Coup de foudre en combinaison
Bon alors, ce catalogue de La Redoute… Vous l’avez décortiqué, vous aussi ?
Moi, je ne l’ai toujours pas refermé. Comme à la belle époque, je vais et viens d’une page à l’autre pour mieux revenir en arrière quelques minutes plus tard, comparant le combi-pantalon beige de la page 288 au combi-pantalon chocolat de la page 129.
Pourquoi est-ce que je mets mes neurones en ébullition pour quelque chose d’aussi simple ? Une combi, c’est une combi, après tout…
En fait, non
Une combi, pour moi, c’est un relan hyper positif de mes années 80 quand maman portait des combi à épaulettes, qu’elle avait l’air tout droit sorti d’une série de science-fiction - sauf pour les cheveux car elle se les permanentait souvent à l’époque et la coupe caniche avec frange dans l’oeil faisait fureur…
Elle avait plusieurs combi, une bleue pâle serrée aux chevilles que je n’aimais pas trop, une rouge qui pétait le feu et une blanche imprimée de grandes fleurs noires que je lorgnais très souvent dans l’espoir de la porter un jour.
Et le jour est venu - enfin ! J’avais 12 ans. Maman bouclait les valises. Le lendemain, nous partions pour un mois de vacances en Normandie plutôt que la Côte d’Azur. Je n’arrivais pas à me décider entre mes différents sweats. Lesquels allais-je emporter ? Quel short choisir ? Mon père a appelé. Ma mère a crié. Nous partions plus pour la Normandie. Nous partions pour…
la Yougoslavie ! Autant dire que maman était furax de ce changement de plan de dernière minute !
Moi, j’étais sur-excitée à l’idée de découvrir un autre pays. Je crois même que ces vacances ont été jusqu’à aujourd’hui les plus belles de ma petite vie. Au bout de deux jours de route, nous avons loué un emplacement dans un grand camping aux abords d’un tout petit village non loin de Zadar qui est aujourd’hui en Croatie.
A l’époque, je ne pouvais imaginer qu’une guerre allait avoir lieu dans ce si pittoresque décor. Tout ce à quoi je pensais était: la liste des mots à retenir avant d’aller faire le marché, la mer, la mer et encore la mer, La Juganda de Jules Verne que je lisais assidûment à cet âge, la vaisselle et les devoirs de vacances que je détestais faire et… la combi.
Un soir, maman me l’a prêtée pour sortir diner à Zadar. J’étais surexcitée !!! Je crois que j’ai passé plus de temps ce soir-là à me regarder dans les miroirs et vitrines sur ma route qu’à contempler la mer. Moi, porter cette combi dans laquelle maman était si jolie !!!!! C’était un honneur !!! Elle me la prêta encore quelques fois durant ce mois de vacances. Chaque fois, des gens se retournaient sur moi. j’étais persuadée qu’elle avait un pouvoir ensorcelant.
D’ailleurs, un matin, tandis que mes parents buvaient un café sur la place du village, je fus chargée d’aller acheter le pain. Je connaissais mes chiffres et les mots de base comme pain, oeufs, eau, lait… J’y suis donc allée en toute confiance dans la petite combi de maman. J’ai poussé la porte et là, sur le seuil, du haut de mes 12 ans, j’ai eu un coup de foudre détonnant pour le jeune homme qui se tenait de l’autre côté du comptoir.
Il avait des cheveux d’ange frisés et blonds, une peau d’ange aussi d’un blanc laiteux - oserais-je dire farineux ?
- et des yeux… des yeux sombres, un brin moqueurs, qui me transperçaient et je me tenais là, du haut de mes 12 ans, dans la combi de maman, a essayé de trouver la contenance adéquate. J’ai demandé un pain en rougissant. il m’a demandé d’où je venais et nous avons échangé quelques phrases en anglais. Puis, fièrement, il m’a montré un certain nombre de choses dans la boulangerie en les énumérant en français. Son accent était adorable. Quand il se trompait, je le reprenais et c’est ainsi que presque chaque matin pendant un mois j’ai conversé avec ce bel ange rieur qui me flattait tandis que je lui apprenais le français.
De retour à la maison, j’ai fait mienne la combinaison de maman. Dans mon placard, je l’ai pendue, sans la remettre souvent. C’était un peu comme si elle appartenait à la Yougoslavie et à celui que mes parents appelaient « le mirliton » quand je leur parlais de ce garçon qui vendait son pain.
Hier, alors que Sophie se remémorait Jean Ferrat, j’ai erré de la page 129 à la page 288 de mon catalogue de la Redoute en me demandant pourquoi il était si dur de choisir entre deux combinaisons. Puis, j’ai lu vos commentaires racontant vos premiers coups de foudre et je me suis prise à repenser à mon mirliton dans l’espoir qu’il ait survécu à la guerre…
Vous voyez, une combinaison, ce n’est pas qu’une combinaison
Qui sait quels souvenirs on va revêtir grâce à elle ?
Bon lundi à tous, mes petits talons !
Très jolie histoire ! Elle pourrait être issue d’un roman tellement elle fait rêver !
Des moments de bonheur du passé comme ceux-là arrivent à me rendre nostalgique, bien qu’ils ne soient pas les miens ! ^^
Je te comprends rien que pour être restée des heures suspendue aux lèvres de ma grand-mère à écouter ses histoires de coeur et d’amitiés pendant la seconde guerre mondiale !
Et toi, as-tu une histoire particulière rattachée à un vêtement ?
Je ne crois pas, pas encore…
J’aime me souvenir de vêtements portés gamine lorsque je regarde des photos (« oh oui, j’me souviens de ce pull, je l’adorais ! » ^^), et j’ai gardé un pyjama de mes 10 ans à mes 20 ans (mais ai fini par le balancer, il avait grandi avec moi mais j’ai pu m’en séparer psychologiquement !).
Je n’ai jamais fantasmé sur les vêtements de ma mère (les années 80, j’adhère pas trop)
J’aime imaginer ma grand-mère sur le paquebot France, avec de belles robes (portées par moi depuis pour une pièce de théâtre), et j’aime ce lien passé à travers des vêtements.
Mais une histoire en particulier liée à un vêtement, je ne vois pas… ou en tout cas ça ne me vient pas spontanément !
Mais peut-être avec les années, quand la mode changera, que je vieillirai, et que je deviendrai nostalgique de ma jeunesse !
c’est une bien belle histoire que tu nous a raconté …
mon histoire à moi elle est moins « romantique » que la tienne !
à l’époque, je rentrais en 6 ème, et mon papa m’avait acheté une jolie paire de bottes (genre santiags !) l’été juste avant la rentrée ! et évidemment je trépignais d’impatience de pouvoir les porter!
et tous les jours maman me disait que personne ne portait de bottes en été, et que j’aurais l’air de débarquer de nulle part si je sortais chaussée de ces bottes!
donc tout l’été je montais disrétement dans ma chambre et une fois par jour je portais mes bottes histoire de calmer mes ardeurs !
sauf que dans la nuit avant la rentrée, ma soeur m’a raconté que je me suis levée en pleine nuit (somnambule!)et que je lui ai demandé ou se trouvait mes fameuses bottes ,je suis allé les chercher ,les ai mises alors elle m’a demandé où je comptais allé, je lui ai répondu à l’école, elle m’a dit que ce n’était pas encore l’heure et sur ce je me suis recouchée avec … mes chaussures aux pieds!
@ POUMOK: Tu n’as pas gardé ton pyjama fétiche ????????? j’aurais été folle de pouvoir enfiler les robes que ma grand-mère portait dans sa jeunesse (mais elle toute mini, ma grand-mère
) ! A quoi ressemblent celles de ta grand-mère ?
@ FABOU: Tu sais que c’était drôlement malin de prendre le temps en été d’apprivoiser tes bottes avant la rentrée. Tu as évité tous les vilains bobos du 1er jour passé dans une nouvelle paire
J’imagine que ta soeur a bien rigolé !
Après 10 ans de « portage », il était tout râpé… Et puis à la fin, je ne le mettais plus vraiment, mais je le gardais juste parce qu’il était là depuis si longtemps qu’il avait comme sa place attitrée dans mon tiroir… de nouveaux pyjamas étant arrivés, je ne pouvais plus le garder… mais il a toujours sa place dans mon coeur mouahaha !
J’ai porté notamment une robe d’été blanc crème (je ne sais pas en quel tissu elle est) et bordée d’une sorte de « coton-dentelle », elle monte jusqu’au cou et descend jusqu’aux pieds en s’élargissant. L’autre, c’est en fait une longue jupe de velours noir avec une boucle de ceinture et un chemisier blanc froufrouté dont les pans laissent voir la boucle de ceinture…
elle a bien rigolé et aujourd’hui encore elle se moque de moi quand j’arrive avec une nouvelle paire de chaussures!(gernre tu dors avec celles là aussi …)