Les rencontres de l’escarpin

Par Flannie • 10 août, 2009 • Catégorie: Dernières notes, Les parfums de la dame en noir

C’est au cœur de la Venise des Alpes, loin de la frénésie parisienne, que j’ai rencontré BLV II, la nouvelle fragrance Bulgari.

Si Laeticia Casta, dont la beauté du regard azuré fait concurrence à celle de ce jus bleu, est aujourd’hui l’égérie de BLV II, force est d’admettre, du haut de ma petite chaussure, que peu de femmes sur cette terre peuvent se targuer d’avoir un tel regard et un tel physique. Surtout pas celle qui me chausse pour les grandes occasions.

Tandis que je battais le pavé longeant le canal du Vassé pour aller à la rencontre du flacon, je me demandais à quelles autres femmes BLV II était destiné. Celles qui aiment le bleu, tout simplement ? Oui, mais quel bleu ?

« Le bleu d’un ciel d’été à midi, le bleu sourd de ce même ciel quelques heures plus tard, le bleu sombre de la nuit avant qu’elle ne soit noire, le bleu passé, si doux, de la robe de la Madone, et tous ces bleus inconnus, étrangers au monde, métissés, plus ou moins mêlés de vert ou de rouge[1]. »

Etait-ce un parfum pour les femmes qui aimaient tous ces bleus ?

Trop facile, me répondit mon talon.

Une dizaine de minutes plus tard, à la vue du flacon épuré m’attendant au bord de l’eau, j’eus un premier indice. Alternant formes carrées et courbes douces, le flacon transparent laissait deviner un jus d’un doux bleu, dégageant un sentiment de pureté et de sérénité sous la chaleur écrasante de cette fin d’après-midi.

Après avoir ôté son chapeau rond, il s’est incliné devant moi avec une simplicité d’une grande élégance. Quelques gouttes de son jus bleuté se déversèrent alors par mégarde en ma chaussure. Un bouquet d’étincelles en jaillit, s’estompant rapidement pour laisser place à des notes fleuries et anisées sur un fond ambré. Loin de m’en offusquer, je me sentis en fait ragaillardi, animé soudain d’une féminité à la fois tendre et vive qui me donna envie de plonger dans les eaux scintillantes du lac. Une sirène dans un bouquet de fleurs et d’anis étoilé, voici ce qu’était la femme BLV II. En traversant plus tard les jardins de l’Europe trempé jusqu’à la semelle, j’accueillis en mon sillage quelques corbeaux qui me suivirent jusqu’à mon hôtel. Le parfum était toujours présent, jouant avec l’eau, à la fois naturel et sophistiqué. Dans le hall de l’hôtel, un homme s’est retourné. Moi, bravant, la clim, je suis allé me coucher avec un sentiment de légèreté rarement égalé. Le lendemain, mon talon s’était enrhumé.

L’escarpin


[1] Le cœur cousu - Carole Martinez

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