Mes chères pointures, habitué(e)s ou anonymes, Isabelle, Poumok, Fanette, Catherine, Miss Brownie, le Petit Chaperon Rouge et Bulles d’infos,

Tout comme Proust pensait qu’une publicité pour du savon pouvait entraîner des pensées étonnamment profondes et complexes, il y a dans la mode et les vêtements bien souvent des raisons de questionner l’âme humaine et la société.

Si, si, je vous jure.

Bien sûr, je ne suis pas Proust mais il s’est passé un truc en moi quand j’ai découvert les collections automne-hiver de chez Chloé et Vivienne Westwood. J’ai fini par me poser mille et une questions sur la femme et la mère que j’étais devenue ces derniers temps.

Après 7 jolies années passées dans l’enseignement catholique, je me suis mise à aimer frénétiquement la mode colorée, envolée…trouée, décousue, un tantinet rebelle – moulante aussi, sans oublier « sexy ». Je l’ai aimée d’autant plus que j’ai traversé toute la France pour atterrir dans une zep les années suivantes et le « streestyle » ou zonestyle » a pris tout son sens. Toutefois, le style n’était pas très rebelle. Il répondait plus à certains codes de la cité qu’à une vraie démarche « anti-mode consensuelle ». C’est au lycée, au lycée international, que les styles se sont mis à pleuvoir et se mélanger selon les caractères, les classes sociales, les nationalités. Là, il y avait enfin le potentiel pour une petite catho de se rebeller sur le plan vestimentaire mais je n’en ai pas assez profité, je crois. Il me suffit de regarder un défilé de Vivienne Westwood pour me dire que j’ai loupé un truc ou deux… Face, à la collection d’Hanna McGibbon pour Chloé, j’ai comme un vague malaise de retour en enfance, le bleu marine de la tenue obligatoire en moins. Trop de rigueur. De classicisme. De « ternitude ». Je verrais bien mademoiselle Rougemont vêtue ainsi.

J’ai trop besoin de me sentir rebelle du textile pour m’habiller de la sorte. Je suis jeune, cool… Bon, j’ai un peu l’impression de faire perpétuellement la police à la maison ces temps-ci mais ça va. Je suis très cool. Personne ne m’écoute, je suis encore enceinte mais tout va bien. Je gère tout avec brio et originalité. Je suis si rebelle que je dors avec un vieux marcel décoré d’une tête de mort. Ouais… mais bon, fleurie la tête de mort. Faudrait pas non plus pousser mémé dans les orties de la couture parce que finalement j’ai vieilli. Je veux bien me rêver rebelle, vivre très bien le fait que je suis encore une ado attardée devant Flashdance, je passe quand même de plus en plus de temps dans mes journées à jongler avec les responsabilités, les ennuis de toutes sortes mais aussi les exemples à donner aux enfants, les punitions parce que je suis fatiguée, les pesées hebdomadaires parce que le bébé pousse un peu trop à mon goût.

J’en suis où finalement en dehors de mon simple style vestimentaire et de mon adoration pour Vivienne Westwood ? Est-ce que la femme et mère de 35 ans, à l’enfance très catho, ne serait pas cet automne un mix de Chloé et de Vivienne finalement ? Une espèce de sainte qui y touche sans toutefois trop se leurrer sur ce qu’il lui reste de rebellitude ?

D’ailleurs, plus j’essaie de mixer mentalement les collections des deux créatrices, plus je me dis que Vivienne, avec l’âge, devient plus sage.

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EDIT de 11h37: Je viens de lire que Lily Allen venait de faire une fausse couche à 6 mois de grossesse. Dur, dur. Parmi les questions mode que m’avait posé une certaine journaliste il y a 2 ou 3 mois, il y avait « quelle est la célébrité que vous trouvez la plus tendance ? » (ou quelque chose dans le genre) et j’avais répondu… « Lily Allen qui, enceinte, assumait pleinement ses rondeurs en lançant une ligne de vêtements originaux et décomplexés. »Une petite pensée pour Lily ces jours-ci ne serait pas superflue. Perdre son bébé à 6 mois de grossesse, ce doit être très, très dur…