’ai laissé de côté le petit texte que j’avais préparé pour expliquer l’état de mes cheveux. J’ai posé mon gros bidon de femme enceinte sur le rebord du comptoir qui sert généralement à poser le sac quand on y cherche le chéquier et je lui ai dit tout de go :

- Je ne me suis pas occupée une seule fois de mes cheveux pendant ma grossesse. J’ai des rastas partout. Je me marie samedi.

J’ai scruté son visage à la recherche d’une étincelle d’expression négative mais il n’exprima rien d’autre qu’un désir d’aller immédiatement à l’essentiel.

- Vous vous mariez à quelle heure samedi ?

- 10h.

- Ok, venez à 8h.

- 8h… ? C’est que moi….

Je me suis bien gardée de dire qu’à 8h du matin le jour de mon mariage, je comptais juste m’extirper des draps pour boire une tasse de thé avec la seule cigarette que j’avais gardée du dernier paquet fumé avant de dire que j’arrêtais à jamais. A la place, j’ai caressé mon bidon avec un air de Causette, d’un air de dire « ayez pitié de la pauv’ baleine échouée que je suis. » Le message de mes yeux verts implorants à ses grands yeux noisette décidés est passé comme une lettre à la Poste :

- Ok, vendredi matin 10h.

Ah ben voilà qui était mieux.

Le vendredi matin, j’y suis retournée avec le Sergent qui, d’un seul coup de tondeuse avait su, lui, se faire une coupe fort convenable pour son mariage. Sarah Connor m’attendait sur le pas de la porte, la jambe tendue vers sa bécane rutilante qu’elle regardait d’un air amoureux. Heureusement que ma maman ne m’accompagnait pas ce jour-là. Je crois que le côté « coiffeur de biker » pour un mariage aurait pu la faire friser. Moi, sous mes rastas, je n’en menais pas large et je me serais mal vue dans un salon pour cucul la praline.

Un jeune homme était déjà entre les mains d’une assistante aux cheveux courts en pétard. Les cheveux courts en pétard sur un visage fin et ultra-féminin, ça me fait autant fantasmer qu’une opulente crinière sur un visage de poupée ou de louve. L’idée de me faire la même coupe courte m’a traversé l’esprit deux minutes. Comme je le disais un jour à une amie, si j’avais pu changer mon véritable prénom, je me serais appelée George, Charlie ou Max. Un prénom de mec sur une femme hyper-féminine, c’est marrant… Ceci dit, chaque fois que j’ai eu les cheveux ultra-courts, on m’a pris pour un mec pour de vrai, c’était moins drôle. Là, enceinte jusqu’au nez, je ne craignais plus qu’on se trompe de genre mais le Sergent, lui, ne voulait absolument pas me voir avec des cheveux courts.

- Quand tu seras plus mince, m’a-t-il murmuré à l’oreille

- Little bastard ! (avec l’accent, please)

La coiffeuse a renchérit :

- Vous êtes très frisée. Vous auriez plutôt l’air d’un chérubin.

Elle m’a achevée, la Sarah. Du coup, je me suis tue et j’ai attendue qu’elle tâte mes rastas pour connaître son opinion sur l’ampleur des dégâts. Rien. Pas une moue. Pas un mot. Une vraie pro. Elle a pris un peigne à larges dents, attrapé ma plus grosse rasta et a commencé à tirer, tirer, tirer… De mes yeux humides, je la voyais me sourire dans le miroir. Un ange, cette fille ! Elle en était à la moitié de la première grosse rasta quand un homme petit, fort chevelu et bedonnant est entré un croissant à la main. C’était le maître des lieux, visiblement désœuvré, qui errait sur le boulevard et passait voir si tout était en ordre.

- C’est la future mariée que tu as là ?

Sarah Connor hocha la tête.

- Aïe !

Je n’ai pu m’empêcher de crier même si, depuis dix minutes, elle avait réussi à se frayer un chemin dans ma tignasse sans vraiment me faire souffrir.

- Qu’est-ce que tu lui fais, là ?

Le coiffeur s’était approché. Sarah lui expliqua que j’étais fatiguée par ma grossesse et que je n’avais pas pu m’occuper de mes cheveux. Je ne sais pas si quelqu’un m’a réellement cru sur ce coup mais j’ai atteint un degré de honte rarement égalé dans ma petite vie quand le bonhomme s’est exclamé avec fougue que la technique qu’il employait avec son chien était bien plus efficace.

Autant vous dire que j’ai braqué mon regard sur le reflet du Sergent dans le miroir avec la ferme intention de le pulvériser s’il n’ébauchait ne serait-ce qu’un sourire ironique à la vue d’une comparaison aussi peu flatteuse.

Le coiffeur a farfouillé dans un panier suspendu, pris une paire de ciseaux rouges aux bouts étincelants, a reculé d’un geste de la main ma Sarah Connor et s’est employé à lui montrer comment démêler une rasta façon canine avec toute la prétention d’un vieux mâle imbu de lui-même.

Le problème, c’est que je n’étais pas son chien et que mes cheveux, semblables à HAL dans 2001, l’Odyssée de l’espace, n’ont pas voulu se laisser faire…

Quelques dizaines de secondes plus tard, j’avais une mèche teinte en rouge. Je l’ai senti tirer un peu trop vigoureusement sur quelques cheveux, l’ai vu lever frénétiquement la paire de ciseaux qu’il empoignait de la main droite et… alors qu’il s’abattait sur un nœud gros comme un nid de cailles… Il a hurlé « putain, merde ! ». Du sang giclait sur le miroir et ma blouse. Il s’est tourné précipitamment vers le mur où du sang s’est mis à perler aussi. D’un calme olympien, la coiffeuse aux cheveux ultra court constata « mon pauvre Jo, tu pisses le sang ! » et ce n’était pas peu dire. Sarah Connor était devenu aussi blême que son chef qui du pouce droit essayait de contenir le jet de sang qui surgissait de sa paume gauche. Il venait de s’entailler un tendon en me comparant à son chien.

Heureusement, Sergent qui n’était pas venu pour rien l’emmena illico aux urgences les plus proches. D’après ses dires, Jo le coiffeur faisait à ce moment-là bien moins le malin. Quant à mon démêlage, il reprit avec une certaine crainte et plus de douceur. Sarah Connor redoublait d’attention.

Le lendemain matin, après m’être levée, j’ai salué mes boucles toutes démêlées, fraîches et pimpantes et j’ai grillé la der des der. Deux heures après, j’allais me marier. Deux mois plus tard, j’allais accoucher. Mes cheveux et moi savions ce matin-là que notre vie allait changer à tout jamais.

Devant la mairie, un peu avant 10h, ma grand-mère m’a dit :

- Tu es allée chez le coiffeur ? Ca te va bien. Au club de cartes, on a raconté que le coiffeur du boulevard était allé à l’hôpital à cause d’une femme enceinte qui allait se marier.

- Nooon ? Ben quelle histoire, mémé !


THE END

Rectif de taille, mes amis: Farah fawcett est morte hier elle aussi !!!

Je m’en vais me replonger dans mes années 80…



La vie de vos cheveux: l’histoire d’Aneth

Posted in Les cheveux by Flannie on juin 4th, 2009

Aujourd’hui, c’est Aneth qui vient nous raconter la vie de ses cheveux et me faire fantasmer avec sa coupe rock

La vie de mes cheveux a été mouvementée entre mes 9 ans et mes 16 ans. Petite j’ai toujours eu les cheveux longs, coiffés en tresse unique. A 9 ans, ma maman s’est lassée de mes cris lors des démêlages, je suis partie chez le coiffeur pour un carré classique, sans frange. Premier traumatisme. Je lui en ai longtemps voulu et j’ai (longtemps aussi) gardé la tresse coupée. Le carré n’a pas été plus convaincant: mes cheveux sont raides et lourds, ont tendance à se plaquer et ma maman voulait me faire un brushing pour que le bas de la coupe “rentre” bien. Les galères continuaient.

En 6ème, passage radical: coupe très courte. Avec mon acné et mon appareil dentaire, j’avais un sex-appeal fantastique. J’ai alors décidé de prendre les choses en main, de laisser repousser mes cheveux et de les… friser! Sur des cheveux raides, le temps de pause des permanentes (on est dans les années 80) est infini. Tout le monde me fait comprendre que mes cheveux son affreux, une calamité, raides et gras. J’en suis déprimée. Moi qui n’ai déjà pas beaucoup confiance en moi, cela ne m’aide guère. Comme chaque passage chez le coiffeur est un supplice, en 2nde je me dis que la seule solution est de faire un nième carré et de le laisser pousser, pour garder ensuite mes cheveux en chignon plus ou moins élaboré. Au final, ça a duré entre 1991 et 2005! Avec juste un entretien maison: coupe de la frange (parfois hasardeuse) et coupe des pointes (plus facile). J’ai pu m’en donner à cœur joie: tresses multiples, chignons, cheveux lâchés. Tout le monde admirait mes cheveux et leur longueur (plus d’un mètre).

En 2005, j’ai eu mon petit garçon. Et là, les cheveux longs ont commencé à être durs à entretenir. En même temps, j’en avais assez de mes coupes d’éternelle étudiante, j’avais envie de changer. J’avais plus confiance en moi aussi, je savais plus ce que je voulais. Et surtout, j’avais digéré les préceptes de ma maman (l’obsédée du brushing et qui veut toujours que les cheveux fassent ce qu’ils ne font pas naturellement). Je crois aussi, que les coupes actuelles sont plus naturelles, plus “sauvages”, moins travaillées qu’à l’époque. Donc, je suis allée chez le coiffeur au bout de ma rue et lui ai demandé de couper. La coiffeuse était un peu inquiète. J’avais une photo du résultat final mais quand elle a pris les ciseaux pour couper la longueur, je crois qu’elle avait des sueurs froides. Alors que moi, j’étais confiante, heureuse presque. Comme si je me libérais de quelque chose. J’ai navigué encore un peu, entre deux rdv. Mais j’étais confiante, parce qu’à chaque fois que je vais voir ma coiffeuse, elle me complimente sur ma matière de cheveux: épaisse, dense et qui tombe bien, sans onduler là où on ne veut pas (idéal pour le résultat souhaité).

En fin de compte, j’ai trouvé que le court (mais pas rasé), avec petite frange, oreilles biens dégagées et nuque plus ou moins longue me convenait bien. Et ne contrariait pas mes cheveux. Un jour je mets un peu tout ça en pétard et c’est ma coupe “rock”, le lendemain, je brush un peu, floute le tout et c’est plus sophistiqué. J’ai juste ajouté quelques mèches blondes à mon châtain et je me sens bien. Enfin femme bizarrement. Mais je crois que c’est un tout. Qu’il fallait que les choses avancent dans ma tête. Que je trouve mon style, ma personnalité.

J’ai un regret, sans doute idiot: pendant un séjour à Londres, j’avais des envies extrêmes (punk et Doc’Martens). Je voulais les raser. Je ne l’ai pas fait. Dommage de ne pas avoir tenté l’expérience.

La vie des cheveux de Sophie

Posted in Les cheveux by Flannie on mai 28th, 2009

Aujourd’hui, mes amis à poils et à cheveux, nous recevons Sophie qui vient à son tour nous raconter quelques épisodes de la vie de ses cheveux :

Quand j’étais petite, horreur, ma mère me coiffait avec une choucroute sur la tête et parachevait la chose en me vêtant de robes de velours bleu-roy col Claudine. Moi qui ne rêvais que de pantalons… Les poux, j’ai connu aussi mais pas de coupe courte, de la Marie Rose, ce machin beurk qui pue le vinaigre. Les pouxxx ont trépassé mais ma mère a gardé l’habitude de me faire des cures de Marie Rose, juste parce que ça faisait des beaux cheveuxxxx. Première coupe courte à 15 ans, puis re-pousse, puis re-coupe enfin, le yoyo habituel, n’est-il pas? Et au milieu de tout cela, des expériences plutôt étranges, cheveux verts avec le chlore de la piscine sur une couleur qui se voulait blond cendré, tu parles : caca d’oie veux-je dire !
Plus tard, pour un voyage au Maroc, je décidai de faire dans le pratique, pas de brushings pendant 45 jours, la solution, le défrisage. Heu… Je n’ai, en effet, pas eu besoin de brushings : tous mes cheveux étaient tombés dans la nuit….. Chauve ! comme un oeuf, comme le genou de Paris Hilton, comme Yul Briner. Ca a mis des mois à repousser. Je les ai gardés courts longtemps, façon garçon, pratique, facile à entretenir et… pas des masses féminin quand même ! Alors, pour fêter notre demi-siècle, je laisse mes cheveux vivre leur vie et, au lieu de les brimer avec des interventions sauvages de ciseaux en délire, nous avons décidé de grandir ensemble, eux et moi. Je gage qu’ils grandiront plus vite que moi.


Sophie, racontez-nous comment vous avez pu perdre vos cheveux en une nuit !

Pour la chute irrémédiable de ma pilosité capillaire (pléonasme?), j’ai fait un défrisage, seule, comme une grande. Un temps de pose trop long, des cheveux qui avaient besoin de tout sauf d’un traitement comme celui-là, bref, une ineptie comme on en fait toutes, et les cheveux ont été cassés à la racine. Brûlés, je pense. Imaginez la scène : vous vous couchez, fière d’avoir enfin une chevelure lisse, blonde, barbitesque à souhait, et la première chose que vous ne voyez pas à votre réveil, c’est la touffe de poils qui vous sert de taie d’oreiller. Un peu dans le coaltar, vous arrivez à tâtons dans la salle de bains, jetez un coup d’oeil machinal au miroir et là, non, mais qu’est-ce que…qu’est ce qui… hein, c’est pas poss……….. et si, c’est possible. Le plus drôle, c’est que tout n’était pas tombé, il restait des mèches accrochées,
comme sur le crâne des poupées qu’on retrouve dans les greniers. Ca faisait un machin informe, plein de trous et une touffe de poils ici et là. J’ai dû tout raser. Et, très “crâne”, j’ai affirmé à mon entourage que c’était un choix esthétique délibéré. Si, et pourquoi pas? Je voulais voir quelle tête avait mon crâne nu. S’il avait des trous et des bosses ou s’il était lisse et bien proportionné. Chance, la seconde hypothèse était la bonne. Et puis, zut, à la fin, je fais ce que je veux avec mes cheveux, na. Belle revanche sur l’immonde choucroute de mon enfance, la boule à zed. Le hic, c’est pour se maquiller : jusqu’où on met le fond de teint? Et à la plage : chapeau, casquette, écran total? Ca fait des démarcations, c’est tartissime ! Heureusement, il y a un bon côté à cette expérience quasi initiatique : c’est attendrissant quand ça repousse, on a l’air d’un poussin. C’est tout doux. On a envie de se prendre dans ses
bras et de se bercer doucement en se caressant le crâne.


Vous avez eu du cran de sortir ainsi le crâne chauve…

Je ne sais pas si une femme au monde n’a jamais rencontré un jour un souci avec ses cheveux, celles qui disent que pas de problème et tout, moi je dis qu’elles refoulent ! En fait, je crois bien que les périodes cocon, les périodes massacre, les périodes je m’en fous sont le reflet de nos états psychiques profonds. Les cheveux font partie de nous, mais ils ont l’avantage de repousser, alors, on se venge un peu sur eux et on leur fait ce qu’on voudrait se faire subir à soi même, mais on n’est pas toutes suicidaires, alors, on se défoule sur ce qui “craint” le moins, nos cheveux. Cette théorie en vaut bien une autre…


Je suis tout à fait d’accord ! Pour moi, les cheveux sont bien plus le miroir de l’âme féminine que les yeux.

Merci, Sophie, de nous avoir apporté votre témoignage ! En effet, je me sens un peu moins seule avec mes problèmes capillaires maintenant. Pour la peine, je vous raconterai bientôt les exploits de mes cheveux la veille de mon mariage…

La vie de VOS cheveux

Posted in Les cheveux by Flannie on avril 9th, 2009

N’allez pas croire que j’ai oublié de vous raconter le dernier épisode de la vie de mes cheveux. Il n’y en a tout simplement pas.

J’avais dit que je vous conterai cet épisode en janvier mais mes cheveux se sont à nouveau emmêlés et mes idées avec. Il m’a fallu plusieurs jours pour parvenir à défaire les gros gloubs qui s’étaient formés de chaque côté de ma tête (quand Bob Marley rencontre Belzébuth…). Retenus par un élastique, mes cheveux pouvaient presque faire illusion mais, lâchés, c’était un vrai problème. J’avais l’air cornue avec ces deux moignons faits de cheveux qui avaient encore bouffé de la moumoute de couverture (ou de pull, allons savoir…)

Je n’ai pas ri.

Je n’ai pas pleuré.

J’ai simplement constaté que s’écrivait là un nouvel épisode de la vie de mes cheveux et qu’il n’y aurait donc jamais de fin.

Même une fois enterrée, je suis sûre que mes cheveux continueront à vivre sans moi en s’agrippant aux racines des arbres du cimetière. Qui sait s’ils ne créeront pas une espèce mutante d’arbres à rastas ?

Bref, il n’y aura jamais de dernier épisode.

Par contre, je promets de vous raconter le crime que mes cheveux ont commis à la veille de mon mariage si vous me racontez à votre tour la vie de vos cheveux, histoire que je me sente moins seule les soirs de grand démêlage…. ;-)

(vous pouvez nous les envoyer par mail ou tout nous raconter (j'ai bien dit "tout" !) dans les commentaires...)

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Mes cheveux sont plus beaux que moi, part 5

Posted in Les cheveux by Flannie on décembre 19th, 2008

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LA BOHEME CAPILLAIRE

J’avais 20 ans, mes cheveux aussi. Nous étions jeunes, insouciants et heureux – sauf peut-être mes cheveux qui apprenaient depuis quelques temps à résister non sans mal aux longues nuits de beuveries que Lord Paclair et moi leur infligions plusieurs fois par semaine. Sans compter les orgies de kebabs, de pizzas et d’autres plats innommables que nous nous faisions livrer en France comme en Angleterre… La vie étudiante dans toute sa splendeur, sauf pour mes cheveux qui commençaient à devenir aussi gras qu’un paquet de frites anglaises. Pour mieux asseoir la réputation des Français et de leur hygiène au milieu de mes colocataires, je ne lavais pas ma tignasse tous les jours. Je sais que les anglais aimaient se passer au karsher matin et soir mais moi, non. Ma peau ne supportait pas. Mes cheveux non plus. De plus, il était impossible de prendre une douche digne de ce nom dans un appartement partagé par 7 personnes dont un dandy et deux charmantes anglaises qui se faisaient piquer pour éviter les désagréments de leurs menstruations. Autant vous dire qu’elles s’épilaient tous les jours de ce fait et monopolisaient la douche pendant des heures.

Quand Lord Paclair, mes cheveux et moi sommes rentrés en France, j’avais donc des boucles grasses qui avaient foncé en l’absence du soleil. Une fois chez moi, j’ai vite repris goût au shampooing quotidien car mon nouveau travail m’y obligeait. J’avais un travail très physique pour lequel je me levais aux aurores chaque matin sans vraiment prendre la peine de me coiffer. Le soir, je rentrais fourbue et avais à peine la force de manger. Tout ce que je faisais en général était de prendre une douche et me coucher après un repas frugal.

J’ai commencé par avoir quelques petits nœuds de ci de là, rien de bien grave, puis l’hiver est arrivé. Mes insatiables boucles se sont alors nourries de toutes les petites boules de laine qu’elles pouvaient arracher à mes pulls et à la couverture. On aurait dit qu’elles faisaient des provisions pour l’hiver. Elles construisaient un cocon capillaire autour de chaque bout de laine, grossissant ainsi la quantité de nœuds qui se formaient dans mes cheveux. Chaque soir, en me lavant les cheveux, je pratiquais un démêlage sommaire, me promettant de m’attaquer sérieusement à ces affreux nœuds durant le week-end. Bien sûr, je n’en faisais rien mais un matin l’inévitable se produisit.

La veille, je m’étais couchée les cheveux mouillés et durant la nuit ils avaient séché sur l’oreiller en formant de gros paquets. Nous n’avions plus affaire à des petits nœuds ou des cocons. Non, nous étions face à un problème beaucoup plus impressionnant : des ras-tas ! Les cheveux rebelles s’étaient ligués entre eux pour former les plus ignobles rastas que je n’avais jamais vues. Elles se dressaient, droites et moqueuses, au-dessus de ma tête. Brett se mit à rire en me voyant surgir des ténèbres de la nuit. J’étais une version hybride de la Méduse et de Bob Marley, de quoi pleurer.

Comment mes cheveux avaient-ils pu en arriver là ? Voulaient-ils me faire payer mon manque d’attention à leur égard ? Me détestaient-ils ? Les parabens les avaient-ils rendu fous ? Je m’interrogeais en essayant de les séparer quand je me souvins de l’ordinateur qui avait pris contrôle du vaisseau dans le 2001 de Kubrick. Nous étions en train de tourner la suite de ma première odyssée du cheveu : 2010, l’année du premier contact. Je n’avais plus qu’à me trouver un coiffeur digne de Roy Scheider.

Non, je ne pouvais pas. Si, il le fallait.

Non, je ne pouvais pas. J’avais trop honte.

Personne ne croirait à mon histoire de monolithe et de cheveux tentant de prendre à nouveau le contrôle de ma vie. Je n’avais plus qu’une solution : faire comme Bowman et tenter de déconnecter mes cheveux rebelles. Pendant plusieurs jours, nous lutâmes. Plus je tirais, plus ils s’enroulaient. Plus je les huilais, plus ils se serraient. Il n’y avait rien à faire. Au bout de deux semaines, Brett ne rit plus. Il en avait assez d’être attaqué chaque soir par une bande de rastas sur l’oreiller. Dans mes rêves, je m’imaginais conduite à l’autel dans une somptueuse meringue blanche avec quatre rastas pendant dans mon dos. J’entendais le prêtre façon Rowan Atkinson demandait en bégayant à Flannie Ma.. Ma.. Ma… Marley si elle voulait prendre pour époux Lord B…B…B… Brett Pa… Pa… Paclair comme époux. Je voyais alors ma belle-mère bondir de son banc avec une paire de sécateurs à la main.

Je ne pouvais pas rester dans cette situation mais je ne savais pas quoi faire. Mes rastas avaient éliminé tous les peignes d’élite qui les avaient approchées. J’avais peur qu’elles en fassent de même avec les innocents coiffeurs de mon quartier. Sans parler de la honte que j’éprouvais chaque fois que quelqu’un se plaçait derrière moi.

Un soir, au beau milieu d’une discussion apparemment anodine, Brett me dit en riant qu’il ne comptait pas m’épouser. J’ai ravalé ma salive et me suis coupée les cheveux le lendemain. Comme d’habitude, je n’avais pris la peine de prévenir personne. La coupe n’était pas trop mal à mon goût mais je savais que Brett, qui ne jurait que par la beauté des longs cheveux féminins volant au vent, n’apprécierait pas du tout. J’ai couru au supermarché du coin et me suis offerte pour la toute première fois de ma vie un flacon de couleur. J’ai choisi auburn pour ses tons chauds et terriblement glamour à mon goût. Ensuite, je suis rentrée, l’ai scrupuleusement appliqué comme indiqué sur la notice explicative, ai commencé à préparé le repas et… boum, les plombs ont sauté. Loin de m’émouvoir, je me suis rincée dans le noir et ai attendu l’homme à tout faire de l’immeuble, un fort brave monsieur qui arriva – chose que je n’avais pas prévu – en même temps que Brett et notre toute nouvelle voisine qui désespérait de se faire des amis dans le coin. Je les ai installés autour de la table avec une petite bougie. Quand le courant est revenu, seul le réparateur m’a souri avec son amabilité habituelle. La voisine a éclaté de rire (dommage pour elle qui voulait se faire des amis….), Brett a ouvert grand la bouche et a ri à son tour.

Ce genre de comportement de la part d’un homme qui vous dit négligemment la veille qu’il ne vous épousera pas n’aurait pas dû me surprendre mais j’ai quand même été blessée au plus profond de mon âme capillaire. Je maudissais autant ce goujat que mes cheveux que je tenais désormais à garder courts, ultra-courts, comme un défi aux hommes idiots. Je me faisais régulièrement des couleurs, jouais avec mon maquillage, osais de nouvelles tenues qui se mariaient, elles, avec mes cheveux colorés. Somme toute, j’étais plutôt sophistiquée à l’époque.

Un jour, dans un bar, j’ai croisé un copain qui paraissait atterré. Sa copine venait de l’appeler pour lui dire qu’elle sortait du salon de coiffure.

- Elle a tout coupé, tu te rends compte ? Elle est folle !

- Oh…

- Ch’ peux pus sortir avec une fille qui a une coupe de mec, quand même !

- Attends de voir. Ca peut être très joli.

J’ai attendu avec lui et j’ai trouvé, en effet, que la coupe était très réussie. En fait, ce n’est pas la coupe que j’ai vu en premier. C’était l’air épanoui de la jeune femme, un air léger, heureux, libéré… Quand son ami lui a demandé pourquoi – mais ô grand dieu pourquoi – elle s’était coupée les cheveux, elle a simplement répondu en souriant :

- parce que j’en avais envie depuis longtemps.

Quelques jours plus tard, c’est elle qui plaquait son compagnon et non l’inverse. Moi, je suis restée plusieurs années avec Lord Paclair mais ce n’est qu’aujourd’hui que je me rends compte que j’ai attendu notre séparation pour laisser mes cheveux repousser.

On entend parfois dire que nos yeux sont le reflet de notre âme. Et si c’était complètement faux ? Et si c’était notre chevelure – et non notre regard – qui était le reflet de notre âme ?

Sur cette question hautement philosophique, je vous laisse et vous donne rendez-vous après les fêtes pour découvrir le dernier épisode de L’Odyssée du cheveu.

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Mes cheveux sont plus beaux que moi, part 4

Posted in Les cheveux by Flannie on octobre 28th, 2008

Relire l’épisode 1

Relire l’épisode 2

Relire l’épisode 3

Bon, je suis sympa. Aujourd’hui, je vais mettre fin au suspens insoutenable qui régnait sur ce blog depuis maintenant deux semaines.

Vous voulez savoir ce qu’il s’est passé entre le beau prince charmant et moi ?

Et bien, rien.

Il est parti aussi sec, a dévalé les marches et retrouvé ses copains. S’il ne m’a rien dit, à ses copains, par contre, il a parlé et les quelques marches qui nous séparaient ne les ont pas empêché de rire pour autant.

- Alors ? a dû lui demander le plus grand des trois.

….

(Je n’ai malheureusement pas entendu ce qu’il a répondu à cet instant. Toujours est-il que les autres ont ri et que le petit trapu s’est même retourné pour me dévisager d’un air narquois.)

- Ouais, t’as raison. Les cheveux ok mais la gueule non.

Comment dire ?

Dans ma tête, j’ai vu se déchirer en mille morceaux les bans de notre futur mariage, ma robe de princesse, mon bouquet… et surtout mon ego.

J’avais beau savoir que je n’étais pas d’une beauté époustouflante, je n’en étais pas moins un être sensible bourré de complexes qu’il valait mieux ne pas réveiller.

Trop tard. Ce crétin sans cœur avait remis la machine à complexes en route.

Les quelques semaines qui ont suivi ont été atroces. Je rasais les murs du lycée et ne parlais plus à personne à la maison. Quant à mes « amies » (exceptée la jeune fille qui me pinçait chaque fois que son cœur se retournait), elles me regardaient avec un air qui disait « ma pauvre, mais à quoi t’attendais-tu, enfin ? » Je détestais le lycée et ces amies qui n’en étaient pas, qui m’avaient monté le bourrichon sur la féminité, la beauté, les garçons et m’ont fait passer à côté de beaucoup de joies simples, finalement. Et puis, je détestais mes cheveux. Comment pouvaient-ils être plus beaux que moi, d’abord ? Je voulais juste passer inaperçue. Je détestais mes cheveux.

Je n’avais pas assez d’argent de poche pour faire de la chirurgie et tenter d’avoir un visage à la hauteur de la chevelure. Par contre, je pouvais sans frais mettre mes cheveux à la hauteur de ma face. Je n’avais qu’à les…. Ra-ser !

C’était sans compter l’intervention de mes parents qui m’interdirent formellement, sous la menace de punitions sévères, de me raser la tête. A la place, je les ai donc simplement coupés, toute seule, comme une grande. J’avais la boule en pétard mais ce n’était pas trop mal. Ca me donnait « un genre », un air rebelle… le style parfait pour une adolescente « énervée de la life et tout et tout »

(Il faut dire que les cheveux frisés offrent un certain avantage à la coupe. Même quand on se rate un peu, ça se ne voit pas au milieu des bouclettes).

Avec ma coupe, je me suis mise à m’habiller comme un petit mec et porter des couleurs sombres. Je ne me trouvais pas belle mais je ne rasais plus les murs. C’était au moins cela.

Quand le pétard s’est transformé en afro, j’ai couru chez une amie, coiffeuse de formation, en la suppliant de raplatir le monstre qui poussait sur mon crâne. Elle y passa une après-midi entière et fuma la moitié d’un paquet de cigarettes. Aucun résultat. Elle ne comprenait pas pourquoi. Les paumes de ses mains étaient rouges et ses nerfs à fleur de peau.

“- P’tain, j’arrive pas avec tes cheveux ! C’est quoi que t’as sur la tête ? Non, mais merde ! J’arrive à défriser des femmes noires toute la journée au salon et toi, pas moyen ! On dirait des *** bip de *** bip !”

Le genre de réflexion charmante qui aide à se sentir bien dans sa peau, n’est-ce pas ? (Pour sa défense, je précise qu’elle venait de rompre et de s’épuiser à me défriser pendant plusieurs heures.) Quand je suis rentrée chez moi, mes parents n’ont même pas cru que j’étais allée me faire coiffer vu qu’il n’y avait aucun changement. Ils m’ont donc passé un savon.

Plus tard, j’ai renouvelé l’expérience chez JLD. J’ai donné tout mon Noël (soit 300 Frs je crois) pour une crème révolutionnaire qui ne m’a défrisée que… 3h. Là aussi, mes parents ont cru que je m’étais fichue d’eux.

Rien n’y faisait. Mes cheveux voulaient rester frisés.

J’ai alors misé sur divers accessoires et couvre-chefs qui m’ont permis de passer la période afro avec un minimum de dégâts visibles : foulards, bérets, casquettes gavroche… Tout était bon pour cacher ces cheveux que je ne pouvais voir.

Quand l’été est arrivé et que les couvre-chefs me tenaient trop chaud à la tête, j’ai misé sur une nouvelle arme sensée réorienter les regards qui s’attardaient trop sur ma chevelure disgracieuse. Il s’agissait de mon décolleté.

C’était une toute nouvelle arme qui n’était pas encore source de complexes pour moi car je ne l’avais pas encore beaucoup montrée ;-). J’y suis allée avec le culot de l’innocence et, quand j’y repense, je me dis que jamais je n’oserais à nouveau porter de tels décolletés. Grâce aux nouveaux soutiens-gorges sur le marché, je me mis à donner à mes seins le volume que j,e refusais à mes cheveux. Je connaissais encore assez peu les hommes et leurs réactions et() j’ai vite regretté l’époque où les hommes voyaient autre chose que mes seins. Quelle bande d’obsédés, ces bons hommes !

J’ai remis les seins au placard dans l’espoir que la gente masculine s’intéresserait à nouveau à ma tête, du moins, à ce qu’il y avait dedans. Comme beaucoup d’ados, je ne savais pas ce que je voulais. Je voulais qu’on me regarde. Je voulais qu’on ne me regarde pas. Je voulais qu’on me regarde comme ci et pas comme ça, pour ceci et pas pour cela.

Quelques années plus tard, j’ai retrouvé l’équilibre avec un charmant gentleman, Lord Brett Paclair. Le premier qui a su regarder le corps, les cheveux, la tête et ce qu’il y avait dedans en aimant tout à la fois. Le bonheur, quoi !

Mes cheveux, attendris, se sont laissés repousser.

J’avais 20 ans. Nous étions à l’aube d’une ère nouvelle. La femme chevelue et bourrée de complexes que j’étais aller enfin s’épanouir.

C’était bien sûr sans compter un nouvel épisode dans lequel mes cheveux allaient à nouveau jouer les trouble-fête…

(Si quelqu’un trouve, là, franchement, je lui paie le coiffeur !)

Crédits Photo:
“A facelift for your hair”
Product : Hairdresser salon
Agency : Saatchi&Saatchi Romania
Country : Romania
Photographer: Johan Tholson
Typographer: Roger Kennedy
Executive Creative Director: Nick Hine
Art Director: Lena Ohlsson/Sarah Sturgess/Roger Kennedy
Copywriter: Lena Ohlsson/Sarah Sturgess/Theadora Szabo
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Mes cheveux sont plus beaux que moi, part 3

Posted in Les cheveux by Flannie on octobre 14th, 2008

Relire l’épisode 1

Relire l’épisode 2

Episode 3 :

Des P-O-U-X !!!

j’ai bien eu des poux et ce seulement quelques jours avant le grand événement (la Garden Party chez la Baronne). Avouez que ce n’était vraiment pas de bol ! Durant toute ma petite enfance, ainsi que celle de mon premier frère, j’avais réussi à leur échapper. Et voici que, grâce au petit dernier (nous avons dix ans d’écart), j’allais manquer l’école et la fête chez la baronne ! Nan, nan, nan, nan….

Je ne savais ce qu’était un pou mais je savais, par contre, que je ne louperai la fameuse party pour rien au monde. J’ai donc scrupuleusement suivi les consignes de ma maman. J’ai fait shampooing sur shampooing, démêlage sur démêlage et arrivai un soir devant ma mère la tête plus propre que jamais.

Ca y est, maman. Je peux retourner à l’école.

Tu t’en es débarrassée ?

Et oui ! Plus aucun pou !

Ouf ! laissa-t-elle échapper en regardant la poubelle dans laquelle se battaient tous les peignes qui s’étaient cassés dans mes cheveux pendant ces quelques jours.

C’était la veille de la Garden Party. J’eus juste le temps de faire mes devoirs, préparer ma tenue et manger avant d’aller me coucher. Evidemment, cette nuit-là, je ne trouvais pas le sommeil et c’est excitée comme une puce que je me levais le lendemain matin, prête à retourner à l’école.

Le glas ne sonna qu’à midi, une fois de retour à la maison. Je me demandais pourquoi ma maman n’arrêtait pas de me regarder d’un drôle d’œil en mangeant. Je pensais que c’était parce que je faisais trop de bruit alors j’ai fermé ma bouche et me suis mise à mâcher tout doucement. Soudain, elle s’écria en lâchant sa serviette :

Mais tu en as encore plein !

Glourps ! je n’eus même pas le temps de finir mon repas. Mon père m’éjecta à la salle de bain (il n’avait aucune envie d’avoir à nouveau des poux) où ma mère m’attendait déjà (parfois, je me demandais si elle ne possédait pas le don d’ubiquité…) avec le pommeau de douche fumant et menaçant. Et elle me relava les cheveux, les démêla, cassa un peigne -le dernier vraisemblablement – et s’énerva. En moins de temps qu’il ne m’en faut aujourd’hui pour l’écrire, elle revint avec les ciseaux et la tondeuse.

Pas la peine que je vous décrive la suite.

Ne croyez pas que j’étais triste. Non, pas du tout. J’étais en fait extrêmement soulagée car l’idée d’avoir un truc vivant dans mes cheveux me rendait hystérique. J’ai même embrassé ma maman pour la remercier avant de prendre mon sac à dos et filer sur la route de l’école le cœur léger. Ce n’est que vers 13h20 que je me suis mise à regarder la réalité en face (pure spéculation sur l’heure sachant que l’école reprenait à 13h30 et que je n’étais pas encore tout à fait en vue du collège quand j’ai commencé à paniquer).

J’avais quitté mes camarades à midi avec ma crinière arrivant au milieu du dos et je revenais moins de deux heures plus tard avec la coupe d’un GI. Comment dire ? Rien qu’avec un air « normal » on pouvait se faire charrier du matin au soir. Que dire de ma nouvelle coupe ? J’ai vraiment commencé à paniquer et, malgré l’heure, j’ai fait un long détour entre les villas qui entouraient l’école pour ne pas être vue. C’était stupide car cela ne reculait que de quelques minutes l’instant fatidique où j’allais entrer en classe et provoquer un éclat de rire général qui serait certainement répertorié sur l’échelle de Richter. C’était d’autant plus stupide que je suis tombée sur…

… la Baronne et sa cour.

Ben oui, bête comme j’étais, je ne m’étais pas rendue compte qu’en faisant un détour pour éviter l’école et les grands axes, j’allais droit chez la baronne. Elle discutait avec son petit copain sur un chemin sablonneux entre les villas, accompagnée de sa troupe d’amies hyper sophistiquées. Sophistiquées mais pas frisées. C’est peut-être d’ailleurs la seule raison qui avait poussé la baronne à s’intéresser à moi de plus près car la baronne, voyez-vous, était elle aussi frisée. A un petit détail près. Elle avait toujours la « frisure bloc » et extrêmement sèche, un peu comme le dessus d’un tampon à gratter alors que les miens avaient mué.

En les voyant, j’ai essayé de sourire et faire quelques mimiques en direction de mes cheveux. J’appliquais une fameuse technique qui consiste à se moquer de soi la première pour couper l’herbe sous le pied des autres. Le résultat fut discutable. La baronne me regarda avec des yeux ronds et une moue un peu peinée tandis que ses grandes copines ébauchaient des sourires qu’elles avaient bien du mal à contenir. Une fois passée, je les ai entendues rire et j’ai pensé que ce n’était rien comparé à ce qui m’attendait en classe.

Je n’eus pas tort. Les troublions de service qui animaient la classe en temps normal hurlèrent de rire et invitèrent les autres à taper dans leurs mains. La honte ! Je me souviens encore de Ben A qui pleurait derrière ses petites lunettes. Le vaurien ! Et la prof de Français qui demandait aux élèves de reprendre leur calme tout en riant aussi !

A la fin des cours, j’ai attendu la Baronne à sa table le temps qu’elle finisse de ranger classeurs, cahiers, élastique, rouge à lèvre, baume hydratant, trousse, parfum, livre… sous l’œil bienveillant de la prof. Elle était charmante avec moi, comme bien souvent quand ses copines n’étaient pas présentes. On parla une minute ou deux de mes cheveux puis elle me proposa de rester un peu plus tard chez elle. Bien sûr, son copain me ramènerait en voiture en fin de soirée. J’était très honorée qu’elle daigne me « prêter » ainsi son copain.

C’est vraiment gentil. Tu es sûre que ça ne te dérange pas ?

Non. Tu n’es pas Sophie (= sa meilleure amie). Je sais que je n’ai rien à craindre de toi. De lui non plus, d ‘ailleurs.

Elle me le dit sur un ton si méprisant que je l’ai accompagnée jusque chez elle mais ne suis pas rentrée. J’ai prétexté ne pas avoir encore touché à mon exposé et suis rentrée chez moi, vexée comme… un pou !

Quelques mois plus tard, je suis entrée au lycée avec un petit casque sur la tête. J’étais la seule de mon collège à avoir choisi ce lycée. J’avais donc encore toutes mes chances de me faire accepter par les autres sans fichus préjugés sur les cheveux courts ou mon manque de sophistication. Au milieu de tous ces élèves venant du monde entier, je compris que la personnalité, ici, primait sur l’apparence. C’était génial ! Je n’avais plus qu’à cultiver ma personnalité et non mon champignon. Ce traître essayait de son gonfler d’importance aux yeux des autres mais je m’arrangeais toujours pour le raplatir. C’était une guerre de tous les instants. Adieu notre belle complicité collégienne. Nous étions bel et bien redevenus ennemis…

… ennemis jusqu’à la rentrée suivante où nous enterrâmes la hache de guerre. Mes cheveux avaient suffisamment repoussé pour éviter tout risque nucléaire. Bizarrement, les garçons se retournaient à nouveau sur moi pour me demander autre chose que l’heure ou les réponses au devoir de français. Je reprenais confiance en moi. Ma « meilleure amie » de l’époque me dit un jour que le plus populaire garçon de l’école n’avait de cesse de me regardait depuis quelques temps.

Ah bon ? T’es sûre ? répondis-je en devenant rouge comme une tomate. Je trouvais surprenant que le plus beau garçon de l’école s’intéresse à moi mais comme cette info provenait de ma meilleure amie, je n’en ai pas douté un seul instant. J’étais dans tous mes états, échafaudant déjà mon plan de table pour le jour de notre mariage.

Un matin, en sortant d’un devoir de maths, elle m’attrapa le bras et le serra si fort qu’elle me fit mal.

Mais qu’est-ce qu’il te prend, tu es folle ?

Ne te retourne pas, ne te retourne pas, ne te retourne pas… murmurait-elle en pleine asphyxie. Il arrive, il arrive, il t’a vue, il arrive, il arr…

Je me suis arrêtée au milieu des marches, incapable de descendre plus bas (Je vous ai déjà dit que j’étais très timide, non ?). Pour garder une certaine contenance, je me suis mise à chercher un truc imaginaire dans mon sac de cours. Mon amie me pinça très fort, si fort que j’en ai eu les larmes aux yeux. A cet instant, une paire de magnifiques yeux bleus se posèrent sur moi…

Tatatam…

Que se passa-t-il entre ses beaux yeux bleus et moi ?

Je vous le raconterai dans deux semaines

En attendant, je vous souhaite un excellent non-lundi !

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Mes cheveux sont plus beaux que moi, part 2

Posted in Les cheveux by Flannie on septembre 30th, 2008

Vous pouvez retrouver l’épisode 1 ici

Episode 2:


Finalement, mes cheveux et moi avons passé le cap de l’enfance sans trop de heurts. Ils faisaisent leur vie. Je faisais la mienne. C’était l’époque relativement paisible de la cohabitation.

A l’adolescence, les choses changèrent légèrement, comme vous pouvez vous en douter. Il y eut un important remaniement hormonal qui débuta par une tentative de coup d’état. Des frisettes très serrées essayèrent de prendre la place des capricieuses et indolantes anglaises. Les anglaises luttèrent bien un peu mais les frisettes étaient mieux armées. Plus les anglaises se débattaient, plus les frisettes se resseraient. C’était plutôt difficile à supporter pour ma part car, pendant que mes cheveux se livraient une bataille infernale, je ne ressemblais pas à grand’chose. Finalement, les frisettes prirent le dessus. Mes parents me regardèrent d’un drôle d’oeil comme s’ils m’estimaient responsable. “A-t-on jamais vu cheveu si frisé dans notre famille ?” semblaient-ils dire. (D’un autre côté, toute ma famille avait les yeux bleus alors que les miens étaient verts. Je n’étais donc plus à une contradiction près…)

Mes parents, mes frères, mes cheveux et moi déménagions quelques mois plus tard à l’autre bout de la France. Une nouvelle ville, un nouveau quartier, une nouvelle école… Durant le trajet, qui prit une éternité, je me plaisais à rêver à l’accueil que mes cheveux et moi aurions au collège. Je n’avais pas envie de me laisser aller à pleurer en pensant à mes amies, à toutes celles qui avaient souhaité un bon voyage à leur “petit mouton adoré”. Je préférais imaginer que de grandes choses attendaient mes cheveux et moi.

Et ce fut le cas !

D’abord, je fus traitée de caniche par une jeune fille blonde qui devint vite mon amie. “Caniche” était en fait l’insulte la plus agréable que je recevais chaque jour (on se moquait beaucoup de mon accent de Ch’ti et me traitait de bosch du Nord à longueur de temps). Les premiers mois furent des plus difficiles. je n’avais aucune envie de me lever le matin pour aller dans cette école horrible. Tout le monde parlait dans un argot que je ne comprenais pas. Dans ma rue, la majorité des gens étaient d’origine italienne. Je ne connaissais pas non plus un traître mot d’italien et ça les faisait rire. Tout ce que je voulais, c’était retourner dans mon plat pays.

Et puis, un jour, il se passa ce qui arrive bien souvent dans la vie d’une jeune fille de 13 ans. Mon regard croisa celui d’un garçon plutôt mignon. Mes joues devinrent rose, rouges, pivoine, cramoisies. Mes genous se mirent à trembler et mon coeur à s’accélérer. Le garçon me sourit et vint me parler. Il me trouvait jolie et - devinez quoi ? Il trouvait mes cheveux très jolis aussi. Waouh ! Je n’en revenais pas !

Chaque matin, quand j’allais à l’école, je laissais mes cheveux au vent, espérant croiser ce garçon si mignon. Bien souvent, cela marchait. Je ne sais pas si c’est moi qui partait plus tard ou lui plus tôt pour me rencontrer mais nous tombions bien par hasard sur l’autre chaque matin que Dieu faisait. J’aimais bien qu’il joue avec mes cheveux, qu’il tire dessus pour les faire remonter comme des ressorts. J’aimais même qu’il s’en moque gentiment. Cette petite cour dura environ un an. Ensuite, il se lassa (ce que je comprends facilement aujourd’hui ! D’un autre côté, j’avais 13 ans et lui 17…) Il se mit à sortir avec une fille “plus mûre” et moi je rattachai mes cheveux.

Aux vacances suivantes, un jeune allemand me poursuivit de ses assuidités dans tout un camping en criant après moi “schön…” je ne sais plus quoi (je suis nulle en allemand). M’enfin, ça voulait dire cheveux. A mon retour de vacances, ce fut la même chose dans le quartier puis à l’école. Je n’étais plus vraiment triste que Mr Coup de Foudre s’affiche avec Miss Mûre car je prenais peu à peu conscience que je possédais une arme… fatale : mes che-veux !

Ces fichus satanés enquiquineurs de cheveux avaient réussi l’exploit de plaire à un public beaucoup plus large et attrayant que les mémères à caniches et coiffeurs trop bavards: les garçons. Je n’en revenais pas ! Et ma mère qui me disait “Tu vois, quand je te disais que tu avais de beaux cheveux !”

Dès lors, je me mis à en prendre un soin démentiel. Jamais plus je ne sortais de la maison sans les avoir peignés, façonnés, huilés, spray-és… Bref, j’essayais tout pour les mettre le plus possible en valeur. Je demandais à ma maman de m’acheter barrettes, laques et baumes chaque fois que nous faisions les courses (bien sûr, elle refusait.) Mon papa, quant à lui, était ravi que je prenne enfin soin de ma tignasse. Lui qui avait eu les plus beaux cheveux longs de tout 68 désespérait de me voir autant négliger les miens. “Qu’est-ce que tes cheveux sont beaux quand tu en prends soin ! ” s’extasiait-il à longueur de temps. Je savais que c’était un peu forcé de sa part mais j’appréciais le compliment car c’était sa façon à lui de m’encourager. Toutefois, ses encouragements cessèrent le jour où ma mère prononça le mot “garçon”. Soudain, il trouva que je passais beaucoup plus de temps devant mon miroir qu’à faire mes devoirs et regarda d’un peu plus près mes tenues et coiffures avant de sortir de la maison. Heureusement pour moi, il ne se doutait jamais que je retirais mes gros pulls et mes queues de cheval dès que je franchissais le coin de la rue.

Mes cheveux et moi étions devenus les meilleurs amis du monde et je ne voulais plus les cacher à qui que ce soit. J’en étais bien trop fière !

Cette nouvelle assurance atteint l’apogée du ridicule quand, un jour, alors que je m’entrainais (je faisais de la course à pieds à l’époque.), une voiture rentra dans une autre car son conducteur s’était retourné sur moi. Je ris. Bien mal m’en a pris, je crois car à la fin de l’année, je fus punie.

A la fin de l’année, la Miss Cheveux Populaires que j’étais devenue fut invitée chez celle qu’on surnommait la “Baronne” de l’école, une fille ultra-féminine et hyper-sophistiqué. J’allais enfin entrer dans les hautes sphères des filles coiffées comme des déesses et j’hallucinais complètement de cet “honneur”.

Malheureusement, un évènement des plus inattendus vint contrecarrer toutes les chances que mes cheveux avaient de se faire accepter par les autres…

suite au prochain épisode !

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Mes cheveux sont plus beaux que moi, part 1

Posted in Les cheveux by Flannie on septembre 9th, 2008

Vous croyiez que vous alliez échapper à la fin de mes tribulations capillaires ? He, he ! C’est que mes cheveux n’ont pas encore dit leur dernier mot. Pour vous rafraichir un peu la mémoire, je vous propose de reprendre les aventures de ma tête de caniche depuis le début.

EPISODE 1:


J’ai de beaux cheveux, de très beaux cheveux. Je dirais même que j’ai des cheveux magnifques. Tellement magnifiques qu’on se demanderait presque pourquoi j’oserais m’en plaindre, hein ?

Et bien, je m’en plains car j’ai un mal fou à vivre avec eux. Ils me font de l’ombre… ou me mettent trop en lumière, c’est selon. Et je vais vous expliquer pourquoi si vous le voulez bien.

J’ai de longs cheveux très frisés et chatain, un peu roux par endroits. En été, ils virent au blond. En automne, ça ressemble plutôt à la noisette. Il parait que c’est joli.

Depuis ma plus tendre enfance, ils suscitent toutes sortes de commentaires admiratifs, de regards, de petits surnoms plus ou moins mignons (du style “Flannie, tête de fion”), de caresses de la part de personnes que je ne connais même pas. Mes cheveux attirent plus que je ne le voudrais. Aussi, la plupart du temps, je les attache pour avoir la paix.


En 6e, je me souviens m’être battue avec une fille dans la queue pour la cantine car elle n’arrêtait pas de dire que je mettais des bigoudis le matin. Je lui répondais que c’était mes vrais cheveux mais elle me traitait ensuite de menteuse. “Menteuse, menteuse, menteuse, ment… ” Paf ! Elle s’en est pris une et puis c’est tout.

Chaque fois que ma mère m’emmenait dans un salon de coiffure, les employés étaient gaga. A peine s’ils ne bavaient pas en tournant mes boucles entre leurs doigts ! Au début, je trouvais que c’était gentil puis, à force, je ne savais plus quoi faire. Je souriais alors bêtement dans le miroir en espérant qu’ils changent de sujet. C’est un peu comme si les coiffeurs s’étaient cru obligés de combler en mots ce qu’ils me coupaient en boucles. Ca devait coûter cher à ma maman et, quand j’y repense, je me dis que c’était bien inutile car jamais personne ne voulait faire quoi que ce soit avec mes cheveux. “Couper ! Mais pourquoi ?” hurlaient-ils d’une voix stridente. “Ils sont trop beaux on n’y touche pas !” qu’ils disaient ensuite. Heureusement, ma maman a fini par me couper les cheveux elle-même mais quand ses copines venaient à la maison, c’était le même refrain. Elles ne pouvaient s’empêcher de me tripoter la tête en gagatant gravement (Surtout, n’oubliez pas de prendre un ton bien niais et bien crispant en lisant ces phrases…) “Ah le joli bout de chou-chou avec ses belles frisettes ! Comme elles sont jolies tes frisettes ! Oh oui, goudi goudi goudi ! Tu veux bien me donner tes frisettes, ma petite chérie ? Oh oui, qu’elle est jolie !” Même chose avec les vieilles dames dans la rue. Elles me parlaient comme les mémères à leurs caniches “Oh qu’il est joli ce trésooooooor ! Et il est gentil avec sa mamaaaaaaan ? Comment ? C’est une fille ! Oh qu’elle est beeeeeeeeeelle ! Et elle me dooooonne ses jolis cheveux la petite puuuuuuuce ?”

Ben oui, va ! Prenez les ! Pensez bien qu’ à cet âge-là, ça m’aurait fait plaisir. Ma meilleure amie avait des cheveux raides et “brillants”. Les plus belles filles de l’école avaient des cheveux raides et longs et soyeux. Idem pour les filles de la danse. A chacun de leurs entrechats, je regardais leurs cheveux s’envoler avec aisance pour atterir ensuite sur leurs épaules avec une légèreté et une féminité que ma tignasse jamais n’aurait pu égaler. Toutes avaient l’air de faire “un” avec leurs cheveux. Toutes sauf moi. Mes cheveux ne s’envolaient pas gracieusement, ils se soulevaient péniblement en un bloc. Ils ne retombaient sur mes épaules avec légèreté, ils s’écrasaient comme une chape de plomb dans mon dos. Le pire, c’est quand une chipie avait la bonne idée de m’oter ma barrette ou ma pince. Mes cheveux ne retombaient pas. Ils gardaient la forme. Les garçons (sûrement de futurs ingénieurs) trouvaient la chose fascinante mais les filles, elles, en riaient beaucoup. Je peux les comprendre: quand je défaisais mes couettes, je ressemblais à un cocker aux abois. mes cheveux n’en faisaient qu’à leur tête, pas à la mienne.

Caniche, mouton, tête de fion, poil de c…, champignon atomique, Jackson Five, Grouchotte… j’en passe et des meilleurs ! Vos cheveux vous ont-ils déjà valu autant de jolis surnoms ?

Heureusement, peu de gens savaient pour le morpho-pouvoir de mes cheveux ! J’ai fni par me dire qu’ils possédaient une intelligence propre. une mémoire capillaire unique et j’ai commencé à me méfier. Je crois que c’est après avoir vu 2001 L’odyssée de l’espace en vidéo. Si mes cheveux étaient doués d’une intelligence propre, qu’étaient-ils réellement capables de faire ?

Tatatam…

( Suite au prochain épisode )