Cahiers de lecture et de savoir-vivre: de Proust au Mentalist en passant par les petits pois… Marcel, sors de mon corps (et de mon titre !)
Par Flannie • 6 nov, 2010 • Catégorie: Culture, Derniers coups de talons, Kafka aux fourneaux •Mes chères pointures, habitué(e)s ou anonymes, Isabelle, Poumok, Fanette, Catherine, Miss Brownie, le Petit Chaperon Rouge, Pierre-Jean et sa cravate noire, la Mère joie , Fleur2palmier, Bulles d’infos , Pinassotte, Bérengère, Mrs B et Lionel,
Je ne suis pas une inconditionnelle de Proust. Je n’ai jamais terminé « A la recherche du temps perdu » ni « Du côté de chez Swann ». Quitte à choisir entre les jeunes rugbymen du club du coin et un gars qui passait des heures à se retourner dans son lit, à l’adolescence, j’ai plutôt choisi de me faire retourner par les premiers, tout en sachant que je n’aurais peu ou plus l’occasion par la suite de me replonger dans les écrits proustiens.
Et, en effet, je n’ai toujours pas terminé d’étudier Proust et ne m’en sens pas plus ennuyée que le jour où je suis passée du ballon ovale au ballon rond. Un type qui avait toujours froid, ça ne me branchait pas beaucoup (C’était, bien sûr, avant de rencontrer un certain Jondalar qui ne dormait qu’avec son pilou en hiver…).
Pourtant, Fanette m’en a parlé avec tant de ferveur l’année dernière, arguant que les écrits de Proust s’adaptaient avec beaucoup de lucidité à notre vie actuelle, que je m’en suis souvenue en apprenant la sortie en poche (chez J’ai Lu) de « Comment Proust peut changer votre vie » d’Alain de Botton.
Vite, j’ai fondu dessus comme ma grand-mère sur une madeleine et l’ai dévoré en quelques soirs à tel point que l’homme, voyant que je ne regardais le Mentalist que d’un oeil très distrait me demanda ce que je faisais.
- Je cherche à comprendre comment Proust pourrait réellement changer notre vie ?
- Et ?
- Et Alain de Botton me semble bien moins convaincant que Fanette mais je vais quand même finir ce livre car on apprend mille et une anecdotes sur la vie de Proust. Ca ne te dérange pas ?
- Nooooon. Si ça tombe, Proust et le Mentalist ont bien plus en commun qu’on ne le croît.
(C’est pour ce genre de réponses que j’adore mon homme
)

A zapper du regard entre Simon baker et les pages de mon livre, je n’en étais pas persuadée jusqu’à atteindre la page 131:
Lucien Daudet était d’avis que Proust était doué d’« une divination peu enviable, il découvrait toutes les petitesses, souvent bien cachées d’un coeur humain, et il en avait horreur, les mensonges même insignifiants, les restrictions mentales, les cachotteries, le faux désintéressement, la parole aimable qui a un but utile, la vérité un peu déformée par commodité, enfin tout ce qui inquiète l’amour, attriste l’amitié et rend banales les relations était pour Proust un sujet constant d’étonnement, de tristesse et d’ironie. »
Jondalar n’avait pas tort: Proust et Jane ont à priori bien plus en commun que je ne le croyais au départ !
Parmi les symptômes décelés chez les lecteurs trop respectueux de Proust, il y a celui d’investir dans un exemplaire de La cuisine retrouvée, un livre de cuisine dans lequel le chef Alain Senderens recrée les principales recettes de plats présents dans l’oeuvre de Proust. Alain de Botton juge les illustrations du livre très tape-à-l’oeil et met en garde contre l’idolâtrie excessive, comme Proust l’envisageait.
Il se trouve que j’ai ce livre (La cuisine selon Proust) sans pour autant idolâtrer Proust. Amatrice de bonne bouffe avec une prédilection certaine pour le mariage de la littérature avec la mode comme la gastronomie, j’ai ce livre bien en évidence dans ma bibliothèque, près de La cuisine des fées, somptueux livre du même éditeur (Editions du Chêne), recréant à merveille les recettes des contes de notre enfance.
Je l’ai ressorti il y a peu pour y chercher une recette composée de petits pois car les petits pois, quelque peu présents dans l’oeuvre de Proust, sont à mes souvenirs ce que la madeleine est à Marcel. Je n’y ai pas trouvé de recette de petits pois (« Je m’arrêtais à voir sur la table, où la fille de cuisine venait de les écosser, les petits pois alignés et nombrés comme des billes vertes dans son jeu. ») mais il était tout aussi délectable de relire les 130 premières pages du livre de cuisine, rédigées par Anne Borel, ancienne secrétaire générale des amis de Marcel Proust comme mise en bouche.
Proust est-il pour autant mon ami ? Je ne crois pas, ne serait-ce que parce qu’il avait une conception de l’amitié pas toujours à mon goût.
Cela étant, un homme qui accorde une importance aussi spirituelle à la nourriture dans sa vie ne peut être foncièrement mauvais. Vous dîtes ? Non, bien sûr, c’était un génie !
Flannie :
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Comment ça, comment ça, tu n’es pas fan de Proust ? Non mais ? Il y a le moment où je ne sais plus qui, le baron de Norpois, peut-être, félicite Françoise pour sa cuisine, et elle lui donne la recette du boeuf en gelée…Voilà comment Proust peut changer ta vie : non seulement le boeuf en gelée, mais l’approche du boeuf en gelée par Françoise.
Et là, ignoble que tu es, même si je n’aime pas le boeuf en gelée, tu me laisses sur ma faim !
Raconte moi comment l’approche du boeuf en gelée par Françoise peut changer ma vie !
[...] par Françoise peut changer notre vie, je vous propose simplement en ce dimanche quelques photos du livre du cuisine dont je vous parlais hier, La cuisine selon [...]