DE L’AUDACE JOURNALISTIQUE

By Flannie ~ juin 9th, 2010 @ 13:09

J’ai appris il y a peu de temps que le prix de l’audace journalistique 2010 avait été décerné à Marie-Claire et Pélerin pour 2 de leurs numéros de l’année: l’un pour son engagement contre le cancer du sein (Toutes unies pour le dépistage gratuit à partir de 40 ans), l’autre pour son reportage sur Samuel, enfant soldat en Ouganda.

Pour une fois, je ne critiquerai pas les professionnels qui ont voté pour ces deux magazines car le cancer du sein comme les manquements au respect de la Convention des droits de l’enfant sont des sujets qui méritent régulièrement de faire la une, quitte à avoir des couvertures moins « vendeuses » que si on y affichait en gros, en gras et en glacé, les derniers progrès contre la cellulite ou les infidélités de Brad envers Angelina.

La raison de cette note, c’est que je m’interroge sur ce qu’est réellement l’audace journalistique.

Est-ce que audacieux veut dire:

- traiter de sujets brûlants en se mettant parfois en péril comme Laurence Ferrari interviewant, voilée, Mahmoud Ahmadinejad ? (à prendre au degré que vous voulez…)

- servir du politiquement incorrect à toutes les sauces comme Eric Zemmour et cie ?

- nager à contre-courant en affichant des filles ultra-rondes en couverture des magazines de mode ?

L’audace journalistique en 2010 ne récompenserait-elle pas tout simplement ce qu’on attend d’un journaliste ou d’un magazine classique ? Pourquoi dans ce cas conférer un caractère exceptionnel à ce qui devrait être l’essence même de ce métier ?

J’allais boucler ma note sur cette simple question quand j’ai découvert les billets de Deedee, Anne-so et Violette concernant l’enquête du dernier Glamour sur les blogueuses de mode.

Dans son édito (pas franchement glamoureusement rédigé…), Marie Lannelongue, la rédac’ chef de Glamour, regrette que les blogs de mode soient devenus hyper-marketés. « Allez, les filles, recommencez à nous inspirer, à nos faire rire, à nous surprendre », dit-elle avant d’ajouter « Et gardez toujours en tête qu’on ne devient pas quelqu’un juste parce qu’on porte une cape de Batman et un collant rayé. »

Je rêve ou elle ne lit pas Glamour, la Marie ? Critiquer le côté hyper-marketé des blogs quand il y a plus de pubs que d’articles dans un magazine où les mêmes sujets reviennent inlassablement et sans profondeur depuis des décennies, c’est d’un absurde presque aussi hilarant que les pitreries de Groucho Marx.

Il n’y a pas qu’en s’attaquant aux grandes causes qu’on peut faire preuve d’audace journalistique. Si certains journalistes essayaient un tant soit peu d’innover sans attendre que les blogs féminins les inspirent, il y aurait là beaucoup plus d’audace dans les pages glacées de nos magazines de l’été.

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4 Responses to DE L’AUDACE JOURNALISTIQUE

  1. Kahlan

    Ça ne doit plus être si évident que ça d’être audacieux, lorsqu’autant de marques entrent en jeu et te composent ton magasine, j’imagine…

  2. Flannie

    Gagnerait-il en lecteurs ce qu’il perdrait en pub ?

  3. babouchka

    Ouais enfin moi je dis que devoir payer pour avoir des pages et des pages de pub, c’est pas normal. Le mag qui refusera de coller des pubs à chaque page, je jure que je m’y abonne et que j’abonne toutes les nanas de ma connaissance. Il sera peut être moins glamour mais il gagnera peut être en authenticité et en simplicité.
    Dis donc, soit dit en passant, la Lefébure, elle est pas dans les normes actuelles : elle a des seins et des presque bourrelets. Zont pas honte de nous montrer des femmes normales??????????????

  4. Flannie

    Si je pouvais être aussi normale qu’elle, ce serait le pied…..

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