Le chocolat du marié
Depuis que Deedee nous a fait partager son texte si touchant sur le mariage, j’ai à nouveau en mémoire le regard de mon mari le jour où nous nous sommes mariés, ce regard éperdu d’amour et de fierté qu’il a eu pour moi en cette journée si particulière et je me demande « comment j’ai su que c’était lui ? », moi la tétanisée de service à l’idée de me retrouver emprisonnée à vie.
Pragmatique, je me réponds « Ben, il t’avait mise en cloque. Côté liens « indélébiles », tu n’étais plus à cela près ! »
Poétique, je rectifie « non, ce sont ses yeux… si grands, si beaux, si pétillants qu’on plongerait dedans en se retenant à peine aux ridules coquines qui les bordent. »
Gamine, je m’amuse « c’est parce qu’il venait chez toi tous les samedi soirs regarder Buffy au lieu d’aller faire la bringue avec ses potes ! »
Zen, je rajoute « c’est parce qu’il a cette façon unique de t’aimer sans rien vouloir changer en toi ».
Artiste, je m’extasie « … parce que son âme est plus belle que les nus d’Ingre ! »
Mystique, je me murmure « … parce que le destin l’a mis sur ton chemin ce fameux 21 juin… »
Midinette, je sens mon cœur s’emballer « J’ai tout de suite remarqué sa ressemblance avec George Clooney ! »
Mais ne serait-ce pas juste à cause du chocolat chaud ? Et du livre de Fantasy qu’il a posé juste à côté, sur la table du café dans lequel nous nous sommes retrouvés ensemble pour la première fois ?
Cette citation de Desproges, pompée chez mon ami le pull, me fait penser « Et si on pouvait aimer soudainement pour une raison aussi triviale que celle qui a poussé Desproges à ne plus aimer cette femme ? »
« J’étais littéralement fou de cette femme.(…) pour sa voix cassée lourde et basse et de luxure assouvie, pour son cul furibond, pour sa culture, pour sa tendresse et pour ses mains, je me sentais jouvenceau fulgurant, prêt à soulever d’impossibles rochers pour y tailler des cathédrales où j’entrerais botté sur un irrésistible alezan fou, lui aussi. »(…)« J’avais commandé un Figeac 71, mon saint-émilion préféré. Introuvable. Sublime. Rouge et doré comme peu de couchers de soleil. Profond comme un la mineur de contrebasse. Eclatant en orgasme au soleil. Plus long en bouche qu’un final de Verdi. Un vin si grand que Dieu existe à sa seule vue. Elle a mis de l’eau dedans. Je ne l’ai plus jamais aimée. »
Alors, je pourrais dire « Je commençais à peine à apprécier cet homme. (…) pour ses yeux grands et pétillants de jeunesse inassouvie, pour sa culture, pour sa tendresse et pour l’élégance de ses cheveux poivre et sel, je me sentais doucement attirée, prête à soulever des rochers de convenance pour chercher dessous des montagnes de douceur contre lesquelles me lover. »(…) « J’avais commandé un chocolat chaud par une tiède soirée d’été, ma boisson préférée. Introuvable dans les bars dès qu’il fait plus de 25°. Sublime. Onctueux et parfumé comme un péché d’enfant. Défiant de la subtilité de son arôme toutes les chopes de bière qui traînaient alentour. Il s’est assis devant, a posé un livre fantastique sur la table et m’a dit « c’est ce que je prends également. » Je l’ai tout de suite aimé. »
Peut-être qu’il ne faut parfois pas plus qu’un chocolat pour sauter le pas…
Petit-déjeuner à l’eau de rose
Certains vous diront que le luxe représente tout ce qui est difficile de s’acheter :des sacs à plus de 1000 euro pièce, des crèmes à 100 euro le pot, des chaussures à plus de 300 euro la paire. En ce qui me concerne, le luxe c’est surtout ce qui ne s’achète pas mais dont on ne profite pas assez: de vrais moments de bonheur.
Une salade d’anniversaire improvisée baignant dans un champagne retrouvé bien par hasard à la cave, un petit-déjeuner dans l’herbe, quelques gouttes de rosée… Le luxe peut avoir cette rare particularité d’être toujours à portée sans pour autant être facilement remarquable…
Chaque fois que je le peux, je prends mon petit-déjeuner dans un parc le matin. Pourtant, quand j’ai dit à ma fille la semaine dernière que nous allions déjeuner dans l’herbe, je n’ai pas cru qu’elle le prendrait au pied de la lettre. A peine descendue de sa poussette, elle s’est mise à rouler entre les gouttes de rosée pour aller arracher des brindilles d’herbe. Du moins, c’est ce que je croyais. Je n’avais pas encore ouvert la boîte de madeleines qu’elle avait déjà la bouche pleine. Pleine de couleurs tendres qui se mariaient délicieusement avec le rose de ses lèvres. Un peu inquiète, j’ai voulu ouvrir sa bouche mais elle s’est reculée et mise à chiquer à la façon d’un vieux cow-boy pas tibulaire mais presque. Ce n’est qu’au bout de quelques instants qu’elle s’est décidée à me faire partager son festin en m’offrant une petite boule blanche pleine de salive et fort odorante: un gloubi de Virgo.
Le gloubi de Virgo, pour ceux qui ne sont pas familiers avec le monde des fées, est un des petits-déjeuners les plus raffinnés des jardins enchantés. Il paraîtrait que les fées déposeraient ces petites boules entre les herbes pour nourrir les princesses égarées… et leurs mamans.
Pour réaliser cette recette, il suffit de cueillir quelques pétales de la magnifque rose Virgo (probablement appelée ainsi en raison de sa blancheur immaculée), de les broyer et les malaxer dans quelques gouttes de rosée et un centilitre de bave de fée jusqu’à en faire une petite boule que vous lierez avec un brin d’herbe. De la salive et du jus de rose, vous pouvez également faire un sirop. La bave de fée a des vertus que seuls les escargots en chocolat peuvent égaler.
Si malheureusement vous n’avez pas de fée sous la main, vous pouvez cueillir un sac entier de pétales de rose (de la capacité d’un sac de supermarché) après vous être assurés que les fleurs n’ont pas été traitées chimiquement (tous les jardins ne sont pas enchantés).
Une fois à la maison, accueillez comme il se doit les invités surprise et préparez en toute simplicité une salade de pétales pour le goûter. Simplement saupoudrés de sucre cristal, les pétales sont délicieux et feront la joie des enfants.
Pendant que les enfants jouent avec l’escargot, faîtes bouillir un litre d’eau dans lequel vous plongerez le reste des fleurs (et non pas la petite bête). Gardez en tout de même quelques beaux pétales pour aromatiser la boîte à sucre.
Mettez les pétales dans l’eau hors du feu et laissez infuser 30mn. Filtrez et répartissez comme suit:
1) pour faire de l’eau de rose:
Versez 50cl de la décoction dans une petite bouteille. Le lendemain matin, allez cueillir quelques pétales frais et jetez les dans la bouteille pour qu’ils macèrent au frigo pendant 24h. L’eau de rose sera ainsi beauoup plus goûtue et parfumée.
2) pour faire du sirop de rose:
Dans une petite casserole, mélangez 25cl de décoction et 200g de sucre. Laissez chauffer à feu doux jusqu’à dissolution du sucre puis versez le sirop dans une vieille bouteille de limonade, par exemple, que vous pourrez conserver au réfrigirateur pendant quelques mois.
3) pour préparer un soin démaquillant à l’eau de rose:
Rien de plus simple. Préparez un petit flacon de 25cl d’eau de rose comme indiqué en 1, ajoutez une 1/2 cuillière à café de miel et quelques gouttes d’huile d’amande douce. Remuez bien et conservez au réfrigérateur dans un flacon spray pendant 4 à 5 jours.
Voilà de quoi bien occuper un week-end de princesse
De l’élégance des petites choses et des grands êtres…
C’est en relisant les premiers chapitres de L’élégance du hérisson que j’ai réalisé ne pas avoir encore pris le temps d’aller déjeuner au parc de quelques pétales de roses et d’une tasse de shiso…
« Je sers le thé et nous le dégustons en silence. Nous ne l’avons jamais pris ensemble le matin et cette brisure dans le protocole de notre rituel a une étrange saveur.
- C’est agréable, murmure Manuela.
Oui, c’est agréable car nous jouissons d’une double offrande, celle de voir consacrée par cette rupture dans l’ordre des choses l’immuabilité d’un rituel que nous avons façonné ensemble pour que, d’après-midi en après-midi, il s’enkyste dans la réalité au point de lui donner sens et consistance et qui, d’être ce matin transgressé, prend soudain toute sa force - mais nous goûtons aussi comme nous l’eussions fait d’un nectar précieux le don merveilleux de cette matinée incongrue où les gestes machinaux prennent un nouvel essor, où humer, boire, reposer, servir encore, siroter revient à vivre une nouvelle naissance. (…)
Alors, buvons une tasse de thé.
Comme Kakuzo Okakura, l’auteur du Livre du Thé, qui se désolait de la révolte des tribus mongoles au XIIIe siècle non parce qu’elle avait entraîné mort et désolation mais parce qu’elle avait détruit, parmi les fruits de la culture Song, le plus précieux d’entre eux, l’art du thé, je sais qu’il n’est pas un breuvage mineur. Lorsqu’il devient rituel, il constitue le cœur de l’aptitude à voir de la grandeur dans les petites choses. Où se trouve la beauté ? Dans les grandes choses qui, comme les autres, sont condamnées à mourir, ou bien dans les petites qui, sans prétendre à rien, savent incruster dans l’instant une gemme d’infini ?
Le rituel du thé, cette reproduction précise des mêmes gestes et de la même dégustation, cette accession à des sensations simples, authentiques et raffinées, cette licence donnée à chacun, à peu de frais, de devenir un aristocrate du goût parce que le thé est la boisson des riches comme elle est celle des pauvres, le rituel du thé, donc, a cette vertu extraordinaire d’introduire dans l’absurdité de nos vies une brèche d’harmonie sereine. »
(extrait de L’élégance du hérisson, Muriel Barbery, Folio)
J‘aurais pu vous citer bien d’autres extraits mais c’est sur celui-ci que je me suis arrêtée aujourd’hui. Allez savoir pourquoi… Peut-être parce que je rédige actuellement cet article dans un parc, qu’il est à peine 8h et qu’un souffle de vent vient momentanément nous offrir quelques instants de répit entre deux vagues de chaleur. Allez savoir…
Je ne raconterai pas la fin par respect pour ceux et celles qui n’ont pas encore lu le livre mais je crois comme Sophie (si vous ne voulez rien savoir de l’histoire ne lisez surtout pas la note intitulée « ces petites choses ») qu’on a le droit, tout au moins en nos têtes, de réécrire la fin des histoires qu’on aime particulièrement.
J’ai découvert ce second livre de Muriel Barbery il y a environ deux ans. J’en étais à peine à la moitié qu’une amie me dit ne pas aimer lire car elle n’avait encore jamais rencontré de personnages qui lui parlaient. J’ai fait un bond, sorti le livre du sac et lui ai tendu illico. Bien sûr, vous vous doutez de la suite… je l’ai imaginée moi-même car je n’ai toujours pas revu la couleur de mon exemplaire. Heureusement, Folio a eu l’élégance L’élégance de sortir l’histoire en format poche la semaine dernière et j’ai depuis, avec un bonheur non dissimulé, renoué avec Renée, Manuela, Mr Ozu, Paloma…
Aurais-je réécrit la fin de la même manière si j’avais lu le livre d’une traite la première fois ? Allez savoir… Je me demande d’ailleurs si Mona Achache a elle aussi eu le désir de réécrire la fin du scénario à sa manière… réponse ce soir dans les salles obscures avec « Le hérisson », un film librement inspiré du livre de Muriel Barbery.
Interview de Mona Achache (mise à disposition par Pathé Distribution pour les gentils auteurs comme nous…) :
Comment résumeriez-vous l’histoire du film ?
C’est l’histoire d’une rencontre insolite dans un immeuble parisien bourgeois entre Renée, une concierge discrète, revêche et solitaire, Paloma, une petite fille très intelligente et suicidaire et Kakuro Ozu, un riche et énigmatique monsieur japonais.
Quand et comment avez-vous pris connaissance du livre de Muriel Barbery ?
J’ai découvert le livre dès sa sortie. Quelque temps auparavant, j’avais rencontré la productrice Anne-Dominique toussaint et je lui avais fait lire un scénario que j’avais écrit. elle l’avait trouvé intéressant mais un peu « tristounet » et m’avait dit que lorsque j’aurai une histoire plus rigolote à raconter, elle aimerait bien qu’on travaille ensemble. Comme j’aime beaucoup le principe d’adapter un livre, je suis allée à la FNAC pour regarder les quatrièmes de couvertures. J’ai voulu acheter « l’élégance du hérisson », mais j’y ai renoncé, trop d’attente devant les caisses. le soir même, une amie me parle d’un livre qu’elle vient de terminer : « l’elégance du hérisson » ! elle me le prête. Je le lis et j’appelle Anne-Dominique : « J’ai trouvé une histoire ! ». elle répond : « C’est incroyable, il est sur ma table de nuit ». elle le lit, elle est emballée à son tour, on appelle Gallimard et malgré la présence d’autres réalisateurs intéressés, on a obtenu un rendez-vous avec Muriel Barbery. C’est suite à cette rencontre qu’elle m’a choisie et qu’on a obtenu les droits.
Qu’est ce qui vous a touchée dans cette histoire ?
L’absurdité des préjugés, la magie des rencontres improbables… Cet immeuble m’a fait penser à celui dans lequel j’ai grandi, en plus bourgeois. Petite, j’étais fascinée par la superposition, due au hasard, de vies si différentes. Mais le point de départ a surtout été Paloma et renée. Cette femme bourrue qui se métamorphose en rencontrant l’autre… et cette petite fille renfermée, sombre et pleine de certitudes qui, en rencontrant renée et Kakuro, comprend que la vie est beaucoup plus complexe et surprenante que ce qu’elle croyait. Je me suis complètement identifiée à cette petite fille et à cette concierge.
La rencontre entre Renée et Monsieur Ozu ressemble presque à un conte de fées moderne.
L’histoire a tous les ingrédients d’un conte de fées et j’ai essayé de le tourner dans ce sens. Renée, c’est Cendrillon, Paloma, la petite fée, Kakuro, le prince charmant. l’histoire d’amour entre Kakuro et Renée a quelque chose de joliment désuet. Le cadeau, l’invitation, le baisemain, le restaurant, la promenade dans la rue… lorsque renée reçoit l’écharpe offerte par Kakuro, elle est aussi émue qu’une adolescente avant un premier rendez-vous. Ces trois personnages sont réalistes mais en même temps décalés, intemporels et hors norme. J’ai eu envie de créer autour d’eux un univers qui le soit un peu aussi.
Par exemple ?
J’ai, depuis le début, imaginé un immeuble Art Nouveau. Parce qu’il se dégage de cette architecture quelque chose de romanesque, hors du temps, poétique, mais profondément bourgeois et parisien. J’avais le souhait de faire de cet immeuble un personnage à part entière, cohérent avec la forme que je voulais donner au film. Je voulais éviter l’écueil de la représentation d’une bourgeoisie caricaturale à travers un immeuble haussmannien. Je ne voulais pas d’un luxe clinquant, aux dorures et aux marbres abondants. Je voulais une atmosphère plus énigmatique, plus sombre, plus écrasante et plus décalée. l’histoire devait se concentrer dans l’immeuble, comme dans un immense bocal. tout en situant le film dans un contexte réaliste, j’ai eu envie de glisser dans ce Hérisson un brin d’onirisme, de fantaisie et de poésie.
Quels sont les problèmes que vous avez rencontrés en écrivant le scénario ?
Certains livres sont plus littéraires que d’autres. « l’elégance du hérisson » l’est énormément. l’enjeu de l’adaptation était donc de rendre cinématographique ce qui était littéraire. Dans le livre, Paloma écrit un journal de bord. Dans le film… elle filme et dessine. Je ne voulais pas user d’une voix-off classique et trop abondante. La caméra de Paloma devait être le support de sa voix. Pour Renée, j’ai privilégié le mutisme du personnage. J’ai voulu sous-entendre sa finesse, plutôt que de la rendre audible. le film (comme le livre), est une alternance permanente entre le point de vue de Paloma et celui de renée. il fallait trouver un bon équilibre, ne pas privilégier un personnage plus que l’autre. Qu’elles existent indépendamment l’une de l’autre et que l’une ne devienne pas le faire valoir de l’autre…
Dans le livre, le journal de Paloma est, en plus, très écrit. Le style est même surprenant chez une petite fille.
C’est pour ça que je voulais qu’elle filme sérieusement. Aujourd’hui, tout le monde peut filmer avec des supports extrêmement divers et farfelus. Je voulais que Paloma ait une caméra ancienne, qu’elle ait l’œil dans la visée, qu’elle fasse le point et qu’elle ne cadre pas au hasard sur un écran de vidéo à distance. C’est une petite fille particulièrement douée. Je voulais qu’on le découvre aussi à travers sa manière de filmer et de dessiner. Que son imaginaire soit visuel.
Dans le livre, le calendrier qu’elle construit tout au long du film existe-t-il ?
Non. l’idée du calendrier, sorte de compte à rebours jusqu’à la date de son anniversaire et donc de son suicide, est venue assez tardivement. Chaque jour, Paloma dessine quelque chose dans une case et, à l’arrivée, cela forme une fresque travaillée où l’on retrouve un peu toutes ses pensées.
Quand vous écriviez le scénario, vous pensiez à Josiane Balasko pour le personnage de Renée ?
Oui, en essayant de me l’interdire par crainte qu’elle ne refuse. Mais j’ai pensé à elle à la première lecture du livre. Parce que j’aime cette comédienne, cette femme et ses engagements. l’idée de travailler sur la découverte d’une féminité perdue, avec une comédienne comme Josiane Balasko, était une perspective qui me plaisait beaucoup.
Comment définiriez-vous le personnage de Renée ?
C’est quelqu’un qui dissimule une sensibilité et une finesse particulières derrière les stéréotypes de sa fonction de concierge. elle se réfugie dans la solitude parce qu’elle a peur du regard et du jugement des autres. renée, c’est une femme qui est en dehors de tout effort d’apparence. A force de se dissimuler et de ne pas être regardée, elle a fini par s’oublier. elle a renoncé à sa féminité et étouffé son côté maternel. Au fur et à mesure du film, grâce aux regards de Paloma et de Kakuro, elle reprendra le goût des autres, et donc celui d’elle-même.
Comment Josiane Balasko a-t-elle réagi en lisant le scénario ?
elle n’avait pas lu le livre. Quand elle a lu le scénario, elle a été très directe et elle en a commenté beaucoup de facettes et pas uniquement autour du personnage de Renée. Je crois que c’est notre rencontre qui l’a déterminée. Pour un premier film d’une réalisatrice aussi jeune, il était normal qu’on fasse connaissance avant qu’elle se décide.
À par l’architecture Art-Nouveau pour l’immeuble, aviez-vous des idées très précises pour le décor ?
Le chef décorateur Yves Brover a compris mon envie de ne pas vraiment situer l’histoire dans le temps. on est en 2009 mais il n’y a pas de téléphone portable, pas d’ordinateur, pas de lien technologique vers l’extérieur de l’immeuble. C’est un huis clos intemporel. Dans la chambre de Paloma, il n’y a pas d’affiche, pas de marque, aucune référence à notre époque, mais seulement des dessins et des objets. Pour autant, je ne voulais pas d’artifices ou d’un univers trop esthétisant. Je souhaitais rester réaliste mais avec une pointe d’onirisme. J’avais une image du film Mary Poppins en tête. Celle des deux enfants qui, pénétrant dans l’immense banque de leur père, semblent écrasés par la lourdeur du conservatisme bourgeois. Aussi abstrait soit-il, le souvenir de cette banque a été un point de départ pour l’atmosphère que je voulais donner à cet immeuble : un réalisme un peu bancal, décalé.
C’est pour cela que vous avez voulu tourner en studio ?
L’immeuble dont je rêvais n’existe pas. et Anne-Dominique toussaint a compris que ce n’était pas un caprice mais que ça allait servir l’histoire. Ainsi, j’ai eu la chance de pouvoir écrire le scénario en imaginant une configuration d’appartement très particulière. C’était très important pour moi que l’appartement d’Ozu soit construit sur le même « moule » que celui de la famille de Paloma, et qu’ils se distinguent par leur ameublement. Pour la famille Josse, j’avais en tête l’appartement d’une famille de gauche accueillante, sympathique, et chaleureuse, avec des parents joyeusement névrosés mais pas immédiatement insupportables. Je voulais éviter de tomber dans le cliché des méchants bourgeois et je ne voulais pas d’un décor glacé.
Et pour la loge de Renée ?
Elle lui ressemble : la pièce principale et sa cuisine sont une sorte de « vitrine » parfaitement impersonnelle du stéréotype de la concierge parisienne. Ni trop, ni pas assez. et dissimulée au fond de sa loge, sa bibliothèque : une pièce chaleureuse, surchargée de livres et de petits objets qui lui sont plus précieux.
Quel est votre meilleur souvenir ?
Le jour où Anne-Dominique m’a appelée un soir de décembre pour me dire : « Joyeux Noël ! C’est nous qui avons les droits du Hérisson ! ». et un an plus tard, quand elle m’a appelée pour me dire : « Joyeux Noël ! Josiane Balasko a lu le scénario et veut te rencontrer ! ». Mais j’en ai beaucoup d’autres… le petit rituel du matin : emmener mes filles à l’école, prendre la voiture en direction d’Epinay avec Patrick et le stagiaire mise en scène en écoutant de la musique ringarde ! L’arrivée au studio, le café, le croissant, puis l’heure de travail que nous prenions quotidiennement avec Patrick, la scripte et l’assistant mise en scène pour préparer la journée de tournage avant l’arrivée des comédiens et du reste de l’équipe. J’ai vécu tous ces moments comme des instants privilégiés. Nous avons tous vécu en vase clos dans les studios d’epinay pendant de nombreux mois. Même la monteuse, Julia Grégory, s’était installée dans un bureau des studios pendant le tournage. Cela a créé une atmosphère très intime au sein de l’équipe qui, d’après-moi, a nourri le film.
Finalement, qui est le hérisson ?
Je crois que nous sommes tous un peu des hérissons dans la vie… avec plus ou moins d’élégance !
Si vous voulez lire les interviews de Josiane Balasko et Togo Igawa, je les mettrais en ligne demain. Ceux et celles qui seront déjà partis crapahuter loin des salles de ciné pourront toujours patienter jusqu’à la sortie du DVD grâce à Folio qui vient de sortir L’élégance du hérisson en format poche (Comment ça, je l’ai déjà dit ?), format fort appréciable pour les vacances et les transports (ainsi que les minuscules tables de chevet…), agrémenté en prime d’une magnifique photo de Stéphane Barbery dont voici l’originale (merci à lui de m’avoir autorisée à la découper pour faire une vignette…)

LE HERISSON
De Mona Achache
Sortie en salle le vendredi 3 juillet
Renée Michel Josiane Balasko
Paloma Josse Garance Le Guillermic
Kakuro ozu Togo Igawa
Solange Josse Anne Brochet
Manuela lopez Ariane Ascaride
Paul Josse Wladimir Yordanoff
Colombe Josse Sarah Le Picard
Jean-Pierre Jean-Luc Porraz
Madame de Broglie Gisèle Casadesus
Madame Meurisse Mona Heftre
tibère Samuel Achache
la Mère de tibère Valérie Karsenti
le Père de tibère Stéphan Wojtowicz
Directeur de production Pascal Ralite
Son Jean-Pierre Duret
Arnaud Rolland
Nicolas Naegelen
Chef monteuse Julia Grégory
Créatrice des costumes Catherine Bouchard
Chef maquilleur Didier Lavergne
Chef coiffeur Cédric Chami
réalisatrice des séquences animées Cécile Rousset
1er ass. mise en scène Fabrice Camoin
Casting Michael Laguens
Sophie Blanvillain
Les recettes de la babouche: gateaux au piment
Nous avons découvert l’île Maurice dans les années 70. L’été français correspond, dans l’hémisphère sud, à l’hiver austral : froid, pluie, ciel bas et gris, je ne vous fais pas un dessin, à vous les françaises qui vivez ça presque 8 mois de l’année… Donc, nous partions à l’Ile Maurice pour deux mois de grandes vacances. Nous descendions dans un « campement » -une maison de bord de mer- au Nord de l’île, un lieu dit « Trou aux Biches ». Murs de pierre volcanique, bougainvillées en cascade, la mer au pied de la maison, avec ses rochers noirs et sa plage blanche de sable corallien. Une mer alanguie, aux allures de lac, qui nous offrait en guise de tribut des monceaux de göémond aux acres relents de marée. Moi qui ne connaissais de la mer que cet océan déchaîné et sauvage de mon pays malgache, je trouvais celui là bien paresseux ! Des olothuries, ces concombres de mer dont sont si friands les chinois, tapissaient le sable de leurs corps mou et visqueux. Je n’aimais pas me baigner dans cette eau-là. Pourtant, quelle beauté, quels spectacles que ces couchers de soleil où nous guettions le rayon vert, quel calme ! Les moineaux seuls venaient troubler ce silence rythmé par les vagues qui venaient lentement mourir sur la berge. Les moineaux, effrontés, qui s’invitaient à notre table, nichaient dans les toits de chaume et commençaient leurs incessantes conversations au lever du jour. Une fois par semaine, une musique se faisait entendre de loin, annonçant la voiture du marchand de glaces. Quand on entendait la mélodie, on se précipitait sur la route pour faire signe au marchand. Il entrait dans le jardin et là commençait la fête. Des glaces de toutes les couleurs, à tous les parfums, sorbets, esquimaux, petits pots, on ne savait plus lesquelles choisir. Alors, ma grand-mère les prenait toutes… A la fin des vacances, plus besoin de courir sur la route faire signe au marchand, il s’arrêtait automatiquement chez nous !
En fin d’après-midi, nous allions à la grande ville voisine, Grand Bay, acheter du poisson à la criée et du ravitaillement à la « boutik chinoi ». Sur la véranda de la boutique, officiait une jeune femme tamoul : brasero ronflant devant elle, bassine d’huile bouillante, elle y jetait des petites boules de pâte qui doraient en quelques minutes : les gâteaux piment. La pâte est à base de pois chiches concassés fin et d’épices, dont du piment langue d’oiseau qu’on appelle à Madagasar « tsy mazaka dimy lahy » -cinq hommes ne le supportent pas- ce qui traduit bien la violence de la chose…C’était merveille de voir cette jeune femme si frêle, dans son sari aux couleurs vives, nous offrir ses gâteaux piment avec un sourire lumineux. Nous mordions dans cette pâte brûlante, nous ébouillantant lèvres et langue, trop gourmands pour attendre. Le parfum de la farine de pois chiches et d’épices nous envahissait le palais. Une fois rassasiés -mais se rassasie-t-on vraiment du goût du bonheur ?- nous éteignions le feu du piment avec une tranche d’ananas frais et juteux.
Grand Bay est devenue une grande ville moderne, de ces villes de bord de mer américain, terrasses en bord de plage, mall proposant aux touristes des milliers de vêtements made in Mauritius. La boutik chinoi n’est plus qu’un souvenir lointain. La marchande de gâteaux piment n’est plus sur la véranda. C’est son fils qui l’a remplacée, un peu plus loin sur la promenade. Le temps a passé, les choses ont changé, la vie a fait son œuvre, mais chaque fois que parvient à mes narines le parfum de ces gâteaux dans leur bain d’huile bouillante, j’ai dix ans et je suis heureuse…
Ingrédients (pour 6 personnes) :
- 500 g de pois chiches
- 1 cuillère à soupe de cumin
- 1 gros morceau de gingembre
- 1 bouquet de cotomili (coriandre)
- 1 botte de ciboulette
- 10 petits piments verts
- sel huilePréparation :
La veille : mettre les pois à tremper dans beaucoup d’eau.
Le lendemain : enlever les peaux (très facile).
Ecraser les pois au pilon ou à la moulinette (grille moyenne).
Mélanger cumin, gingembre râpé, piment coupés fin et sel. Hacher finement ciboulette et cotomili.
Mélanger soigneusement le tout. Il faut que la pâte soit un peu collante, sinon les gâteaux risquent de se désintégrer dans l’huile.
Faire de petites boulettes très compactes, les aplatir légèrement dans la paume de la main.
Faire chauffer beaucoup d’huile dans une poêle, y faire revenir les bonbons piment jusqu’à ce qu’ils soient bien dorés.NB : On peut très bien ne pas mettre de piment, ou en mettre 10 fois moins…ça n’enlève rien à la saveur des ces amuse gueule.
Humeurs et petites choses…
J’aime le mot “humeur”. J’aime parce que j’en change souvent mais aussi parce que j’aime humer, humer l’air, l’air du temps, tant de choses, choses en l’air, l’air du temps … et on recommence.
Bref, certains trouveront peut-être cette note un tantinet futile mais j’ai tellement de découvertes à vous faire partager que j’ai opté pour la version télégramme au lieu d’un exemplaire bloguesque de Guerre et Paix en attendant de futures notes plus élaborées sur chacun de ces sujets.
1) Humeur de la semaine:
2) Dans mes oreilles cette semaine:
La B.O de Good Morning England parce que je ne changerai pas
3) Mon coup de coeur design de la semaine:
La Cité internationale de la dentelle et de la mode de Calais
4): Dans mon lecteur DVD cette semaine:
Un des meilleurs Bond à mon avis !
5) A mes pieds cette semaine:
Les Fit Flop: des tongs absolument géniales qui permettent de se muscler tout en marchant… le pied, quoi !
6) Sur ma table de chevet cette semaine:
Avant de découvrir le film…
7) La sortie ciné de la semaine:
Une de mes actrices préférées dans l’adaptation d’un de mes livres préférés… J’ai hâte !
Dans la bibliothèque des enfants cette semaine:
Une merveille de petite histoire très drôlement illustrée par Sandrine Lhomme aux éditions Balivernes !
9) Sur ma peau cette semaine:
Un soin bio plutôt prometteur: Sève fraîche lumineuse de Vegeticals
10) Dans mon assiette cette semaine:
Des tartelettes aux abricots inspirées par notre ami Proust, à découvrir ainsi que d’autres recettes dans le somptueux livre “La cuisine selon Proust” aux éditions du Chêne (dans la même collection que “La cuisine des fées”)
Quand l’escarpin met son talon dans l’assiette: Touche pas à mon riz !
Une menace imminente pour la sécurité alimentaire
Le riz est l’aliment de base le plus important au monde - plus de la moitié de la population mondiale en consomme quotidiennement. Cultivé dans le monde entier depuis plus de 10 000 ans, le riz est aussi un ingrédient clé présent dans un grand nombre de nos produits alimentaires, de la nourriture pour bébés aux nouilles instantanées.
Mais le riz est aujourd’hui menacé par le génie génétique. Actuellement, le riz génétiquement modifié (GM) est seulement cultivé sur certaines parcelles expérimentales en plein champ, en Chine notamment. Mais tout pourrait changer dès demain car des multinationales agrochimiques et certains gouvernements tentent de le commercialiser à tout prix. On sait pourtant que ce sont les modes de production agricoles écologiques qui sont les plus sûrs pour faire face à la crise alimentaire et les catastrophes extrêmes liées au réchauffement climatique. Le rejet du riz OGM est un enjeu essentiel pour les consommateurs et l’environnement mais également pour la sécurité alimentaire mondiale.
Un marché risqué
Le géant agrochimique allemand Bayer essaie actuellement de vendre à différents pays une variété de riz GM résistante à un herbicide. Les cultures de riz conventionnelles et biologiques seraient alors exposées à un risque élevé de contamination par ce riz GM et risqueraient d’être contrôlées par les multinationales et les gouvernements.
Le riz crée par Bayer (appelé LL62) a été génétiquement modifié pour supporter de hautes doses de glufosinate, un herbicide épandu sur les rizières afin d’éliminer un grand nombre de mauvaises herbes. Toute utilisation du riz LL62 entraînera une utilisation plus élevée de glufosinate, également commercialisé par Bayer ! Si les actionnaires de cette multinationale ne pourront que s’en réjouir, ce sont les agriculteurs, les consommateurs et l’environnement qui en supporteront toutes les conséquences. En effet, le glufosinate présente de tels risques sanitaires et environnementaux qu’il sera bientôt interdit au sein de l’Union européenne, conformément à la législation récemment adoptée.
D’un point de vue nutritionnel, il a été démontré que la composition du riz GM de Bayer diffère du riz conventionnel.
D’un point de vue environnemental, le riz GM favorise aussi l’apparition de plantes super résistantes aux herbicides.
D’un point de vue économique, la commercialisation du riz GM est également préoccupante. A titre d’exemple, en 2006, l’industrie mondiale du riz avait perdu 1,2 milliard de dollars lorsqu’une autre variété de riz GM de Bayer avait contaminé des récoltes de riz non GM. C’est pourquoi, aujourd’hui, la plupart des producteurs et des distributeurs de riz du monde entier rejettent le riz GM.
Préservez notre riz !
Greenpeace agit pour que le riz conventionnel et biologique soit préservé de toute contamination génétique pour plusieurs raisons :
- Le génie génétique représente une véritable menace pour la sécurité alimentaire, menace d’autant plus alarmante avec le réchauffement climatique. A l’heure actuelle, aucune plante génétiquement modifiée poussant dans des conditions climatiques extrêmes n’existe tandis que d’autres déjà cultivées ont des rendements inférieurs à leurs équivalents conventionnels. Par exemple, il y a peu de temps, en Afrique du Sud, des fermiers ont planté plus de 80 000 hectares de maïs génétiquement modifié qui se sont avérés être stériles pour des raisons qui restent encore inconnues. La meilleure police d’assurance contre le changement et les aléas climatiques reste la biodiversité.
- L’introduction volontaire ou involontaire d’organismes génétiquement modifiés dans l’environnement met en danger l’agriculture durable et limite considérablement le choix d’aliments que nous pouvons consommer.
- Plus de 140 cas de contaminations génétique ont été recensés à travers le monde lors de la dernière décennie. Les transgènes qui s’échappent des plantes GM contaminent le patrimoine génétique d’autres plantes, sauvages ou cultivées. Une fois les OGM lâchés dans l’environnement, ils deviennent totalement hors de contrôle et il n’existe aucun moyen de les ramener en laboratoire s’ils s’avèrent toxiques ou nocifs pour l’environnement.
- La contamination génétique menace la biodiversité. Or, cet héritage de l’humanité est fondamental pour notre survie, il doit donc absolument être protégé en temps que tel.
C’est pourquoi, Greenpeace lance une cyberpétition pour refuser le riz LL62 de Bayer: http://www.greenpeace.fr/ogmjenveuxpas/riz.php
Invitation à un pique-nique littéraire
Proposition de Denis:
Chères blogueuses, chers blogueurs,
Comme le soleil n’est pas au rendez-vous, je (NDLR: Denis des Editions Buchet-Castel) souhaite vous proposer de rencontrer très prochainement une auteur lumineuse, délicieuse : Myriam Chirousse, jeune romancière de talent qui vient de signer aux Editions Buchet-Chastel un premier roman, doué déjà d’une plume, admirable : Miel et vin.
Miel et vin est une captivante saga qui vous emmène du Périgord noir à Paris, et où se tisse, dans le chaos de la Révolution française, une passion douce-amère entre deux personnages aux destins tragiques, Judith et Charles, qui ne cessent de s’attirer et de se repousser, dans une romance pleine d’ardeur et de feu (argumentaire en pièce jointe).
“Lecteurs, je vous envie, car vous allez découvrir ce livre” : tels sont les mots de Rosa Montero pour qualifier le roman de celle qui est aussi sa traductrice, et qui a pour autre talent de tenir un blog, joliment intitulé “Les chrysalides ne sont pas éternelles” :
http://myriamchirousse.over-blog.com/L’idée serait dès lors toute simple : se réunir avec elle, avec vous, autour d’un pique-nique assis sur l’herbe, pour s’enivrer de miel, de vin (avec modération!) et de littérature. Nous nous chargeons d’apporter la prose, et nous vous invitons à venir avec votre propre panier, dans un esprit d’échange et de convivialité, en toute simplicité.
Rendez-vous est fixé au dimanche 28 juin à 12h à la sortie du métro Porte Dorée (ligne 8), pour se rendre au Parc de Vincennes et retrouver l’ambiance champêtre de la couverture du livre!
Merci de me confirmer votre présence dès que possible… venez nombreux! N’hésitez pas à me contacter pour de plus amples informations, et retrouvez cet évènement sur Facebook :
http://www.facebook.com/event.php?eid=215694080577Bien à vous,
Denis
Perso, je ne pourrais m’y rendre dimanche mais je trouve que l’idée est délicieuse et rafraîchissante !!!! Merci Denis ! Si vous êtes intéressés, laissez nous un commentaire et nous lui transmettrons !
My Little Italy, par Léa
Mon meilleur souvenir olfactif, c’est à chaque retour chez moi, chez mes grands-parents italiens qui m’ont élevés.
Outre les chansons napolitaines et mes grands parents chantant, papi dans le jardin, mamie dans la cuisine, c’est cette odeur qui m’anime quand je passe la porte.
A chaque fois je recule ce plaisir, j’erre un instant sous le préau cherchant l’odeur du bout des narines, mais il faut impérativement que j’ouvre la porte pour en inhaler toutes les essences.
Et alors là, la main sur la poignée de porte, le coeur tout en palpitations, je m’apprête à découvrir la recette mise en oeuvre pour le jour.
Pâtes faites main, ma grand-mère de 80 ans, très ronde, pleine de rumatismes, ne se laisse pas aller la cuisine y’a qu’ça d’vrai !
Mozzarella di buffa, pizza napolitaine, base crème fraîche, lapin aux olives… tout est si frais, si parfumé, si enchanteur !
J’adooore rentrer dans la maison de mon enfance, parce que la cuisine est au centre, les autres pièces s’articulent autour de ce lieu de vie et de partage comme dans une suite sans fin.
Ou qu’on aille il faut passer par la cuisine !
Suite aux odeurs de mets que ma grand-mère prépare c’est mon grand-père qui rentre avec le reste des ingrédients, et parfume de plus belle cette pièce.
Il a toujours quelques branches de thym, menthe, jasmin, thé, ou n’importe à la bouche, en bon calabrais il ne dit rien me regarde et me charge les bras de patates, tomates, pastèques et melons.
J’adore lui faire des bisous parce que le brin de lavande porté au dent lui donne une odeur toute particulière.
J’adoore aider ma grand-mère à la cuisine parce que cette odeur c’est celle que je cherche quand je vais chez moi, chez eux.
Cette odeur de cuisine, c’est mon enfance, ma madeleine de Proust, c’est mon petit bonheur et quand par hasard je la retrouve, en Italie du sud, en Sicile ou en Sardaigne, je reste paralysée, juste pour le plaisir de renifler ces odeurs qui m’entourent, j’aime l’Italie, sa cuisine et l’odeur que mes grands-parents m’ont fait connaître et qui m’a marqué à tout jamais.
Voilà ma participation au concours, tout en Italie, l’odeur de ma vie !
LEA
Les copines de l’escarpin racontent: Self control… by Sophie
Aujourd’hui, c’est Sophie qui nous raconte un épisode de la vie de ses… nerfs:
J’étais encore à Madagascar quand cette histoire m’est arrivée.
Je revenais du marché, j’avais prévu pour midi des magrets au miel de letchi. C’est un miel assez rare et merveilleusement parfumé, très frais, comme si on y avait mis de la menthe. Je mets donc mes magrets à rôtir et ouvre la boîte de miel quand une abeille, passant par là, vient me rendre une petite visite inopinée et butiner en douce un peu de ce miel merveilleux. C’était compter sans le sens de la communication de ces bébêtes. Il ne s’est pas écoulé 5 minutes que la cuisine bruissait d’abeilles. Difficile de les chasser, on risquait de se faire piquer. Je réfléchissais à une solution pour les faire sortir lorsqu’une d’entre elles se posa sur ma main, où un peu de miel était resté. Puis deux, puis trois. Le premier réflexe dans ce cas là est en général de secouer la main pour les faire partir : on a tellement entendu de récits qui mettaient en scène, façon Hitchcock, des abeilles tueuses. Ce jour-là, impossible de dire ce qui m’a pris. J’ai laissé faire. Pire, j’ai enduit ma main de miel. Pour voir. Et des dizaines d’abeilles sont venues se poser sur ma main, jusqu’à la recouvrir entièrement. Fifille voulait en faire autant, je balisais un peu, j’avoue, car si je me savais capable de garder mon sang froid, je ne pouvais pas présager des réactions d’une ado de 13 ans. Je parlemente donc un moment, en disant que je ne préfèrerais pas mais elle insiste et promet qu’elle gardera son calme. Je cède, on verra bien. Et puis, quand elle était petite, elle n’arrivait pas à dire son prénom et au lieu de prononcer Gabrielle elle disait un truc qui ressemblait à Abeille. Elle s’est appelée ainsi au moins un an, c’est de bon augure ! Nous voici donc toutes les deux installées dans le jardin, les mains couvertes d’abeilles, leurs centaines de petites pattes nous chatouillant doucement. Nous sommes très concentrées, presque en communion avec elles. Ce n’est pas un moment drôle, c’est très intense, pas loin de l’expérience initiatique car nous savons l’une comme l’autre que si nous faisons un seul geste un peu brusque, nous risquons la piqûre et, vu le nombre d’abeilles, il vaut mieux éviter : cela virerait très vite au drame. Le nez à deux centimètres de nos mains, nous commentons calmement ce que nous ressentons, ce que nous voyons, les ailes si fines, les poils duveteux, la trompe microscopique et nous nous extasions sur la perfection de la nature. Ma fille m’épate, elle est incroyablement sereine. Quant à moi, je suis dans un état second, peut-être celui du dresseur quand il rentre dans la cage ? Je m’explique. Je n’ai jamais affronté de fauve, jamais été dans une situation où tu sais que l’issue dépend en grande partie de toi et de ton sang froid. Si tu restes zen, il n’y aura pas de problème, a priori, à moins que l’une d’elles ne devienne folle brusquement et pique sans explication, la situation est entre tes mains, à toi de la gérer au mieux. Respiration tranquille, presque de celle qu’on a quand on dort, tous les sens en éveil, et ce micro massage des pattes minuscules qui continuent leur ballet sur mes mains. Je suis hors du temps, déconnectée de toute autre réalité que celle-là. Dans une bulle.
Je ne sais pas combien de temps cela a duré : une demi-heure, une heure ? L’éternité peut-être. J’aurais bien aimé.
On a fini par ne plus avoir de miel sur les mains, elles se sont envolées l’une après l’autre en nous faisant une révérence. Les magrets étaient un peu cuits mais ils avaient un goût formidable, celui d’une victoire sur soi-même d’abord et aussi celui d’avoir réussi un truc un peu dingue mais tellement fort. Depuis, je ne chasse plus jamais une abeille. J’attends qu’elle vienne se poser sur moi. Elle ne me piquera pas. J’ai confiance.
Tu cuisines ou tu t’épiles ?
Extrait de conversation :
- Ah mais avec ton budget, tu ne peux pas faire des plats cuisinés, si ?
- Ben non, répond l’une, tu manges du basique, du pas bon et tu te fais chier à table.
- Mais non, répond celle à qui la question s’adressait en premier (donc moi, oui, d’accord). Je fais des plats. J’achète des légumes de saison pas chers comme des carottes, je fais mijoter avec des herbes et…
- Oui, on est bien d’accord. Tu cuisines du basique mais tu ne fais pas de plats cuisinés.
- Euh…
Waouh ! Une grosse ampoule (ampoule économique, je précise) s’est allumée dans mon petit cerveau embrumé lors de ma dernière sortie filles. J’ai enfin compris pourquoi certaines personnes avec un budget alimentaire plus important que le mien se disaient pauvres tout en ayant des jambes parfaitement épilées : elles achètent des plats cuisinés !
Vous allez rire mais, moi, dans ma bulle, je n’avais pas compris. Je me demandais déjà depuis quelques temps comment quelqu’un qui avait le même budget alimentaire (pour 2) que moi pour nous quatre pouvait avoir du mal à acheter à manger en fin de mois. Je n’avais encore jamais fait le rapport entre son pot de cire et son micro-ondes (hormis le fait qu’il sert à faire fondre sa cire, bien entendu…)
Du coup, en ce début de mois, j’ai fait une expérience : dans les divers supermarchés où j’ai fait mes courses, j’ai zieuté deux promos de plats surgelés (hachis parmentier et lasagnes) ainsi que des offres sur des soupes en briquettes. Quatre soirs dans la semaine, j’ai fait de la soupe toute prête au lieu de la préparer moi-même. Avec des tartines beurrées et un peu de fromage, c’était succulent. En plus, nous avons retrouvé le goût des tomates, de l’oseille, du cresson (que je ne risque pas de cuisiner en hiver puisque ce n’est pas de saison)… sans compter que j’ai remplacé deux déjeuners maison par des plats surgelés deux midi dans la semaine et…
… Vous voulez savoir ?
Le goût n’était pas mauvais du tout, je me sens moins stressée, l’appart est un peu plus propre, j’ai même eu le temps de me regarder et me maquiller tous les jours, de jouer avec les petits sans dire « attends, je vais préparer les légumes, attends, je dois éplucher les pommes de terre, attends, il faut que fasse un bouillon »… Du coup, je me sens nettement moins fatiguée (même si cet article sur les qualités nutritionnelles de la soupe en brique vient de me faire froid dans l’estomac…)
Maintenant, il va falloir que je récupère ça sur mon budget du mois mais je n’ai plus un poil sur les gambettes et - ô miracle - mes WCs sont récurés et j’ai vu deux autres copines dans la semaine.
Et vous, adeptes ou pas du tout-prêt quand vous vous sentez dépassé(e)s ?

